L’Américain Amgen laisse tomber la Suisse
Le géant de la biotechnologie a écarté la Suisse et ses sites de Galmiz et Yverdon-les-Bains. Il a choisi l'Irlande pour implanter sa fabrique de médicaments.
Amgen investira plus de 1 milliard de dollars et créera quelque 1.100 emplois à Cork, dans le sud de l’île, où se trouvent déjà plusieurs autres multinationales américaines.
Quelque 1100 emplois y seront également créés d’ici à 2010, a indiqué Amgen mardi dans un communiqué. Les deux sites helvétiques étaient en compétition avec l’Irlande, mais aussi Singapour.
Cork a été choisi pour sa «communauté biotechnologique florissante, les infrastructures visant à soutenir les sites de productions biotech et le climat attractif pour les affaires», a commenté Fabrizio Bonanni, vice-président d’Amgen en charge de la production.
Le ministre suisse de l’économie Joseph Deiss a exprimé sa déception mardi après l’annonce du choix de l’Irlande. Selon lui, l’opposition des écologistes et les questions de fiscalité n’ont pas été prépondérantes dans la décision de l’entreprise américaine.
Hostilité des écologistes
Les milieux écologistes ont manifesté à plusieurs reprise leur hostilité à une arrivée du groupe californien sur le site de Galmiz (Fribourg), qui semblait être privilégié par les Américains par rapport à celui d’Yverdon (Vaud). Les défenseurs de la nature souhaitaient que la zone soit réservée à l’agriculture.
Le gouvernement du canton de Fribourg avait rendu le site constructible à la fin 2004. Le dézonage n’avait alors donné lieu à aucune opposition. Fribourg avait promis en échange que si le groupe américain renonçait à s’installer en Suisse, les 55 hectares rendus constructibles redeviendraient terrain agricole.
La décision de mardi satisfait donc les écologistes. Ainsi, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) est soulagée que Galmiz n’ait pas été retenu par le groupe américain.
«La faute aux cantons»
En revanche, elle estime que ce ne sont pas les écologistes qui ont fait capoter le projet. Selon la fondation, c’est la concurrence «mesquine» entre cantons pour décrocher la timbale qui a compromis les chances de la Suisse face à l’Irlande.
«Plutôt que de proposer une seule candidature, Vaud et Fribourg ont préféré se ‘faire la guerre’», déclare Raimund Rodewald, directeur de la FP, à swissinfo.
«A l’avenir, il faudrait renforcer la coopération intercantonale pour offrir la meilleure candidature possible aux grandes industries intéressées à la Suisse.»
Pas une réelle surprise
Le choix de Cork par le groupe américain avait largement filtré ces dernières semaines dans la presse irlandaise. La ville située au sud de l’île abrite déjà des usines de plusieurs autres grandes multinationales américaines, comme Pfizer, Eli Lilly et Boston Scientific.
«L’Irlande a fait un très gros effort pour attirer Amgen et les Irlandais disposent d’un processus qui n’est pas compliqué pour faciliter une telle implantation», juge Stéphane Garelli, professeur à l’IMD (Institut international pour le management et le développement) de Lausanne.
«Amgen a probablement été rebuté par le poids des oppositions à ses plans de développement dans le canton de Fribourg et par la complexité d’investir en Suisse», ajoute le professeur.
Fondé en 1980, Amgen est bien connu du monde du sport pour être le producteur de l’EPO (Epogen), une hormone qui stimule la production de globules rouges et qui est utilisé notamment dans le traitement d’insuffisance rénale. La société fait aujourd’hui partie des 500 plus grandes entreprises des Etats-Unis.
swissinfo et les agences
Amgen fait partie des 500 plus grandes entreprises américaines.
Elle occupe plus de 14’000 collaborateurs dans le monde.
Son siège mondial se trouve à Thousand Oaks, en Californie, mais elle possède aussi un siège international à Zoug.
En 2004, Amgen a réalisé un chiffre d’affaires de 10,6 milliards de dollars.
A Galmiz, le terrain qui était destiné à Amgen se situe dans le Grand Marais, zone de culture maraîchère.
En décembre 2004, le canton de Fribourg a donné son accord au dézonage de la surface agricole de 55 hectares, nécessaire à la construction de la fabrique.
Une décision qui a suscité les critiques des milieux écologistes.
Malgré le fait que le projet ne respectait pas totalement la loi sur l’aménagement du territoire, la Confédération a tout de même confirmé le dézonage du terrain.
D’autres cantons s’étaient proposés pour accueillir Amgen: Vaud avec deux sites – Payerne et Yverdon, le Valais avec Monthey et le Tessin avec Quinto.
A l’avenir, c’est la Confédération qui gérera les dossiers concernant l’installation de grosses entreprises dans des zones intercantonales ou interrégionales.
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