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Diplomates suisses «Justes parmi les nations»: l’hommage de l’ONU

Lundi, au siège des Nations Unies à New York, une cérémonie officielle sera célébrée en hommage aux diplomates de 22 pays qui ont porté secours à des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, trois Suisses qui avaient été en poste à Budapest.

Lundi, au siège des Nations Unies à New York, une cérémonie officielle sera célébrée en hommage aux diplomates de 22 pays qui ont porté secours à des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, trois Suisses qui avaient été en poste à Budapest.

«Visas pour la vie: les diplomates justes», c’est une exposition itinérante qui fait connaître à travers le monde l’action, courageuse mais souvent ignorée du grand public, menée par un certain nombre de diplomates pendant la guerre en faveur des Juifs persécutés. Dès ce lundi, elle fait pour ainsi dire escale à New York, au siège des Nations Unies, et lors de son inauguration, hommage sera rendu par le corps diplomatique de l’ONU à de courageuses personnalités originaires de 22 pays. Deux d’entre elles, sur les quatre qui vivent encore, participeront à la cérémonie.

Harald Feller, le seul survivant des trois diplomates suisses à l’honneur, ne sera pas présent. Né en 1913, il vit aujourd’hui dans sa ville natale de Berne. Dans les années 1944 et 1945, il avait dirigé la Légation suisse à Budapest, avec le titre de chargé d’affaires ad intérim. La situation y était plutôt chaotique, et les Juifs hongrois étaient sans cesse victimes d’attaques de militants pro-nazis. Harald Feller est intervenu plusieurs fois en leur faveur, non sans prendre de grands risques personnels vu que l’armée soviétique occupait progressivement le pays. Il a sauvé la vie à une trentaine de personnes dont il a favorisé la fuite.

Un autre Bernois, Friedrich Born, décédé en 1963, avait été délégué du Comité international de la Croix-Rouge en Hongrie, un pays qu’il connaissait bien, car auparavant et pendant plusieurs années, il y avait représenté l’Office suisse d’expansion commerciale. Avec une équipe locale qui a compté jusqu’à 250 personnes, il a porté secours aux Juifs des ghettos et aux déportés des camps de concentration. Il s’est aussi dévoué corps et âme au sauvetage des enfants dont les parents avaient disparu. Friedrich Born en a fait sortir plusieurs centaines du grand ghetto de Budapest et a délivré des lettres de protection du CICR en faveur de quelque 15 000 personnes qui ont ainsi pu échapper à la persécution.

Carl Lutz, mort en 1975, est le premier Suisse, avec son épouse Gertrud, à avoir été élevé au rang de «Juste parmi les nations». Il était arrivé à Budapest au début de 1942 comme vice-consul à la Légation de Suisse. A ce titre, il faisait aussi office, à ce moment-là, de représentant du Royaume-Uni et des États-Unis. Il a ainsi pu aider une dizaine de milliers de Juifs hongrois à émigrer vers la Palestine. Plus tard, au moment de l’invasion allemande de 1944, Carl Lutz a placé sous protection diplomatique suisse le bureau hongrois du Conseil juif pour la Palestine. Sous sa responsabilité, des lettres de protection supplémentaires ont été rédigées au bénéfice de quelque 60 000 Juifs de Hongrie, qui ont été placés dans 76 maisons, la plupart du temps des anciennes missions diplomatiques des États dont la Suisse défendait alors les intérêts.

Bernard Weissbrodt

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