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Les ouvriers de la construction se rebiffent

«Pas de convention, pas de maçon», la mise en garde brandie par les travailleurs de la construction est claire. Keystone

Des milliers d'ouvriers ont poursuivi lundi à Berne, Genève et Neuchâtel leur mouvement de protestation contre le vide conventionnel dans le secteur de la construction.

Vendredi, une première grève de 24 heures a paralysé les chantiers des NLFA au Gothard et d’autres actions ponctuelles devraient suivre. Les employeurs jugent cette action anticonstitutionnelle.

Au total, plus de 5000 ouvriers de la construction ont manifesté lundi entre Genève, Neuchâtel et Berne, répondant à l’appel des syndicats. Avec ces grèves d’avertissement locales et ponctuelles, ceux-ci entendent protester contre la résiliation unilatérale de la Convention collective de travail (CCT) par la Société suisse des entrepreneurs (SSE).

Depuis le 1er octobre, pour la première fois depuis 70 ans, le secteur de la construction n’est en effet plus régi par une CCT. Il en découle notamment que le secteur est gouverné par le seul Code des obligations.

Un nouveau round de négociations entre partenaires sociaux est agendé au 5 novembre. Pour faire monter la pression, les syndicats ont déjà averti qu’une nouvelle grève aura lieu le 1er novembre à Zurich.

Forte mobilisation à Genève…

L’appel des syndicats a été particulièrement bien suivi à Genève, où plus de 4000 travailleurs ont refusé de reprendre le travail, a précisé Nico Lutz, porte-parole du syndicat Unia.

«Pas de conventions, pas de maçon» était le message figurant sur les banderoles brandies par les employés en grève. La police genevoise a de son côté estimé le nombre de manifestants à 3000.

Une délégation de grévistes a été reçue par le ministre genevois de l’emploi François Lonchamp. Au nom du gouvernement cantonal, il a souligné son attachement à la paix du travail. Il a également promis que seules les entreprises appliquant l’ancienne CCT auront accès aux marchés publics dans le canton tant qu’une nouvelle CCT ne serait pas conclue.

…Berne et Neuchâtel

Sur le vaste chantier de la gare de Berne, quelque 500 ouvriers se sont réunis. Selon Nico Lutz, porte-parole du syndicat Unia, ce sont au total environ 700 personnes qui ont débrayé lundi matin dans le canton de Berne. Après un rassemblement, les grévistes ont défilé dans la ville fédérale.

Dans le canton de Neuchâtel, quelque 400 maçons de tous les chantiers du Littoral et de La Chaux-de-Fonds ont débrayé. Les machines sont restées à l’arrêt sur plus de 50 chantiers. «La mobilisation est forte», a indiqué Aldo Ferrari, membre du comité de grève national pour la région.

«Il y a finalement eu beaucoup plus de grévistes que le syndicat n’en attendait», commente le communiqué d’Unia.

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Conventions collectives de travail

Ce contenu a été publié sur Les conventions collectives de travail s’appliquent à un secteur économique ou à une entreprise. Elles sont négociées entre les syndicats et des employeurs ou des associations d’employeurs. Ces conventions contiennent des dispositions sur la conclusion, le contenu et la fin du contrat de travail individuel, des dispositions sur les droits et les obligations des parties…

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Les entrepreneurs protestent

Pour leur part, les entrepreneurs ont protesté, estimant que le mouvement est anticonstitutionnel. Selon eux, la grève n’est prévue que lorsque tous les efforts de négociations ont échoué.

«Les diffamations et provocations formulées alors même que des négociations sont en cours signifient que les syndicats ne souhaitent pas trouver une solution rapidement», a fait valoir Daniel Lehmann, directeur de la Société suisse des entrepreneurs (SSE).

Parmi les principales requêtes formulées pour entrer en discussion avec les syndicats, le patronat insiste sur une flexibilisation accrue du temps de travail ainsi qu’une généralisation du salaire au mérite.

Crainte de sous-enchère

De leur côté, les syndicats estiment que «les salaires minimaux n’ont plus cours» et que sans CCT, la branche est exposée au dumping. Unia assure par exemple que des sociétés d’intérim ont déjà annoncé qu’elles baisseraient les rémunérations.

Il y a deux semaines, la ministre de l’Economie Doris Leuthard s’était elle-même inquiétée de la situation et avait appelé les parties à la conciliation dans l’intérêt de l’économie du pays.

swissinfo et les agences

Les syndicats veulent conclure une nouvelle convention collective de travail (CCT) nationale pour les quelque 80’000 employés de la construction. L’ancienne CCT, qui est arrivée à échéance fin septembre, avait été résiliée en mai par la Société suisse des entrepreneurs.

Le patronat souhaite davantage de flexibilité pour éviter le chômage hivernal ainsi qu’une part de la rémunération au mérite.

Les syndicats Unia et Syna refusent toute détérioration de conditions de travail déjà difficiles pour les ouvriers.

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