Malgré la tempête, André Kudelski reste confiant

swissinfo.ch

Le groupe a perdu 17,9 millions de francs au premier semestre, contre 21,8 millions de bénéfice sur les six premiers mois de 2001.

Mais André Kudelski confie à swissinfo que les fondements de sa société sont sains et que ses réserves sont solides.

Les chiffres sont par nature secs. Jeudi, en lever de rideau de sa conférence de presse, le groupe Kudelski les a livrés sans détours.

Ainsi au niveau opérationnel, le spécialiste du cryptage numérique a annoncé avoir encaissé une perte d’exploitation (EBIT, avant intérêts et impôts) de 14,2 millions de francs, contre un EBIT positif de 19,6 millions sur janvier-juin 2001.

Pour l’ensemble de l’exercice, le groupe suisse prévoit des ventes comprises entre 400 et 450 millions de francs et un bénéfice hors éléments exceptionnels entre 5 et 25 millions de francs.

André Kudelski explique ces chiffres rouges par une croissance des coûts et des facteurs financiers. De plus, les ventes en Europe ont été qualifiées de décevantes.

Une dégringolade en palier

Pourtant, en avril dernier, le leader mondial des systèmes de contrôle d’accès pour la TV à péage était encore au sommet. André Kudelski venait d’annoncer un chiffre d’affaires de 455 millions de francs pour l’année 2001, et surtout un bénéfice de 72 millions.

Cet ingénieur, diplômé de l’EPFL, collectionnait les qualificatifs les plus élogieux. Et surtout, sa société cotée en Bourse, qui avait rejoint le SMI, le Hit parade des titres suisses, aux côtés de Nestlé et de Novartis, faisait gagner de l’argent aux petits actionnaires suisses.

Pour eux, c’est la douche froide. L’action, qui flirtait à la fin de l’année dernière autour des 120 francs, dégringole vers la barre des 20 francs. Et les résultats du premier semestre publiés aujourd’hui ne vont pas leur remonter le moral.

Déconfiture de Kirch et Vivendi

Fin août, André Kudelski a reconnu que les objectifs qu’il s’était fixés pour 2002 (700 millions de francs de chiffres d’affaires et un bénéfice de 120 millions) ne seraient pas atteints.

Pour la première fois depuis longtemps, la société Kudelski annonce des pertes. Les raisons? La situation économique en général, et le secteur des technologies de l’information et de la télévision numérique en particulier, qui connaît de grandes difficultés, notamment en Europe.

Il suffit de citer la déconfiture de l’empire Kirch en Allemagne, et la débâcle de Vivendi en France. Sans oublier les déboires financiers du câble en Grande-Bretagne.

Résultat, «les entrées de commandes ont été anormalement faibles» pour Kudelski, le spécialiste des systèmes numériques d’accès sécurisé. Des livraisons de cartes à puce sont reportées, des contrats tombent à l’eau.

Près de 800 millions de francs de liquidités

«Dans les temps difficiles, nous ne sommes pas une exception», constate le directeur du groupe. Malgré ce coup d’arrêt (le chiffre d’affaires 2002 devrait être inférieur à celui de 2001, et l’entreprise encaisserait 15 à 20 millions de pertes), André Kudelski, 42 ans, garde le moral.

«On ne peut pas recevoir plus de commandes que celles potentiellement passées. Nos concurrents souffrent davantage que nous», note-il.

«Nous avons fait le nécessaire pour assurer le futur», ajoute le fils de Stefan Kudelski, créateur du Nagra, le premier enregistreur portable.

Pour sa chance, l’entreprise vaudoise dispose de près de 800 millions de francs de liquidités, dont une part importante en fonds propres.

Malgré tout, cet incident de parcours laissera des traces. «Nous ne pouvons pas exclure des diminutions d’emplois. Notre société pourrait être amenée à céder certaines activités», précise André Kudelski. Le groupe emploie actuellement autour de 1200 salariés.

swissinfo/Ian Hamel