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Le patron des patrons tire la sonnette d’alarme

Fritz Blaser s'inquiète de la perte de compétitivité de l'économie suisse. Keystone

La Suisse va au devant d’une crise majeure... Avant de quitter la présidence de l’Union patronale suisse (UPS), Fritz Blaser lance un avertissement.

Pour éviter à la Suisse de glisser dans la médiocrité, le patron des patrons appelle à un changement de cap.

«Aujourd’hui, la Suisse est confrontée à des défis tels qu’elle n’en a plus connu depuis la Seconde Guerre mondiale», a dit Fritz Blaser vendredi devant l’assemblée générale de l’UPS à Zurich.

«Si nous ne changeons pas certaines de nos orientations politiques, nous allons nous enfoncer de plus en plus dans la moyenne internationale», avertit le patron des patrons.

Fritz Blaser craint de voir la Suisse perdre ses positions de pointe dans les secteurs de la formation, de la recherche et de la technologie.

Capital, flexibilité et confiance



Pour le président de l’UPS, l’économie suisse a impérativement besoin de conditions-cadre fiables, d’apports suffisants en capital à moyen et à long terme et de flexibilité sur le marché du travail.

Mais ces trois conditions ne suffiront pas. Fritz Blaser appelle également de ses vœux le renforcement des centres de formation et de recherche. Et ceci de manière ciblée, afin d’appuyer la formation liée à la création d’emplois.

En outre, pour le patron des patrons, les entrepreneurs comme les citoyens devraient apprendre à restreindre leurs exigences à l’égard de l’Etat.

Et enfin, Fritz Blaser juge que les Suisses doivent cesser «de se faire plus mauvais qu’ils ne le sont». Partout dans le pays, il est ainsi impératif de «rétablir la confiance.»

Moins d’Etat



Au niveau du diagnostic, le président de l’UPS relève un certain nombre de tendances qu’il juge inquiétantes.

Ainsi, «la progression incessante du poids de l’Etat et de la fiscalité» constituent pour Fritz Blaser «une véritable menace.»

Et de rappeler qu’avec economiesuisse, (la Fédération des entreprises suisses), l’UPS a présenté un vaste ensemble de propositions visant à réduire les dépenses publiques.

«Il appartient aux politiques de prendre les mesures – douloureuses – qui s’imposent», ajoute Fritz Blaser, qui juge que la dette publique (120 milliards de francs) est déjà beaucoup trop lourde.

«Nous adjurons le monde politique de dire clairement aux citoyens que nous vivons au-dessus de nos moyens et que nous allons laisser à nos enfants des dettes impossibles à rembourser», poursuit le patron des patrons.

Pour Fritz Blaser, il est devenu indispensable de renoncer à certaines prestations d’Etat et «de réexaminer d’importants projets, devenus infinançables.»

Le poids du social



Autre préoccupation du patron des patrons: en Suisse le régime de prévoyance sociale «prend l’eau.» Selon les estimations, son maintien à flot devrait coûter l’équivalent de huit points de TVA d’ici 2025.

Pour Fritz Blaser, «l’économie suisse ne peut pas subir sans préjudice un tel alourdissement de la charge fiscale» et les dommages prendront la forme d’une baisse de compétitivité et de pertes d’emplois.

Le président de l’UPS fustige également l’affaiblissement de l’esprit de solidarité qui animait autrefois les partis politiques.

«Alors que la recherche du compromis était traditionnellement l’objectif de nos députés, il semble aujourd’hui que ce soit plutôt l’esprit d’opposition ou d’obstruction qui fleurisse sous la Coupole fédérale», note Fritz Blaser.

Une presse nuisible



Egalement dans le collimateur du patron des patrons, «le rôle parfois nuisible de certains médias.»

Pour la presse de boulevard, les choses sont claires, s’indigne Fritz Blaser: «l’économie est constituée exclusivement de managers de multinationales sans scrupules et surpayés et de profiteurs dont le seul but est de rogner sur les salaires pour s’enrichir.»

Une image que le président de l’UPS juge particulièrement «injuste», dans un pays dont le tissu économique est formé à 99,7% de PME.

Autocritique nécessaire



Fritz Blaser ne nie pas pour autant que l’économie suisse doive faire son autocritique et «passer en revue ce qu’elle a mal fait ces dernières années.»

Pour le patron des patrons, un manager ne doit pas courir après l’enrichissement personnel et ses indemnités de départ devraient être fonction de ses succès effectifs.

Fritz Blaser regrette également que les entreprises aient un peu perdu le goût du risque. Selon lui, l’économie suisse doit retrouver «courage et foi en l’avenir», et dans ce domaine, «il n’est nul besoin de demander l’aide de l’Etat.»

swissinfo

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