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Droits de l’homme: Israéliens et Palestiniens s’affrontent à Genève

Graphique droits de l'homme, PO. swissinfo.ch

Alors qu´à Charm el-Cheikh, Israéliens et Palestiniens se sont engagés à mettre un terme aux violences, la Commission des droits de l´homme de l´ONU a ouvert mardi à Genève une session spéciale sur le Proche-Orient. La Suisse prendra aussi la parole.

Pour la cinquième fois de son histoire, au risque d’être occultée ou au contraire stimulée par les résultats du sommet de Charm el Cheikh, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies tient session extraordinaire.

Après l’ex-Yougoslavie, le Rwanda et le Timor-Oriental aux moments les plus chauds de ces conflits, c’est le nouvel embrasement de la violence au Proche-Orient qui justifie cette fois-ci la convocation de ses 53 États membres.

Il fallait pour cela que la majorité de ces pays la réclame. Ils ont été 47 à répondre affirmativement à la proposition des pays de la Ligue arabe et de l’Organisation de la conférence islamique. Seuls les États-Unis l’ont formellement refusée, les autres se sont abstenus ou n’ont pas participé à la consultation pour diverses raisons.

En fait, c’est la première leçon à tirer de ce rendez-vous. Jusqu’à présent, les sessions extraordinaires de la Commission s’étaient toutes réunies à la demande des pays occidentaux. Aujourd’hui, ce sont des gouvernements d’une autre partie du monde qui en ont pris l’initiative, non sans succès.

Les pays arabes n’y viennent pas les mains vides. Ils mettent sur la table un projet de résolution qui réclame l’établissement de toute urgence d’une Commission internationale d’enquête sur les récents événements survenus en Israël et dans les territoires palestiniens. Non seulement pour en établir les causes et les responsabilités, mais aussi pour proposer les moyens d’en prévenir la répétition.

Reste à savoir comment elle s’articulerait sur celle dont le sommet de Charm el Cheikh vient de reconnaître le principe. Mais on ne voit guère avec quels arguments, sinon procéduriers, une majorité de la Commission pourrait désormais se constituer contre cette idée.

Le projet de résolution demande également à Mme Mary Robinson, Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, de se rendre rapidement sur place. Celle-ci, à l’ouverture de la session, ne s’est pas prononcée sur une telle éventualité l’impliquant personnellement, mais elle s’est dit prête à appuyer concrètement tout travail d’enquête pourvu qu’il soit mené de manière indépendante et objective.

L’Italien Giorgio Giacomelli, rapporteur spécial de la Commission sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, a également fait rapport du voyage qu’il a fait la semaine dernière à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Mais – sans surprise – il n’a pu rencontrer aucun représentant officiel israélien, vu que l’État d’Israël continue de rejeter chez lui ce genre de mandat onusien, au grand dépit également de Mme Robinson.

Dans ses recommandations et en vue d’assurer un minimum de crédibilité au processus de paix, Giorgio Giacomelli insiste sur la nécessité de mettre en place un mécanisme de confiance du type «ombudsman», capable par sa présence et sa neutralité de gérer les plaintes et doléances émises de part et d’autre.

On s’attend généralement à ce que cette session, prise dans l’étau de deux événements – la rencontre de Charm el Cheikh et le sommet arabe prévu pour la fin de la semaine -, suscite beaucoup d’animosités, quand bien même son objet n’est pas de nature directement politique.

Mais le fait que le projet de résolution des pays arabes qualifie certains actes de violence commis par les forces israéliennes comme des crimes contre l’humanité ne va pas rendre le consensus très facile.

La délégation suisse n’est pas membre de la Commission. Elle y participe au titre de pays observateur, juste à côté d’ailleurs de la délégation palestinienne. En tant qu’État dépositaire des Conventions de Genève, elle se doit en quelque sorte de rappeler le droit international humanitaire, ce qu’elle fera dès que son tour sera venu de prendre la parole, c’est-à-dire après les membres de la Commission.

L’essentiel de son message va porter vraisemblablement sur le respect de la Convention de 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, y compris dans des territoires occupés. La Suisse insiste, on le voit, sur l’urgence de faire cesser non seulement les violences, mais aussi toutes violations et toutes provocations d’où qu’elles viennent.

Bernard Weissbrodt

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