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Le fromage dope l’industrie laitière

La production de lait stagne, celle de fromage prend l'ascenseur. Keystone

Le marché laitier n'a plus connu une situation aussi confortable depuis cinq ans. La production de fromage a tiré le secteur vers le haut.

Toutefois, malgré cette évolution qu’ils jugent satisfaisante, les producteurs de lait s’inquiètent des défis qui les attendent dans les prochaines années.

La production de l’industrie laitière a certes stagné. Mais celle de fromage, qui représente près de la moitié du revenu laitier, a augmenté de 2,8% au cours des sept premiers mois, a indiqué mercredi le directeur de la Fédération des producteurs suisses de lait (PSL) Samuel Lüthi, lors de l’assemblée des délégués de l’organisation faîtière.

Les exportations de fromage ont crû de 3,2% pendant que les importations reculaient de 1,7%. Les stocks sont ainsi équilibrés. Inimaginable il y a deux ans seulement, le lait de non-ensilage, notamment destiné à la fabrication de l’emmentaler, est même devenu une denrée rare, a constaté le président de la PSL Peter Gfeller.

Illustration de cette tendance, l’emmentaler, longtemps considéré comme le fossoyeur du marché à cause d’une surproduction chronique, voit pour la première fois les prévisions de ventes plus élevées que la production, a noté Samuel Lüthi. Les prix devraient enfin augmenter, même si la priorité est encore à l’assainissement des marges et si les structures commerciales existantes demeurent mal adaptées, a-t-il ajouté.

Sur un plan plus général, «notre objectif est de parvenir à stabiliser le prix du lait durant les quinze mois à venir. Il est de notre devoir de résister en permanence à la pression constante exercée par la réduction de la protection douanière, le commerce et les transformateurs», a-t-il affirmé.

Contingentement laitier

Pour parvenir à leurs fins, les agriculteurs devront maîtriser la production. Sur un marché libéralisé, saturé et inélastique, seule une parfaite coordination leur permettra de combler le désengagement de l’Etat, selon leur président.

Avec trois quarts des producteurs qui profiteront de la possibilité qui leur est offerte de quitter le contingentement dès le printemps prochain de manière anticipée trois ans avant sa suppression, cette coordination ne sera pas facile.

Pour le président des PSL, «le bilan intermédiaire de ce processus est dans l’ensemble positif». Louant l’esprit d’initiative des producteurs, il constate toutefois que le nombre d’organisations désirant être exemptées du contingentement «dépasse largement nos projections idéales».

Cela multiplie les risques d’atomisation des forces et augmente d’autant le risque de sous-enchère ou d’effondrement du marché, a constaté Peter Gfeller. Les PSL auront dès lors un rôle-clef à jouer en cherchant à rassembler tous les groupements existants au sein d’une Commission du marché du lait qui est encore à créer.

Retard romand

Peter Gfeller ne cache pas cependant que le scénario idéal serait la fusion ou la collaboration la plus aboutie possible dans le secteur de la transformation industrielle. Cette évolution est déjà bien engagée en Suisse alémanique. Il est impératif que la Suisse romande suive maintenant ce mouvement, a dit le président.

Le président des PSL accepte les nouvelles responsabilités de la branche. Il reproche cependant à la Confédération un laisser-faire qui favorise l’instabilité des conditions du marché et leur porte préjudice.

Pire, estiment les PSL: il est tout bonnement inacceptable que, dans son projet de réforme agricole 2011 actuellement en consultation, le gouvernement impose à un seul maillon de la chaîne l’exigence d’améliorer la compétitivité à tout prix, affirme le président des PSL.

En collaboration avec l’Union suisse des paysans, les PSL vont dès lors élaborer des propositions dans le cadre de la réforme agricole 2011. Il s’agit pour eux de faire contrepoids au rôle toujours plus central de l’Office fédéral de l’agriculture.

Face à lui, le gouvernement se contente de jouer les utilités, tant l’agriculture est devenue marginale et trop complexe. Quant au Parlement, où même la représentation paysanne est loin d’être unanime sur les problèmes essentiels, il est dépassé par la nature même du dossier, a critiqué Samuel Lüthi.

swissinfo et les agences

En 2004, la production de produits laitiers se divisait ainsi: 59,8% de lait, 19,2% de yogourts, 11% de fromages, 5% de crème, 2,5% de beurre et 2,4% de séré.
Mais le fromage est le produit qui rapporte le plus, représentant près de la moitié des revenus du secteur.

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