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Il faut «plus de travailleurs étrangers»

De nombreux médecins, infirmiers et infirmières travaillant dans les hôpitaux suisses sont d'origine étrangère. (Keystone). Keystone

L'organisation internationale des migrations (OIM) appelle les pays riches à garder leurs portes ouvertes à la main d'œuvre provenant de l'immigration, malgré la crise économique globale.

Dans son «Rapport 2008 sur la migration dans le monde», l’OIM estime que, malgré le fort ralentissement économique, des pays comme la Suisse continueront à avoir besoin de main d’œuvre étrangère pour les emplois que les travailleurs autochtones, dont le nombre diminue, ne peuvent ou ne veulent pas faire.

Avec 22,9%, la Suisse abrite la troisième population étrangère d’Europe, proportionnellement à sa population, rappelle l’organisation basée à Genève. Selon le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, seuls le Luxembourg (37,3%) et le Liechtenstein (33,5%) comptaient davantage d’étrangers en 2005.

La Suisse a choisi, «par le biais des accords bilatéraux avec l’UE, une voie spécifique pour déterminer de quelle immigration elle a besoin pour continuer à prospérer», a précisé Erika Laubacher, de l’OIM, interrogée par swissinfo.

«On ne peut pas juste dire que la Suisse ferme ses portes, car ce n’est pas juste», explique-t-elle. La spécialiste renvoie aux accords bilatéraux, aux partenariats dans le domaine de la migration et aux possibilités de travail offertes par la Suisse.

«Mais il serait tout aussi erroné de prétendre que la Suisse ouvre ses portes, ajoute Erika Laubacher. Le pays a un mécanisme bien pensé qui régule fortement le type d’immigration souhaité ces prochaines années.»

Crise financière

Dans son rapport sur la migration, le 4e du nom, l’OIM souligne qu’il y a actuellement plus de 200 millions de migrants internationaux de par le monde. C’est deux fois et demie plus qu’en 1965.

Les pays riches se battent pour embaucher la main d’œuvre la plus qualifiée. Mais le besoin en travailleurs moins qualifiés dans les pays riches se fait de plus en plus sentir, selon le rapport.

«Planifier les mouvements migratoires est encore plus important durant les phases de ralentissement économique global tel que celui auquel nous assistons actuellement», estime Gervais Appave, l’un des auteurs du rapport.

Lors de la crise financière asiatique des années 90, le besoin de main d’œuvre étrangère n’avait pas fléchi, malgré la détresse économique, ajoute l’auteur.

Trop tôt pour des pronostics

Selon Erika Laubacher, il est cependant trop tôt pour pouvoir prévoir comment la crise financière actuelle affectera l’immigration en Suisse. «Pour l’heure, nous ne pouvons qu’observer l’évolution de la situation. Nous suivons les choses dans différentes régions du monde, analysons par exemple ce qui pourrait influencer des mouvements illégaux de migration en Asie du sud-est – un contexte très différent de celui de la Suisse.»

A Berne, l’Office fédéral des migrations estime lui aussi qu’il est trop tôt pour évoquer un impact de la crise économique sur l’immigration illégale.

Europe en tête

Le rapport de l’OIM montre aussi que c’est l’Europe qui accueille le plus grand nombre d’immigrants. Ils étaient 70,6 millions en 2005, dernière année de référence dans ce domaine.

L’Amérique du nord comptait en 2005 45,1 millions d’immigrants. Elle était suivie par l’Asie, avec près de 25,3 millions de personnes.

La plupart des travailleurs étrangers viennent d’Asie. Les prévisions démographiques laissent penser que, d’ici 2030, la Chine et l’Inde seront les pays d’origine de 40% des travailleurs dans le monde.

«Il y a aura toujours des emplois que les travailleurs locaux ne voudront pas effectuer, estime la porte-parole de l’OIM Jemini Pandya. Dans de nombreux pays, la demande de forces de travail va continuer à croître dans les domaines de la santé, des soins à domicile et les industries du service.»

«Mais il est très difficile d’analyser exactement les processus, ajoute la porte-parole. L’immigration illégale se compose aussi de personnes qui restent une fois leur visa échu ou qui se rendent en France pour déposer une demande d’asile.» Avant de conclure: «C’est un phénomène très complexe.»

swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction: Ariane Gigon)

La Suisse propose huit titres de séjour aux personnes non originaires d’un pays de l’Union européenne. Les plus courants sont les suivants:

Livret B: autorisation de séjour. Les étrangers titulaires de ce titre sont entrés en Suisse pour y résider durablement, en vue de l’exercice ou non d’une activité lucrative. L’autorisation doit être renouvelée chaque année par le canton de domicile.

Livret C: autorisation d’établissement. Les étrangers l’obtiennent après un séjour de cinq ou dix ans en Suisse – selon la nationalité. Le droit au séjour est de durée indéterminée; il n’est assorti d’aucune condition.

Livret G: autorisation frontalière. Les frontaliers sont des étrangers qui sont domiciliés dans la zone frontalière étrangère et qui travaillent dans la zone frontalière suisse. Les frontaliers doivent retourner au moins une fois par semaine à leur domicile principal.

Livret N: requérants d’asile. Durant la procédure d’asile, les requérants disposent en principe d’un droit de résidence en Suisse. Dans certaines circonstances, ils peuvent exercer une activité lucrative.

Quelque 144’000 étrangers se sont installés en Suisse en 2007, une augmentation de 45% par rapport à 2005.

Les trois cantons comptant le plus grand nombre d’étrangers ayant un titre de séjour permanent sont Zurich (299’842 personnes), Vaud (195’071) et Genève (163’951).

Les trois cantons comptant la plus grande proportion d’étrangers ayant un titre de séjour permanent sont Bâle-Ville (33,3%, 56’106 personnes), Schaffhouse (31,6%, 16’323 personnes) et Bâle-Campagne (29,9%, 48’719 personnes).

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