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Des soins de qualité, mais hors de prix

Les Suisses veulent pouvoir continuer à choisir librement leur médecin. Keystone Archive

Les Suisses tiennent à conserver des soins de qualité, même si la moitié d’entre eux ont de la peine à les payer.

Par ailleurs, selon un sondage de l’Institut gfs, la plupart souhaiteraient l’introduction d’un système de bonus, pourtant improbable, dans l’assurance maladie.

73% des Suisses jugent primordial le maintien de la qualité de leur système de santé. De plus, 78% d’entre eux désirent conserver la possibilité de choisir librement leur médecin.

Dévoilés jeudi à Zurich, ces deux chiffres ressortent du «Moniteur de la santé 2004», septième édition de l’enquête commandée chaque année depuis 1997 par Interpharma, l’Association des entreprises pharmaceutiques suisses.

Confiée à l’Institut gfs.bern, cette version 2004 a été réalisée entre les mois de juin et de juillet, sur un échantillon représentatif de 1213 personnes.

Médicaments trop chers

Côté médicaments, bien qu’ils soient jugés trop chers, 53% des Suisses estiment que le médecin doit dans tous les cas prescrire le meilleur traitement, quel que soit son prix. Cette proportion est même en nette augmentation puisque les sondés n’étaient que 44% à émettre cet avis l’an dernier.

En augmentation également, l’acceptation des médicaments génériques. 62% des gens (contre 55% en 2003) les choisiraient au lieu du produit de marque, s’ils sont disponibles.

Les mauvais payeurs

Mais paradoxalement, plus d’un Suisse sur deux n’a plus les moyens de s’offrir cette qualité qu’il réclame.

En effet, 52% des sondés disent avoir de la peine à s’acquitter de leurs primes d’assurance maladie. Cette proportion, qui était de 49% en 2003, n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années.

Le problème est qualifié de «récurrent» par 24% des sondés et d’«épisodique» par les 28% restants. Les factures de dentiste et de pharmacie sont également sources de difficultés.

Au siège de Santésuisse, l’association faîtière des caisses maladie, Nicole Bulliard n’est pas en mesure de confirmer cette proportion de «mauvais payeurs». Mais la porte-parole rappelle que globalement, 30 à 40% des assurés ont recours à l’aide des pouvoirs publics pour payer leurs primes.

L’Etat devra faire plus

Et tout le monde est conscient que ce système d’allègement des primes, financé à parité par la Confédération et par les cantons, n’est pas suffisant.

«Dans le cadre de la révision de la Loi sur l’assurance maladie (LAMal), une proposition vise à étendre cette aide à toute personne ou ménage dont la prime de maladie absorbe plus de 12% du revenu. Et nous soutenons cette idée», explique la porte-parole de Santésuisse.

Restent néanmoins ceux qui, malgré les aides, ne parviennent pas à payer du tout. «Dans ce cas, nous envoyons un premier, puis un deuxième rappel, avant de mettre la personne aux poursuites», explique Nicole Bulliard.

Généralement, la procédure se termine par un acte de défaut de biens et ce sont alors les services sociaux qui prennent les primes en charge. Mais en attendant, les caisses doivent maintenir la couverture de ces assurés en difficulté.

«Ce manque à gagner représente environ 2% des recettes encaissées par les caisses», estime la porte-parole de Santésuisse.

L’impossible bonus

Pour alléger le poids des primes de l’assurance maladie, trois-quarts des sondés (74%) seraient favorable à ce que celle-ci adopte un système de bonus, sur le modèle de ce qui se fait déjà pour les assurances auto.

En clair: celui qui ne consomme pas de soins de santé verrait petit à petit sa prime diminuer. Toutefois, cette idée, qui va à l’encontre du principe de solidarité, fondateur de l’assurance maladie, serait pratiquement impossible à «vendre» politiquement.

Comme mesure d’économie plus réaliste, 63% des sondés proposent que les médicaments pour soigner des «bagatelles» ne soient plus pris en charge par les caisses.

Par contre, la réduction du catalogue des prestations de l’assurance de base ne recueille que 12% d’avis favorables, alors que 62% des sondés considèrent ce catalogue comme approprié et que 18% désirent qu’il soit élargi.

La LAMal a la cote

Enfin, bien qu’elle soit souvent critiquée dans les milieux politiques, la LAMal reçoit une bonne note d’une part croissante des sondés (56% contre 46% en 2003).

Conscient de ses faiblesses, le peuple suisse la considère néanmoins comme un bon compromis. Quant à la qualité du système de santé suisse, elle est jugée comme «plutôt bonne» à «très bonne» par 94% des sondés.

swissinfo et les agences

– En 2004, 52% des Suisses déclarent avoir de la peine à payer leurs primes d’assurance maladie, leurs factures de dentiste et de pharmacie.

– Globalement, 30 à 40% des assurés doivent recourir à l’aide de l’Etat pour payer leurs primes.

– Ceux qui n’y parviennent pas malgré tout se voient mettre aux poursuits après les rappels d’usage.

– Si la procédure s’achève par un acte de défauts de biens, les primes sont ensuite prises en charge par les services sociaux.

– Les caisses maladie estiment que ces mauvais payeurs leur coûtent chaque année environ 2% de leurs revenus globaux.

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