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Deuxième guerre mondiale: le rapport Bergier à nouveau relativisé

Ruth Fivaz-Silbermann et Serge Klarsfeld ont répondu aux questions des journalistes mercredi, à Genève. Keystone

La sortie du livre de l´historienne Ruth Fivaz révise à la baisse le nombre d´israélites refoulés aux frontières suisses. Cette étude apporte de l´eau au moulin de Serge Klarsfeld qui a toujours déploré le flou du rapport Bergier.

Présentées mercredi à Genève au Club suisse de la presse, les grandes lignes de cette publication confirment celles publiées en septembre par les Archives d’Etat de Genève. L’historienne Ruth Fivaz-Silbermann, qui était accompagnée par Serge Klarsfeld – président de l’association «Les fils et les filles des déportés juifs de France» – a mené ses recherches notamment dans les archives du département de Haute-Savoie et celles de Genève.

Justement, les archives genevoises sont les seules du pays à avoir été entièrement et parfaitement conservées. Elles ont permis de faire une liste nominale de 884 refoulés juifs à la frontière genevoise et près de 2000 refoulés civils (non juifs). Les archives des autres cantons rendent impossible un tel travail de précision.

Ce travail éclaircit la situation quant au nombre «approximatif» de refoulés juifs en Suisse, explique l’auteur. Pour elle, ce chiffre pourrait être de cinq à sept mille.

Rien à voir, par conséquent, avec le chiffre de 24 500 refoulés mentionné dans le rapport Bergier. Ce dernier s’était fondé sur le travail de l’archiviste fédéral Guido Koller établi en 1996.

En tout état de cause, l’étude apporte de l’eau au moulin de Serge Klarsfeld. Le célèbre «chasseur de nazis», qui a édité et préfacé l’ouvrage de Mme Fivaz-Silbermann – «Le refoulement de réfugiés civils juifs à la frontière franco-genevoise durant la seconde guerre mondiale» – a toujours déploré le le flou du rapport de la Commission Bergier.

Le nombre de 24 500 refoulés touche la période 1940-1945. Et la distinction entre refoulement et refoulés, ainsi qu’israélites et non israélites n’a pas été faite. Ce rapport intermédiaire ne peut donc pas affirmer que 24 500 juifs ont été refoulés.

En aucun cas, selon Ruth Fivaz, on ne peut parler de bataille d’historiens. Les différentes publications sur le sujet n’ont peut-être pas exploité toutes les archives ou sources possibles. Les différents travaux réalisés récemment permettront d’avoir de bons arguments pour s’approcher de la vérité.

Parallèlement à son étude, l’historienne attire l’attention sur la perception de la Suisse et des citoyens sur ce débat qui touche à une période douloureuse de notre histoire. La gravité de la situation ne doit pas, selon elle, se mesurer au nombre de personnes refoulées.

La reconduite de juifs à la frontière alors que la Suisse était au courant des déportations pose une question.

Jean-Louis Thomas

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