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Des voies nouvelles pour la formation professionnelle dans le Sud

Pour beaucoup d'enfants, l'école traditionnelle reste encore un rêve inaccessible. Keystone Archive

La lutte contre la pauvreté passe par un plus grand savoir-faire professionnel. Mais dans les pays en développement, l'école traditionnelle ne répond pas à ce besoin. A Interlaken, une conférence internationale organisée par la Suisse proposait cette semaine un partage d'expériences.

Dans les pays en développement comme dans bon nombre de pays en transition, la formation professionnelle se révèle de plus en plus problématique. Parce que le secteur de l’économie dit informelle a été négligé et parce qu’il subit les contrecoups de la mondialisation du commerce.

Le secteur informel, c’est l’ensemble de toutes ces activités souvent très modestes qui forment le tissu économique populaire des pays en développement: petites entreprises, familiales ou non, ni reconnues, ni réglementées, qui de par le monde font vivre au jour le jour des millions de gens.

Les petits métiers de la survie

Dans ces innombrables petits métiers de la rue, il existe certes un savoir-faire et ceux qui le pratiquent se le transmettent, admet volontiers Jean-Christophe Favre, de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC), spécialiste dans le domaine de l’emploi et des revenus.

«Mais ce savoir-faire reste au niveau des stratégies de survie. Cela ne permet pas à ces personnes de développer toutes leurs compétences pour essayer de sortir de ce milieu et d’accéder à un niveau de revenu supérieur.»

La globalisation de l’économie a également ses effets pervers, explique Jean-Christophe Favre: «ceux qui sont privés d’emploi n’ont souvent pas d’autre ressource que de se rabattre vers le secteur informel, beaucoup plus précaire, où les garanties de revenu à long terme sont inexistantes».

Pour la majorité des jeunes qui vivent dans ces milieux-là, l’école traditionnelle reste un rêve inaccessible. Il faut donc trouver un autre moyen de transmettre les connaissances dont ils ont besoin pour sortir du cycle de la pauvreté. Dans un tel environnement, il n’y a guère de place pour des centres traditionnels de formation professionnelle.

C’est l’école qui doit aller vers les jeunes

Les systèmes éducatifs doivent s’adapter à la réalité quotidienne. Il faut trouver des formules – des modules, disent les experts – qui peuvent s’insérer dans le cadre des activités des gens, y compris des plus jeunes, occupés des heures et des heures à assurer le minimum vital de leurs familles.

On connaît le système suisse, basé sur le couple école-apprentissage. C’est une formule généralement considérée comme un modèle. Mais on a pu dire à Interlaken qu’il devrait se faire plus flexible et s’adapter aux conditions changeantes du marché du travail.

Au Bangla Desh, une ONG a développé un projet d’éducation primaire pour les enfants de la rue des quartiers les plus démunis des grandes villes. Son principe d’action est on ne peut plus clair: si les enfants ne peuvent pas venir à l’école, c’est l’école qui doit aller aux enfants.

C’est à l’échange d’informations sur ce genre d’idées et d’expériences que se consacre la Conférence internationale convoquée pour trois jours à Interlaken par la DDC: 180 participants venus d’une bonne cinquantaine de pays tentent d’y élaborer de nouvelles stratégies de formation professionnelle.

Imaginer aussi d’autres financements

Ces stratégies doivent également s’appuyer sur des considérations d’ordre financier. Or, comme les États concernés n’ont guère les moyens de subventionner une école informelle vu qu’ils ont déjà bien du mal d’entretenir les réseaux scolaires traditionnels, il faut également imaginer des mécanismes de répartition des coûts.

Les réponses apportées par les pays en développement peuvent même profiter aux pays industrialisés, dit-on à la DDC. Où l’on cite l’exemple d’une grande banque suisse favorable à un mode de financement de la formation professionnelle au travers du système désormais rôdé des ‘chèques-formation’ individuels.

Les quelque 200 experts venus d’une cinquantaine de pays de tous les continents ont quitté Interlaken mercredi soir convaincus que le fait de lier travail, aptitudes pratiques et savoir est «une clef en vue de la réduction de la pauvreté et du désespoir».

Bernard Weissbrodt

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