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Les ouvriers de la construction à nouveau en grève

Beaucoup de drapeaux rouges, couleur des syndicats, au centre de Zurich. Keystone

Le travail s'est arrêté jeudi matin sur plus de 250 chantiers à Zurich et à Bâle. Plus de 2000 maçons ont suivi cette grève de protestation contre le vide contractuel.

Ce nouveau débrayage intervient à quelques jours d’une réunion cruciale entre partenaires sociaux. Les syndicats n’admettent pas la dénonciation unilatérale de la Convention collective de travail (CCT) par le patronat.

Le mouvement a commencé à 6 heures du matin, avec le rassemblement progressif des ouvriers. A Zurich, plus de 200 chantiers ont été stoppés et il y en avait une septantaine à Bâle, selon les syndicats Unia et Syna, qui ne s’attendaient pas à être pareillement suivis.

Les syndicats ont reproché à certains patrons d’avoir fait pression sur leurs employés ou d’avoir donné des congés pour affaiblir les effets de la grève. Mais seule une petite partie aurait profité de ce jour de congé pour ne pas manifester.

Et ceci malgré certaines pressions: selon Unia, des employés ont été menacés et on leur a demandé de s’inscrire sur une liste s’ils voulaient manquer le travail.

De l’avis de la Société suisse des entrepreneurs, il ne s’agit pas d’une véritable grève. La SSE conteste le chiffre de plus de 250 chantiers à l’arrêt. «Les syndicats ont plutôt paralysé et dérangé le travail», a déclaré le directeur de l’organisation patronale Daniel Lehmann, qui estime que 40% des manifestants étaient des syndicalistes ou des sympathisants.

Grande manifestation

Dans l’après-midi, une grande manifestation a réuni plus de 2000 travailleurs bâlois et zurichois à Zurich. Ils ont défilé de l’Helvetiaplatz à Bellevue en passant par la Bahnhofstrasse durant deux heures, armés de sifflets et de drapeaux aux couleurs des syndicats. Un millier de ballons ont été lâchés dans le ciel, avec des tracts demandant une nouvelle CCT.

A l’heure des discours, le président de l’Union syndicale suisse Paul Rechsteiner a remercié les ouvriers pour leur engagement. «Le combat pour une convention n’est pas seulement important pour la construction, c’est aussi un signal pour les autres branches», a-t-il dit.

En général, la grève s’est bien passée. Deux incidents ont néanmoins marqué la journée à Bâle. Sur l’un des chantiers en grève, la situation a tellement chauffé entre patrons et ouvriers, qu’il a fallu arrêter la circulation dans le quartier. A Pratteln (Bâle campagne), certains en sont venu aux mains. Dans les deux cas, ni blessés ni dégâts ne sont à déplorer.

Vide contractuel

Depuis le 1er octobre, le secteur principal de la construction n’a plus de CCT. Les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à s’entendre en vue de prolonger le texte en vigueur jusque-là. La dénonciation est survenue fin mai à l’initiative de la SSE.

Cette nouvelle grève intervient quelques jours avant une réunion de la dernière chance entre les syndicats et la SSE, prévue lundi 5 novembre prochain.

Le 13 octobre déjà, plusieurs centaines d’ouvriers travaillant au percement du tunnel ferroviaire du Gothard ont débrayé pour 24 heures. Deux jours tard, les syndicats ont organisé des grèves à Genève, Neuchâtel et Berne, qui ont rassemblé plus de 5000 travailleurs.

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Conventions collectives de travail

Ce contenu a été publié sur Les conventions collectives de travail s’appliquent à un secteur économique ou à une entreprise. Elles sont négociées entre les syndicats et des employeurs ou des associations d’employeurs. Ces conventions contiennent des dispositions sur la conclusion, le contenu et la fin du contrat de travail individuel, des dispositions sur les droits et les obligations des parties…

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Plainte déposée

Jeudi encore, l’entreprise de construction zurichoise Implenia annonce qu’elle va déposer une plainte contre les syndicats impliqués dans la grève du Gothard. En annonçant la nouvelle, la porte-parole d’Implenia n’a pas souhaité dévoiler le contenu de la plainte ni contre quel(s) syndicat(s) elle portera.

L’entreprise critique le fait que durant ces 24 heures, 2000 ouvriers n’ont pas pu travailler. Le coût de la grève, à savoir les salaires et les charges accessoires, s’élèverait à environ deux millions de francs.

swissinfo et les agences

Les syndicats veulent conclure une nouvelle CCT nationale pour les quelque 80’000 employés de la construction. L’ancienne CCT, qui est arrivée à échéance fin septembre, avait été résiliée en mai par la Société suisse des entrepreneurs.

Le patronat souhaite davantage de flexibilité pour éviter le chômage hivernal ainsi l’introduction d’une part de rémunération au mérite.

Les syndicats Unia et Syna refusent toute détérioration de conditions de travail déjà difficiles pour les ouvriers.

En l’absence de CCT, les syndicats font valoir le droit de grève, reconnu par la constitution. Des débrayages d’avertissement ont déjà eu lieu à mi-octobre sur le chantier ferroviaire du Gothard et dans les cantons de Berne, Genève et Neuchâtel.

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