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Nouveau départ pour la voiture communicante

Un prototype de la marque italienne Bertone. swissinfo.ch

Refroidie par l’éclatement de la bulle Internet, l’industrie automobile développe à nouveau des véhicules connectés et multimédias.

Le Salon de l’auto de Genève a également accueilli un séminaire ad hoc organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT).

C’était en mars 2000 au Salon de l’auto. Jean-Marie Messier, alors président du groupe Vivendi, et Jean-Martin Folz, patron de PSA Peugeot-Citroën lançaient en grande pompe Wappi, le premier portail Internet multi-accès pour l’automobiliste européen. Un portail destiné à des véhicules qui seraient connectés à ses multiples services (info sur le trafic, navigation, achat de musique entendue à la radio).

Cinq ans plus tard, soit après la première crise de croissance de l’économie digitale et la chute d’une de ses figures emblématiques (Jean-Marie Messier), le constructeur automobile français revient à la charge avec, cette fois, un service plus ciblé: un système d’appel d’urgence en cas d’accident.

Lancé en France, en Allemagne et prochainement en Italie avec Inter Mutuelles Assistance, premier «assisteur» d’Europe, ce système permet de localiser précisément le véhicule et la gravité de l’accident. Alerté par un SMS envoyé automatiquement, l’opérateur appelle le conducteur et détermine ensuite le type de secours nécessaire.

Un plus pour la sécurité

De fait, la sécurité routière est l’un des grands domaines où les technologies de l’information et de la communication (TIC) feront la différence ces prochaines années. Une perspective que l’Union européenne (UE) a décidé de favoriser par des mesures incitatives.

Comme l’explique Michael Noblett, l’industrie planche actuellement sur des procédés permettant de prévenir ou de limiter l’écrasante majorité des accidents, à savoir les collisions et les sorties de route.

En cas d’embardée, par exemple, la voiture communicante de demain pourra avertir ses voisines et leurs conducteurs, selon ce responsable de l’entreprise américaine SEI information technology.

Les fabricants de voitures planchent également sur des projets leur permettant de suivre à distance l’état de leur véhicule et de déceler ainsi les pannes qui les affectent.

Toujours selon Michael Noblett, la transmission – via les réseaux de téléphonie mobile – d’informations actualisées sur les conditions de circulation (trafic, météo, etc.) constitue un autre développement important.

Un tel système – internavi – existe d’ailleurs déjà au Japon. «Cette avancée s’explique, entre autre, par la bonne collaboration entre le secteur privé et le gouvernement», souligne Michael Noblett.

La Suisse à la traîne



En Suisse, par contre, le Touring Club Suisse (TCS) – principal assisteur du pays – n’envisage pas pour l’heure de lancer ce genre de services en ligne.

Quoi qu’il en soit, pour continuer de développer la voiture communicante, les constructeurs automobiles doivent se rapprocher de l’industrie des TIC. «Aujourd’hui, ces deux secteurs n’ont guère l’habitude de travailler ensemble, voire de se parler», remarque le consultant Pierre-André Probst.

C’est également la conviction de l’Union internationale des télécommunications (UIT) basée à Genève. Raison pour laquelle l’agence onusienne vient d’organiser un atelier sur la voiture communicante. Et ce dans le cadre du Salon de l’auto.

Des entreprises comme BMW, Volvo, Nissan, PSA, Peugeot et Citroën y étaient représentées, tout comme des responsables de Motorola, Cisco, France Telecom ou Swisscom.

Comme le souligne Paul Najarian, les deux secteurs fonctionnent à des vitesses différentes. «La branche automobile met 6 à 7 ans pour industrialiser un projet. Dans le domaine des TIC, ce délai est beaucoup plus court», précise ce responsable d’ITS America, une organisation de promotion des TIC dans le domaine des transports.

D’où l’importance des rencontres comme celles qu’a organisée l’UIT, où les deux secteurs apprennent à mieux travailler ensemble.

L’interopérabilité en question

«Cette réunion a également permis d’aborder la question des normes de fabrication et de leur harmonisation», souligne, de son coté, Pierre–André Probst, ancien cadre de Swisscom.

Concrètement, il s’agit d’obtenir qu’un appareil produit par telle entreprise – par exemple un lecteur MP3 – puisse fonctionner dans n’importe quel véhicule.

«La compétition économique ne favorise pas la compatibilité des systèmes. Chaque entreprise cherche à imposer ses normes et ses standards», précise Pierre-André Probst.

Qui conclut: «C’est donc aux consommateurs d’exiger une telle harmonisation. Mais, dans le domaine des TIC, ils ne sont pas assez actifs.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Le Salon international de l’automobile se tient à Genève du 3 au 13 mars.
900 marques issues d’une trentaine de pays y sont exposées.
Il devrait attirer plus de 800’000 visiteurs.

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