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Une croissance plus saine, plus juste et plus verte

Keystone

La Conférence ministérielle de l'OCDE s'est achevé jeudi à Paris sur une déclaration qui fait la part belle au développement durable. La Suisse, de son côté, salue la confiance retrouvée mais demande que dans le domaine des paradis fiscaux, tout le monde soit mis sur pied d'égalité.

A l’heure des congratulations, Angel Gurrìa, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, ne cache pas son enthousiasme. Par le nombre et le niveau des ministres qu’il y ont délégué, les Etats ont montré l’importance qu’ils accordaient à cette réunion, tenue au cœur d’une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Et cette année, aux 30 pays qui «pèsent» ensemble près de 80% de l’économie mondiale, s’étaient joint les cinq candidats à l’adhésion (Chili, Estonie, Israël, Russie et Slovénie), ainsi que l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie, qui travaillent déjà avec l’OCDE dans le cadre de l’«engagement renforcé», qui peut constituer une antichambre de l’adhésion.

Un document politique

C’est donc d’une belle représentativité que l’Organisation peut se targuer pour cette déclaration finale. Les pays signataires s’engagent à adopter le développement durable, convaincus que la crise «peut servir de catalyseur à des réformes indispensables, qui aboutiront à des avancées aussi bien pour l’environnement que pour l’emploi et l’économie».

Léger bémol: la Chine, l’Inde et le Brésil n’ont pas signé le texte. Pas de quoi démonter Angel Gurrìa: «ils veulent d’abord bien étudier le document, il est fréquent que nous recevions des signatures quelques mois plus tard». Cette déclaration n’a de toute façon pas la force contraignante d’un traité international. Et sa mise en œuvre est du ressort des pays.

Pour l’OCDE par contre, le texte «a force de loi». «C’est un document politique, le mandat que nous donnent nos membres et qui nous dit sur quoi nous devons travailler», explique le secrétaire général de l’Organisation, dont le cœur de métier reste de fournir des statistiques et des analyses pour aider à la prise de décision.

Pour le Danois Ulrik Knudsen, vice-président de la Conférence, la déclaration est néanmoins «une première». Elle prévoit notamment d’encourager les investissements verts, la gestion durable des ressources et la suppression des subventions liées à la consommation de combustibles fossiles.

Bon espoir pour le Cycle de Doha

Le document ne parle pas pour autant que de développement durable. Il incite aussi à ne pas lever les mesures anti crise trop vite aux premiers signes de reprise, à veiller particulièrement à endiguer le chômage, à soutenir les citoyens les plus fragiles et à ne pas mettre d’entraves au commerce international.

A ce sujet, le directeur général de l’OMC Pascal Lamy, également présent à Paris, a dit son espoir de boucler le Cycle de négociations de Doha l’année prochaine. Les récentes élections aux Etats-Unis et en Inde (les deux principaux pays qui bloquaient le jeu) autorisent l’optimisme. Leurs nouveaux représentants du commerce «se sont clairement engagés» dans ce sens.

Et c’est justement à la sortie d’une réunion informelle sur Doha, suivant immédiatement la Conférence de l’OCDE que Doris Leuthard, ministre suisse de l’économie a tiré pour la presse le bilan de ses deux jours à Paris.

Tourner la page

Après la réunion de Berlin et la réconciliation avec l’Allemagne, cette semaine marque également le réchauffement entre la Suisse et l’OCDE. Angel Gurrìa a même salué les efforts de la Suisse, qui négocie à tout de bras de nouvelles conventions contre la double imposition en respectant les standards émis par son organisation.

Manifestement désireuse de tourner cette page, Doris Leuthard rappelle que le domaine fiscal est bien le seul où la Suisse a rencontré des problèmes avec l’OCDE. Et à ceux qui ont demandé que le pays se retire de l’Organisation, la ministre rappelle qu’en tant que non-membre de l’Union européenne, la Suisse a besoin de ces plateformes internationales que sont les Nations Unies ou l’OCDE.

La Suisse en vert

Concernant la «croissance verte», Doris Leuthard rappelle que le changement climatique est un problème global, et que les solutions devront être globales également.

D’où l’importance de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le climat de Copenhague, où il faudra «pouvoir intégrer tous les pays du globe dans un système de Kyoto II». En attendant, le Gouvernement suisse a élaboré deux plans d’action (pour l’efficacité énergétique et pour les énergies renouvelables, et présenté une nouvelle loi sur le CO2. .

«En Suisse, on a déjà fait beaucoup de choses notamment dans le recyclage. Je pense qu’il y a une sensibilité au fait que l’on est aussi responsables pour l’environnement, poursuit la ministre, convaincue que le système d’incitation est une bonne chose, «parce qu’il induit des changements de comportement».

«Nous allons donc continuer comme ça», conclut Doris Leuthard, qui juge important d’attaquer le chantier de l’assainissement énergétique des bâtiments, qui présente un gros potentiel de diminution des émissions de CO2 et d’économies d’énergie.

Marc-André Miserez, swissinfo.ch, Paris

Fâchée de se retrouver sur la liste grise des paradis fiscaux préparée par l’OCDE et avalisée par le G20 de Londres en avril, la Suisse avait demandé expressément que l’on ne communique plus des informations sur un pays membre à des tiers sans le consulter.

Après l’engagement écrit pris par l’Organisation, il s’agit maintenant de «calmer le jeu», tout en restant «prudents», a dit jeudi la ministre de l’Economie Doris Leuthard, qui représentait Berne à la réunion de Paris.

C’est pourquoi la Suisse maintient le blocage des 136’000 euros qu’elle doit verser à l’OCDE pour sa collaboration avec le G20. Doris Leuthard veut attendre le sommet de Pirrsburgh en septembre avant de payer, afin de vérifier que «l’OCDE et les autres pays nous traitent correctement».

Et pour que tout le monde soit sur pied d’égalité, la Suisse déposera officiellement le 1er juillet une demande de surveillance du respect des standards de l’OCDE, sous forme d’examen périodique par les pairs.

14% de la population mondiale
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