Femmes en politique: la Suisse loin des meilleurs
Présidente du Conseil national, Liliane Maury Pasquier est invitée mercredi à la tribune du Conseil de l'Union interparlementaire à Genève.
C’est l’occasion, pour la première Dame du pays, d’évoquer aussi la place des femmes dans la vie politique.
Liliane Maury Pasquier s’en est déjà expliquée au Club suisse de la presse lors d’une présentation des enjeux du Conseil de l’Union interparlementaire qui tient session cette semaine à Genève.
L’égalité femmes-hommes est désormais reconnue comme un principe fondamental de notre société, constate la présidente. «Elle n’est pourtant de loin pas encore acquise dans les faits».
La proportion des femmes dans les instances politiques n’a certes cessé d’augmenter. «Mais si la Suisse fait assez bonne figure en comparaison européenne, elle est encore loin des meilleurs en la matière.»
A preuve: dans les gouvernements et les parlements fédéraux et cantonaux, cette proportion est inférieure à 25 % alors que les femmes représentent 53 % de l’électorat.
La morale de l’histoire, selon elle, c’est que «la Suisse est donc bien encore, selon les termes de l’Union interparlementaire, une démocratie inachevée».
L’exemple suédois
Le score de 45,3 % de sièges conquis par les femmes lors des récentes élections législatives suédoises fait évidemment rêver Liliane Maury Pasquier:
«C’est le fruit d’une politique active depuis des décennies, ça montre que ce n’est pas seulement en politique qu’on doit changer les choses.»
«La Suède a vécu un vrai changement de société en termes par exemple de participation des femmes à la vie professionnelle.»
Rien de tel en Suisse: «les femmes se retirent du marché du travail parce qu’elles s’occupent de leur famille alors que les hommes s’occupent plutôt d’eux-mêmes».
La politique, affaire de tous
Liliane Maury Pasquier est en tout cas convaincue que la mixité est source de créativité et de développement économique, et que l’égalité des sexes en politique est aussi une question de démocratie.
D’où les quelques pistes qu’elle évoque pour changer les mentalités (y compris dans les médias): diminuer le temps de travail, adapter les structures, développer des modèles d’accompagnement.
Pour, aussi, féminiser le vocabulaire, dit-elle, car «la place et la visibilité des femmes dans la société dépend aussi du langage qui joue un rôle fondamental dans la formation de l’identité sociale des individus».
Et que retient-elle déjà de son passage au perchoir de la Chambre du Peuple? «Cela m’a permis de donner une visibilité beaucoup plus grande aux femmes en politique et dans les postes à responsabilités.»
Elle s’est retrouvée première citoyenne du pays tout en étant mère de famille et sans avoir suivi de filière universitaire (elle est sage-femme). «Pour moi, la politique, c’est fait pour tout le monde et par tout le monde.»
swissinfo/Bernard Weissbrodt, Genève
Selon le classement UIP, la Suède tient le 1er rang avec 45,3% de femmes au parlement
Suivent le Danemark, la Finlande, la Norvège et le Costa Rica
La Suisse figure à la 27e place, avec 23%, juste derrière la Belgique
Le Canada est 34e (20,6%), la France 61e (12,3%)
Moyenne mondiale: 14,7%
L’Union interparlementaire (UIP) a été fondée en 1889
Elle a son siège à Genève et compte 142 pays membres
Elle a pour ambition de promouvoir la démocratie et offre un appui aux institutions législatives
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