Des perspectives suisses en 10 langues

Suppression d’emplois et grève à CFF Cargo

Quelque 126 employés de l'atelier de Bellinzona devraient être transférés à Yverdon. Keystone

Rien ne va plus pour CFF Cargo. Le transporteur de marchandises filiale des CFF est dans les chiffres rouges et a annoncé vendredi la suppression de 400 emplois, dont 126 au Tessin.

Les employés des ateliers de Bellinzone se sont immédiatement mis en grève et une manifestation de solidarité est annoncée pour samedi après-midi.

Le management et l’administration paient le plus lourd tribut dans la restructuration annoncée vendredi par CFF Cargo. Sur les plus de 400 postes supprimés à Bâle, Bellinzone, Fribourg et Bienne (Berne) d’ici 2009, 300 relèvent de la division «Overhead».

La société va également transférer 200 emplois, principalement vers Yverdon-les-Bains (Vaud), où est déplacé l’entretien des locomotives.

La nouvelle a été annoncée vendredi matin à Bellinzone par le patron de CFF Cargo Nicolas Perrin. Mais le directeur n’a pas eu la possibilité d’en dire plus aux plus de 400 employés présents, car ses paroles ont été couvertes par les huées et les sifflements.

Nicolas Perrin a ensuite été escorté par des agents de sécurité pour sortir du hall de montage des ateliers, où se tenait la séance d’information.

Le Tessin sous le choc

Pour le personnel, ces suppressions d’emplois sont inacceptables. Les ateliers sont entretemps devenus profitables, a indiqué un porte-parole des employés. Ils ont décidé de se mettre aussitôt en grève et en appellent au Conseil fédéral (gouvernement).

La délégation tessinoise aux Chambres fédérales va demander à rencontrer le ministre en charge des transports Moritz Leuenberger, a indiqué la conseillère nationale (députée) et vice-présidente du Parti socialiste Marina Carobbio.

Selon l’ancien conseiller national socialiste Werner Carrobio, il s’agit de la première grève de fonctionnaires au Tessin depuis 1918. Une manifestation est également annoncée pour samedi après-midi à Bellinzone.

D’autres mesures sont envisagées comme un blocus de la ligne du Gothard. Les responsables des CFF doivent garder à l’esprit que l’Euro 2008 approche, a déclaré un syndicaliste devant le personnel présent. Il en faudrait peu pour que cet événement connaisse un chaos au niveau du trafic, a-t-il ajouté.

Plus de 190 millions de perte

Le but à moyen terme est d’améliorer le résultat de plus de 70 millions de francs par année. Selon les estimations du Conseil d’administration, il faudra compter au moins deux ans avant l’assainissement complet de CFF Cargo. La société a clos l’année comptable 2007 avec une perte de 190,4 millions de francs.

Dans le cadre de cette restructuration, d’autres mesures sont prévues, dont des «augmentations de prix ciblées, une réduction des prestations externes, des économies lors des achats ou une meilleure utilisation du parc des wagons», note la société.

Ce programme de restructuration décidé par CFF Cargo a été approuvé par le conseil d’administration des CFF.

Pas de licenciements

S’adressant ensuite aux médias, M. Perrin a indiqué que la convention collective de travail ne permet pas de licencier des employés pour raisons d’économie. Les personnes concernées par les suppressions de poste se verront proposer un autre emploi à Yverdon-les Bains ou ailleurs dans l’entreprise.

«Les CFF sont une entreprise économique», a-t-il ajouté. «Nous sommes donc obligés de prendre des décisions motivées par l’économie et non par la politique régionale.»

Une attitude que juge «très grave» le ministre fribourgeois de l’Economie Beat Vonlanthen. Ce dernier demande des compensations aux CFF.

«Lors des premières discussions, l’ex-régie fédérale ne s’y est pas montrée opposée», indique-t-il.

Inacceptable pour le personnel

Le Syndicat du personnel des transports (SEV) juge les mesures inacceptables et condamne un démantèlement «pièce par pièce» de l’entreprise.

Les collaborateurs n’y sont perçus que comme des facteurs de coût déplacés sans considération, estime le SEV.

CFF Cargo est en quête de rentabilité depuis sa création en l’an 2000 et a déjà opéré plusieurs restructurations. Le directeur de l’entreprise, Daniel Nordmann, s’était retiré avec effet immédiat en août dernier.

Lundi dernier, l’association suisse des transports routiers, l’ASTAG, a demandé une privatisation partielle de CFF Cargo.

swissinfo et les agences

CFF Cargo prévoit de supprimer 249 places de travail au siège principal de Bâle, dont 65 sont restées vacantes depuis l’arrêt d’engagements décidés l’automne dernier.

A Bellinzone, 126 postes de travail seront supprimés, 18 transférés à Chiasso et au moins 10 à Yverdon.

A Fribourg, ce sont 51 emplois qui seront biffés et 114 déplacés à Bâle.

Enfin, 46 postes seront transférés de Bienne à Yverdon et Olten. Au total, 80 emplois doivent être créés à l’atelier industriel d’Yverdon où sera concentré l’entretien des locomotives lourdes.

Le transporteur de marchandises est une filiale des Chemins de fer fédéraux (CFF). Son siège est à Bâle et il emploie environ 4400 personnes.

En 2007 CFF Cargo a enregistré avec une perte globale de 190,4 de francs. L’année 2008 devrait également se terminer dans le rouge.

En 2006, la perte avait atteint 37,3 millions. Lors de la restructuration de 2007, l’entreprise a dû procéder à des amortissement totalisant 102,5 millions de francs. Le bilan 2007.

Les chiffres rouges proviennent surtout du trafic international, malgré l’essor des filiales allemande et italienne.

Les ministères fédéraux des Transports et des Finances déplorent les suppressions d’emplois comme les mauvais résultats financiers de CFF Cargo.

Ils attendent des informations sur les causes de ces pertes et des propositions concrètes afin de tirer les conclusions qui «s’imposent pour la Confédération en tant que propriétaire des CFF».

Une vente totale de CFF Cargo n’entre pas en ligne de compte mais le gouvernement établira un rapport destiné aux commissions de surveillance parlementaires.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision