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Swissmetal fermera sa fonderie de Reconvilier

Les activités de fonderie à Reconvilier: bientôt du passé. (Photo: swissmetal) Swissmetal

Le groupe métallurgique annonce sa volonté de fermer sa fonderie du Jura Bernois pour transférer ses activités à Dornach dans le canton de Soleure.

Swissmetal entend ainsi économiser 5 millions de francs par an. Trente-cinq emplois sont menacés. Les employés annoncent des actions de désobéissance civique.

La messe est dite ou presque. Mais avant sa décision définitive, le groupe métallurgique soleurois doit encore procéder à «quelques clarifications» avec les cantons concernés (Berne et Soleure).

Dans son communiqué publié lundi, Swissmetal précise en effet vouloir «tenir compte des intérêts politiques régionaux».

Swissmetal a d’ores et déjà présenté son nouveau concept industriel à travers un courrier adressé aux autorités des deux cantons.

Ce concept prévoit un centre de compétence (unique, à Dornach) pour la transformation à chaud. C’est-à-dire la fonderie et la presse d’extrusion.

Une quarantaine d’emplois devraient disparaître dans le Jura bernois (Swissmetal Boillat) suite à cette fermeture/réorganisation.

Des économies en vue

Grâce à la restructuration de son activité de fonderie, l’entreprise attend des économies de 5 millions de francs par an.

Au total sur les deux sites, Swissmetal prévoit de réaliser une économie de 14 millions par an en augmentant sa productivité.

Le groupe assure que son projet repose sur des «analyses faites au niveau technique et économique».

Il affirme aussi maintenir son engagement en Suisse avec un programme d’investissements de 75 millions pour les deux site. Un programme annoncé la semaine dernière en même temps qu’une étude sur l’avenir de la fonderie.

Cette annonce faisait suite à une rencontre avec des représentants du gouvernement bernois qui avaient refusé les arguments de Swissmetal.

Réactions courroucées

De l’avis de Fabienne Blanc-Kühn, membre du comité directeur du syndicat Unia, c’était un artifice pour gagner du temps.

Selon elle, le groupe de travail ne s’est jamais réuni et le sort de Swissmetal Boillat était scellé depuis longtemps.

Le maire de Reconvilier accuse lui aussi la direction de Swissmetal de mentir depuis le début. Les marchés financiers prennent le dessus au détriment de la technologie, estime Flavio Torti.

Swissmetal, poursuit le maire, ne tient pas compte des hommes et d’un savoir qu’ils maîtrisent depuis des années, préférant le profit immédiat.

Pas de grève pour l’instant

Le personnel de Swissmetal Boillat a décidé lundi qu’il ne se mettra pas en grève dans l’immédiat. Mais il va mener des actions de désobéissance civique.

Réunis en assemblée générale extraordinaire en matinée, quelque 300 ouvriers de Swissmetal Boillat ont décidé de s’opposer à des décisions mettant en péril le site de Reconvilier.

«Nous pouvons aussi envisager des débrayages dans certains secteurs», explique Nicolas Willemin, président de la commission du personnel.

Il a également annoncé au personnel la suppression de 80 emplois d’ici à cinq ans. Les ouvriers ont été assommés par cette décision, ajoute Nicolas Willemin. Ils ont voté une résolution qu’ils transmettront au conseil d’administration.

Le personnel estime n’avoir pas été informé de la vraie stratégie des prochaines années. Les décisions annoncées la semaine passée ne respectent en outre pas le protocole d’accord signé l’an dernier après la grève, affirme-il

Les cadres de Reconvilier ont aussi eu des mots durs à l’égard de la direction générale à Dornach. Sortant de leur réserve, ils ont demandé au conseil d’administration du groupe de revoir son concept industriel.

«Je regrette que la direction générale ne soit pas en mesure de présenter les analyses techniques et économiques pour justifier sa décision auprès des cadres, employés et ouvriers de Swissmetal», a affirmé le directeur du site de Reconvilier Patrick Rebstein. Il a aussi demandé aux employés de ne pas entrer dans un «conflit» comme celui qui a débuté il y a une année presque jour pour jour.

Les autorités locales aussi

Les autorités locales ne sont pas en reste. Le comité de soutien réunissant les politiciens de la région entend réagir de manière virulente, prévient Maxime Zuber, député au parlement du canton de Berne.

La décision de Swissmetal est contraire à toute logique industrielle, a également affirmé à la Télévision romande le conseiller national jurassien Pierre Kohler, qui soutient le site de Reconvilier. Elle relève d’une «logique financière à très court terme qui entraînera la mort de Swissmetal».

L’entreprise ne tient pas ses engagements, dénonce pour sa part la conseillère d’Etat bernoise Elisabeth Zölch. Tout en soulignant être toujours ouverte à la discussion, la directrice de l’économie publique du canton de Berne, a déclaré que le comportement de l’entreprise n’était pas digne de confiance.

Comme il y a une année (dix jours de grève, une rareté en Suisse!), les choix de Swissmetal font craindre la fermeture à terme de l’usine du lieu.

La semaine dernière, la direction avait assuré que le choix définitif sur l’avenir de la fonderie n’aurait pas d’incidence sur le maintien des deux sites.

La semaine dernière toujours, une manifestation avait réuni plusieurs centaines de personnes venues exprimer leur inquiétude dans la rue.

swissinfo et les agences

Swissmetal sur les neuf premiers mois de l’année:
Chiffre d’affaires en baisse de 5% à 147,4 millions de francs.
Résultat avant intérêts et taxes (EBIT) en régression de moitié à 2,6 millions de francs.
Swissmetal est en surcapacités dans le domaine des produits standards.
Le groupe souffre également des cours élevés du cuivre.

– Swissmetal a élaboré une stratégie sur cinq ans basée sur une concentration des compétences entre Reconvilier et Dornach.

– Le site de Dornach verra un renforcement de la transformation à chaud. Celui de Reconvilier devrait devenir un centre de compétences pour fils et barres à haute valeur ajoutée.

– Cette stratégie coûtera au total 150 emplois sur 750.

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