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Hommes et femmes, inégaux face à la crise

Les femmes occupent souvent des emplois mal rémunérés. Keystone

Contrairement à ce qui s'était passé lors de la crise précédente, les femmes semblent moins touchées que les hommes.

Mais, à l’occasion de sa journée, c’est la seule nouvelle relativement bonne que la femme est en mesure d’annoncer.

Selon les chiffres présentés par le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), le nombre d’hommes au chômage a augmenté de plus de 50% au cours des douze derniers mois. Entre décembre 2001 et décembre 2002, le nombre d’hommes actifs a diminué de 20 000 pour s’établir à 2 313 000.

La crise a surtout frappé de classiques bastions masculins: les banques, les assurances, les transports, les communications et l’industrie de transformation. Les hommes ont d’autant plus souffert des pertes d’emplois qu’ils travaillent généralement à plein temps.

Des métiers «typiquement» féminins

La situation des femmes est différente. Et c’est surtout dû au fait qu’elles restent souvent cantonnées dans des métiers «typiquement» féminins.

Certes, le nombre de femmes au chômage a augmenté de 40%. Mais, dans le même temps, le nombre de femmes actives s’est accru de 26 000 pour s’établir à 1 859 000.

Aujourd’hui encore, plus de 70% des femmes sont occupées dans des métiers sociaux (hôpitaux, homes, etc.). Elles sont également très nombreuses dans l’enseignement, le secrétariat ou derrière les caisses enregistreuses des grandes surfaces.

Or, quelle que soit la santé de l’économie, les gens n’arrêtent pas pour autant d’aller à l’école, de s’alimenter ou encore de se soigner.

De plus, ces emplois-là sont souvent mal rémunérés, ce qui fait qu’ils résistent mieux aux pressions économiques.

Pas de salaire égal pour un travail égal

Selon les données statistiques sur les salaires 2000, les femmes gagnent jusqu’à 40% de moins que les hommes pour un même travail. De plus, elles n’atteignent que rarement une position de cadre.

Autre problème: il manque de crèches en Suisse. Aujourd’hui encore, les femmes doivent donc continuer de choisir entre avoir des enfants ou poursuivre une carrière professionnelle. Du coup, elles ont de moins en moins d’enfants et de plus en plus tard.

Christine Flitner, secrétaire centrale du Syndicat des services publics, reste cependant optimiste sur cette question. «Les choses changent lentement, mais sûrement», déclare-t-elle. A la fin de l’an dernier, l’Etat a en effet promis de débloquer quelques millions de francs pour la construction de nouvelles crèches.

Le partage du travail, clef de l’égalité

De nombreuses femmes travaillent à temps partiel. Ce faisant, elles renoncent souvent à des défis professionnels et à une prévoyance professionnelle complète. Elles sont par ailleurs plus souvent que les hommes confrontées au problème du travail sur appel.

Mais la notion de temps partiel ne s’applique qu’à l’emploi salarié. Si l’on compte leurs autres activités, les femmes ont plutôt tendance à être débordées. Elles doivent à la fois s’occuper de leur carrière professionnelle, des enfants et, souvent, de la tenue du ménage.

Cette surcharge peut leur poser des problèmes de santé, avertit l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich. Pour l’Institut, cela peut également expliquer pourquoi de plus en plus de femmes renoncent à avoir un enfant.

Cette analyse est partagée par Christine Flitner. «Tant qu’il n’y aura pas un véritable partage du travail salarié et non-salarié, les femmes décideront de ne plus avoir d’enfants ou d’en avoir moins.»

Pour résoudre le problème, il faudrait donc en arriver à un véritable partage du travail. Le partage du travail non-rémunéré est d’ailleurs au centre de l’actuelle campagne (Fairplay at home) du Bureau fédéral pour l’égalité entre femmes et hommes.

swissinfo, Elvira Wiegers
(traduction: Olivier Pauchard)

Plus de 50% des femmes travaillent à temps partiel, contre 10% chez les hommes.
Le salaire mensuel brut moyen d’une femme était de 4358 francs en 2000, contre 5551 francs pour l’homme.
Les femmes n’occupent que 20% des postes de cadre.

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