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Les paysans demandent des droits de douane

Des paysans suisses et norvégiens faisaient partie de la marche de protestation de Genève. Keystone

Des paysans de plusieurs pays, dont la Suisse, ont manifesté pour le maintien des taxes à l’importation et à l’exportation afin de protéger le secteur agricole.

Ils ont remis une déclaration commune à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève en signe de protestation contre les négociations commerciales en cours visant la libéralisation.

Près de 500 agriculteurs suisses, norvégiens, japonais, coréens et de quelques autres pays étaient présents mardi à Genève pour demander que les négociations en cours à l’OMC préservent l’avenir des exploitations familiales.

C’est une délégation dirigée par le président de l’Union suisse des paysans (USP) Hansjörg Walter a remis une déclaration au responsable des négociations sur l’agriculture Tim Groser.

Les délégations des 148 pays membres tentent d’ici vendredi de préciser un accord sur la libéralisation des marchés agricoles, en vue de la conférence ministérielle de Hong Kong en décembre.

Une proposition du G20

Les négociateurs de l’OMC doivent en effet affiner d’ici la fin du mois une proposition lancée par le G20, un groupe constitué de pays émergents et exportateurs agricoles. Une ouverture qui laisse entrevoir une possible relance du cycle de Doha, justement bloqué par le dossier agricole.

Cette option définit un cadre permettant de négocier une baisse des droits de douane pour les produits agricoles.

Concrètement, le G20 propose une «formule» de réduction des droits de douane moins sévère pour les pays développés que pour les pays en développement, dont les tarifs douaniers maximums pourraient atteindre un plafond de 150%, contre 100% pour les pays riches.

Une déclaration commune

Dans leur Déclaration commune, les agriculteurs réclament le droit pour tout pays de produire des denrées alimentaires. Ils estiment que les négociations dans leur état actuel favorisent avant tout les gros producteurs au détriment des petites exploitations.

Chaque pays doit disposer du droit de protéger et d’encourager la production de nourriture pour sa propre consommation, de garantir la sécurité alimentaire et d’assurer un niveau approprié d’autosuffisance, affirme le document.

Les négociateurs doivent prendre en compte les considérations autres que commerciales.

«Nous demandons que chaque famille de paysans puisse avoir un avenir dans tous les pays», s’est exclamé le président des agriculteurs norvégiens, au terme d’une marche de 2200 kilomètres à travers l’Europe.

«Le taux d’approvisionnement de la Suisse est d’environ 60%. Cela signifie que nous sommes une nation importatrice nette de denrées alimentaires», a pour sa part expliqué Hansjörg Walter.

«Nous avons largement ouvert ses frontières aux importations des pays les moins avancés, mais nous refusons d’être inondés d’importations bon marché des pays industrialisés», a conclu le président de l’USP.

Une centaine d’ONG

Par ailleurs, une centaine de représentants d’organisations non gouvernementales (ONG) ont ouvert mardi quatre jours de débats pour mobiliser l’opinion contre les négociations en cours à l’OMC. Elles ont critiqué les pressions des pays développés sur les pays pauvres.

Les ONG ne s’attendent pas à une percée dans les négociations cette semaine, destinées à préparer la conférence de Hong Kong en décembre. Mais le représentant d’ATTAC-Suisse Alessandro Pelizzari a par exemple affirmé qu’elles ont retenu les leçons de l’accord intermédiaire conclu il y a un an «dans la clandestinité».

«Cet accord avait permis de remettre le round de Doha sur les rails après l’échec de Cancun, sans la participation de la société civile. Nous avons voulu éviter la répétition d’un tel scénario en mettant sur pied le Conseil général des peuples», a expliqué Alessandro Pelizzari.

swissinfo et les agences

Lancé en novembre 2001, le cycle de Doha devait se conclure en 2004.
Mais le processus a buté sur l’échec de la conférence ministérielle de Cancun en septembre 2003
La prochaine conférence ministérielle se déroulera en décembre 2005 à Hong Kong

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