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Des Suisses au coeur de la lutte anti-dopage

C'est le Laboratoire suisse d'analyse du dopage qui effectue les contrôles sanguins des JO 2006. Keystone

L'agence mondiale antidopage (AMA) a demandé au Laboratoire suisse d'analyse du dopage de Lausanne d'effectuer les tests sanguins durant les JO de Turin.

Le biologiste Martial Saugy et son équipe sont basés dans un Centre hospitalier de la banlieue de Turin et travaillent de concert avec le Laboratoire italien d’analyse du dopage.

A l’aube des Jeux, lors de la cérémonie d’ouverture, le président du Comité internationale olympique (CIO) Jacques Rogge avait demandé aux athlètes de «concourir dans un esprit de fair-play, de compréhension mutuelle et de respect, et surtout, participez loyalement en refusant le dopage».

Mais six jours seulement après la première compétition olympique, le premier contrôle positif était déjà annoncé par le CIO. Il concernait la Russe Olga Pyleva, vice-championne olympique du 15 km en biathlon. Cette dernière a été déchue de sa médaille et exclue des JO.

Puis, dans la nuit de 18 au 19 février, les équipes d’Autriche de biathlon et de ski de fond ont reçu la visite de la police italienne. C’est la présence de Walter Meyer à Turin qui a mis le feu aux poudres.

La chasse aux tricheurs

L’entraîneur autrichien est en effet interdit de toute participation à des Jeux olympiques jusqu’en 2010 en raison de la découverte de matériel de transfusion sanguin à Salt Lake City, il y a quatre ans.

Des perquisitions et des contrôles antidopage inopinés sur dix sportifs, diligentés eux par le CIO, ont été effectués. Du matériel médical utilisé et non utilisé, dont des seringues ont été trouvés. Une enquête a également été ouverte par la justice italienne.

C’est dire que, malgré les différends et les compromis précaires entre les diverses parties appelées à gérer l’épineuse question du dopage aux JO (CIO, AMA et autorités italiennes), la chasse aux tricheurs bat son plein dans le Piémont.

Un labo suisse et un labo italien

En effet, installé dans un bâtiment flambant neuf d’un centre hospitalier de la banlieue turinoise, plus de cinquante analystes travaillent jour et nuit (en équipe) sur les échantillons des athlètes contrôlés. Au total, plus de 1000 contrôles devraient être pratiqués durant le temps des compétitions.

Les analyses urinaires sont du ressort des experts italiens du laboratoire accrédité de Rome, alors que les analyses sanguines sont pratiquées par les membres du Laboratoire suisse d’analyse du dopage de Lausanne

«C’est une reconnaissance du travail effectué depuis de nombreuses années par notre laboratoire. Depuis maintenant près de dix ans, nous nous spécialisons sur les analyses sanguines», se réjouit Martial Saugy.

Une position de leadership

Biologiste de formation, ce dernier est également le directeur du Laboratoire suisse d’analyse du dopage de Lausanne.

Selon lui, c’est la position de leadership en matière d’analyses sanguines du labo lausannois qui a poussé l’Agence mondiale antidopage à lui confier cette tâche durant les JO.

Mais tout n’a pas été facile. Car l’AMA prend des décisions de principe qu’elle veut faire appliquer ensuite par les organisateurs. En l’occurrence pour Turin, le CIO et le comité d’organisation des Jeux, le TOROC.

«La décision d’envoyer une équipe étrangère sur le site des Jeux n’a pas été acceptée très facilement par le gouvernement italien et le TOROC», poursuit Martial Saugy.

«Pour le CIO, la donne changeait également, car il a en principe l’habitude de ne traiter qu’avec l’unique organe choisi par les organisateurs. Mais mon collègue du Laboratoire italien, Francesco Botré, a été très coopératif et il a fait le nécessaire pour que nous soyons acceptés ici, sur place.»

Faire vite

Impossible en effet de faire transiter les échantillons par la Suisse en fonction des problèmes de «territorialité des échantillons» dans le cadre de la législation italienne en vue de l’application des sanctions.

Autre grande difficulté, la nécessité qu’il y a eu de faire preuve de rapidité dès le moment où la décision a été prise, au début de mois de novembre.

Le laboratoire suisse a notamment dû passer un audit prouvant qu’il était à même d’obtenir des résultats identiques à Lausanne et dans les nouveaux locaux italiens.

Une publicité incroyable

De plus, une grande partie du matériel d’analyse a dû être acheminé dans le Piémont. Les appareils de technologie fine ont dû, quant à eux, être loués sur place aux frais du laboratoire lausannois.

Au total, huit personnes du Laboratoire de Lausanne seront engagées sur la totalité des Jeux pour un contrat portant sur près de 100’000 euros.

«Nous ne sommes pas venus ici pour l’argent, conclut Martial Saugy. Mais pour l’intérêt du défi et les rencontres importantes qui y sont possibles. De plus, cette accréditation aux Jeux nous fait une publicité incroyable,»

swissinfo, Mathias Froidevaux de retour de Turin

– Le Comité International Olympique et les autorités italiennes se sont longtemps opposés sur la question du dopage. Le CIO souhaite en effet uniquement des sanctions sportives en cas d’infraction constatée tandis que l’Italie considère que le dopage est un délit et est soumis à la loi pénale.

– Pour ces Jeux olympiques, un compromis a été trouvé: le CIO prend en charge l’organisation des contrôles mais les contrevenants restent soumis à la législation italienne.

– C’est l’agence mondiale antidopage (AMA) qui a désigné le Laboratoire suisse d’analyse du dopage (LAD) pour effectuer les contrôles sanguins lors des JO 2006. Le Laboratoire d’analyse du dopage italien de Rome pratique quant à lui les analyses urinaires.

Huit personnes du Laboratoire suisse d’analyse du dopage sont impliquées dans les tests sanguins pratiqués aux Jeux olympiques.
Plus de 1000 tests (sanguins et urinaires) vont être pratiqués jusqu’à la fin des JO.
Il y a quatre ans à Salt Lake City, sept cas positifs avaient été officiellement enregistrés par le CIO.

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