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Les banques privées renouent avec la croissance

Au siège de la Banque Sarasin, les clients sont accueillis dans une atmosphère feutrée. Keystone

Les banques privées suisses ont à nouveau le vent en poupe. Selon les experts, cette évolution est due autant à des changements stratégiques qu'aux bonnes conditions économiques.

Des établissements tels que Julius Bär, Vontobel et Sarasin, ainsi que le nouveau venu EFG, récoltent les fruits d’une expansion agressive sur les marchés émergents.

Le secteur a renoué avec la croissance depuis l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2001-2002. Mais il pourrait y avoir un danger de surchauffe, les banques privées voulant trop en faire avec des coûts en forte hausse.

Pour le moment, les résultats du premier semestre 2007 montrent toutefois que le secteur est en bonne santé. La banque Vontobel a annoncé une croissance de 27% de son bénéfice net par rapport à 2006 et Julius Bär de 28%. Quant aux banques Sarasin et EFG, elles ont enregistré des hausses record de plus de 50%.

Ces résultats sont donc bien différents de ceux de la période de l’éclatement de la bulle Internet. Les banques privées semblaient alors coincées entre les géants du secteur bancaire et des instituts plus petits et plus spécialisés.

Les rumeurs de fusions et d’acquisitions se sont estompées depuis qu’UBS – la plus grande banque de Suisse – a tranquillement vendu sa participation dans Julius Bär en mai. En fait, seule la banque Sarasin, à Bâle, a alimenté la rumeur en janvier, lorsqu’elle a vendu la majorité de son capital à Dutch Rabobank.

Les établissemetns privés ont tous développé des stratégies légèrement différentes: Vontobel s’est profilée comme banque d’investissements; Julius Bär a acheté SBC, la division gestion de fortune d’UBS; EFG a débauché des spécialistes actifs dans la relation avec la clientèle riche; Sarasin a vendu ses affaires de courtage et fusionné avec Rabobank.

Expansion internationale

Mais ces banques privées ont une chose en commun: l’expansion de leurs opérations hors des frontières, afin de participer à la croissance mondiale.

«La bonne conjoncture économiques aide, mais n’explique pas tout, déclare Hans Geiger, professeur au Swiss Banking Institute de l’Université de Zurich. Nous avons toujours su que disposer d’un secteur bancaire privé en Suisse génère de l’argent. Mais la clef, c’est de trouver des clients et ces banques ont exporté leur modèle.»

«Il y a cinq ans, Julius Bär était une banque basée en Suisse avec quelques avant-postes aux Etats-Unis, ajoute-t-il. Désormais, environ un tiers de son personnel se trouve à l’étranger. EFG a même davantage de collaborateurs hors de Suisse.»

La banque Vontobel utilise son bureau de Vienne pour s’imposer sur le marché prometteur de l’Est européen. Quant à la banque Sarasin, elle est parvenue à attirer 6,1 milliards de francs supplémentaires dans ses coffres au cours du premier semestre 2007. «Ce nouveau record confirme la conviction que nous sommes sur la bonne voie», déclarait le directeur de Sarasin Joachim Staehle le mois dernier.

Mais cette course pour engager du personnel supplémentaire destiné à gérer les avoirs des classes qui s’enrichissent a un prix. Par rapport à 2006, les frais de Julius Bär ont augmenté de 13% au premier semestre 2007 et ceux de la banque Sarasin de 19%.

Rester attentif

Analyste au Credit Suisse, Olivier Müller estime que les banques privées doivent se méfier d’un retour des vaches maigres. «Elles ont changé leurs structures de management et tentent de s’étendre au niveau international, surtout en Asie, déclare-t-il. Elles ont augmenté leurs bénéfices, mais ont dû engager du personnel supplémentaire pour supporter cette croissance.»

«Si la croissance est décente, elle coûte cher. La situation est différente de celle de 2001-2002, mais le résultat pourrait être le même dans trois ou quatre ans si la croissance et les bénéfices diminuent, mais que les frais demeurent les mêmes. C’est le risque de la croissance», avertit l’analyste.

swissinfo, Matthew Allen, Zurich
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

Les bénéfices nets des banques privées au premier semestre 2007:
Vontobel: 168,4 millions de francs (+ 27% par rapport au premier semestre 2006)
Julius Bär: 518 millions (+ 28%)
EFG: 158 millions (+ 56,9%)
Banque Sarasin: 111 millions (+ 70%)

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