La nourriture entre cuisine et laboratoire
Le Gewerbemuseum de Winterthur organise une surprenante exposition sur la production de nourriture et les habitudes alimentaires.
Cette exposition, qui fait halte à Berne jusqu’en juin, nous rappelle qu’en Suisse 90% de la nourriture est industrielle.
«Food Design: la nourriture entre cuisine, art et laboratoire» n’est certainement pas une exposition destinée aux âmes sensibles. Surtout pas à celles qui ne se préoccupent pas de la manière dont la nourriture qui atterrit dans leurs assiettes est produite.
«Les différents scandales alimentaires qui ont touché l’industrie alimentaire européenne au cours de ces dernières années (vache folle, hormones) nous ont poussés à organiser une exposition sur les développements technologiques dans le secteur alimentaire», explique Claudia Cattaneo, codirectrice du Musée du commerce de Winterthur.
Du fast-food à l’art de la table
Pour les organisateurs, le but de l’exposition n’est pas d’«ôter l’appétit des visiteurs», mais de leur montrer «le passé, le présent et l’avenir de l’industrie alimentaire».
L’exposition est divisée en stands thématiques. L’un d’eux est dédié au fast-food. Sur un comptoir fait d’emballages, il montre comment les habitudes alimentaires se sont modifiées au cours des dernières années.
«Beaucoup d’enfants et de jeunes gens ont déjà visité l’exposition, déclare Claudia Cattaneo. En discutant, j’ai découvert que la majorité d’entre eux ne passent du temps à table avec leur famille que le dimanche.»
«Les autres jours, la jeune génération préfère les aliments pré-cuisinés que l’on peut réchauffer en quelques minutes dans un four ou un micro-onde, poursuit-elle. Moi, j’appartiens déjà à une autre génération. Dans ma famille, nous préparions toujours trois repas par jour et nous prenions plaisir à les partager.»
Mais les aliments pré-cuisinés ne sont pas réservés aux seuls foyers. Dans deux grands congélateurs placés en face du stand «fast-food», les visiteurs peuvent découvrir des sacs contenants des aliments industriels utilisés dans la restauration.
«La main-d’œuvre en Suisse est très chère, explique Claudia Cattaneo. Les restaurateurs préfèrent donc économiser en achetant des aliments industriels. Quand les clients reçoivent leur assiette, ils ne savent pas que la majeure partie des aliments ne proviennent pas des casseroles, mais du micro-onde.»
L’industrie suisse de l’alimentation
Une autre partie très intéressante de l’exposition est consacrée à l’industrie de l’alimentation en Suisse.
Avec notamment un des fleurons de cette industrie:le Maggi. Ce produit a été créé par le Suisse Julius Michael Johannes Maggi, né le 9 octobre 1846 à Frauenfeld.
Son premier succès commercial fut sa fameuse soupe de légumes en poudre, créée en 1884 pour améliorer les habitudes alimentaires des ouvriers suisses et les tenir à distance de la bouteille.
Le succès de Maggi ne s’est jamais démenti. L’entreprise appartient aujourd’hui au groupe Nestlé, l’un des géants du secteur de la «convenience food».
D’autres aliments montrent que l’industrie alimentaire reste très créative. Avec notamment le Quorn, un aliment élaboré dans les années 60 et aujourd’hui très répandu dans des pays comme la Suisse et l’Angleterre.
Fabriqué à partir d’un champignon, le Quorn peut remplacer la viande. Selon les saveurs que les fabricants y incluent, le champignon peut alors prendre dans les rayons des magasins la forme de steaks, des saucisses ou encore de pâtés.
La cuisine de nos rêves
Mais à côté de cette industrie alimentaire, il reste encore un «art» de la cuisine. «Nous voulions montrer que manger est encore une activité qui exige de la créativité et de la technique et qui utilise les éléments fournis par la nature», affirme Claudia Cattaneo.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’exposition se termine avec des centaines d’ustensiles qui sont utilisés dans les meilleures cuisines du monde.
Diverses personnes ont également expliqué aux organisateurs de l’exposition quels étaient les plats de leurs rêves. Quelques-uns de ces plats ont donc été exposés. Il en ressort que les adultes ont généralement l’eau à la bouche en imaginant les créations de grands chefs comme Paul Bocuse.
Les enfants sont pour leur part moins exigeants. C’est ainsi que l’exposition présente le plat de rêve d’un petit Suisse de 12 ans: un hamburger, du coca et des frites. Question de générations…
swissinfo, Alexander Thoele
(traduction: Olivier Pauchard)
L’exposition itinérante fait sa dernière halte au Kornhaus de Berne. Elle y est visible jusqu’au 8 juin.
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