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Futurs casinos cherchent croupiers

La Suisse aura besoin de 2 à 3000 personnes pour exploiter ses futurs casinos. Keystone Archive

C'est l'automne prochain que le gouvernement suisse doit attribuer les licences d'ouverture des casinos et des écoles de croupiers s'ouvrent un peu partout dans le pays, afin de répondre à la future demande en personnel qualifié.

Sur quelque 60 sociétés candidates à l’obtention d’une licence, le gouvernement helvétique ne devrait en choisir qu’entre 20 et 25. Il accordera de quatre à huit licences à des «grands casinos» et de 15 à 20 à des établissements plus petits.

Selon les estimations les plus prudentes, l’ouverture des casinos nécessitera la création de 2 à 3000 emplois mais, jusqu’ici, les cours d’introduction des nouvelles écoles n’attirent pas les foules.

Léontine Thorrington, directrice de l’école de croupiers rattachée au Casino de Montreux, impute ce manque d’intérêt à la méfiance manifestée par beaucoup de Suisses envers un secteur si nouveau. «La difficulté provient de la nature très conservatrice des Suisses, explique-t-elle à swissinfo. Et c’est donc un défi d’autant plus grand que d’attirer les gens vers cette nouvelle profession.»

Les professionnels, à l’instar de Léontine Thorrington, sont conscients que les casinos ont toujours été considérés avec suspicion en Suisse, notamment en raison de leurs liens supposés avec des organisations criminelles et des opérations de blanchiment. «Historiquement, les casinos ont mauvaise réputation, indique Mme Thorrington, mais les vieux clichés les accusant d’être liés à la mafia n’ont en fait plus rien à voir avec la réalité de ce qui est devenu aujourd’hui une industrie comme une autre.»

C’est du reste en raison de ces préjugés que le gouvernement helvétique a mis si longtemps à mettre au point la nouvelle législation. Les électeurs suisses ont approuvé la légalisation des maisons de jeu en 1993 et, depuis, diverses commissions ont planché sur la réglementation des licences d’exploitation.

Selon la loi suisse, quiconque désirant ouvrir un casino doit être en mesure de fournir des détails précis sur l’origine de ses capitaux. Il s’agit de même de mettre sur pied toutes sortes de garde-fous pour prouver qu’il est impossible de couvrir toute opération de blanchiment. «Du reste, précise Mme Thorrington, les candidats à l’obtention d’une licence font automatiquement l’objet d’une enquête policière et, s’il y a le moindre doute, ils ne l’obtiendront tout simplement pas.»

Mais, alors que le gouvernement est toujours en train d’examiner les demandes de licence, les écoles de croupiers préparent le terrain pour le jour de l’ouverture au public des nouveaux casinos. «Nous cherchons des gens qui ont des dispositions en mathématiques et qui ont une certaine dextérité», précise Mme Thorrington.

Emmanuel Gonon, stagiaire croupier au Casino de Montreux, admet qu’il n’a pas été facile de convaincre son entourage des mérites de la profession qu’il avait choisie. «Ma famille pense que ce travail est un peu inhabituel, déclare-t-il à swissinfo. En tant que croupier, vous menez une drôle de vie: vous devez travailler de nuit et donc vous ne pouvez avoir aucune vie sociale.»

En dépit des retards pris par l’octroi des licences, et des difficultés à trouver des jeunes Suisses qui souhaitent s’embarquer dans cette nouvelle profession, Mme Thorrington est convaincue que l’industrie du casino a un bel avenir: «Je suis absolument certaine que la Suisse deviendra l’un des endroits les plus courus des joueurs. C’est un pays magnifique qui a tout à offrir. Une fois que les casinos auront prouvé leur légitimité, je suis certaine qu’ils ont de beaux jours devant eux.»

Ramsey Zarifeh

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