La situation des chrétiens d’Iran préoccupe l’Eglise

De retour d'une visite en Iran, une délégation de la Conférence des évêques suisses constate que les chrétiens n'y bénéficient pas de la liberté religieuse.
Cette mission a pu observer que, dans la République islamique, les chrétiens ne peuvent pratiquer leur religion qu’au sein de leurs propres communautés.
«D’un côté, les chrétiens d’Iran sont heureux de vivre dans un pays où ils peuvent pratiquer leur foi. Ils peuvent y dire la messe, prier et y avoir des églises», indique Mario Galgano, porte-parole de la Conférence des évêques suisses.
«Le problème est qu’ils ne peuvent aller au-delà. Ils ne peuvent évoquer leur foi en dehors de leur communauté. Ils n’ont pas droit à la liberté religieuse.»
En conséquence, beaucoup d’Iraniens ont des connaissances plutôt restreintes sur le christianisme et les autres religions, explique Mario Galgano.
Menée par Pierre Bürcher, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève, Fribourg et Neuchâtel, cette délégation est également partie à la rencontre de représentants de la communauté juive d’Iran.
Mario Galgano explique que la réunion n’a rien révélé de fracassant. Mais ce dernier espère davantage du trialogue de Doha, où se rencontrent cette semaine chrétiens du Moyen-Orient, juifs et musulmans. Un rendez-vous auquel participe Pierre Bürcher.
Des sujets chauds
A travers sa visite en Iran, le Groupe de travail «Islam» (GTI) répondait à une invitation de l’«Islamic Culture and Relations Organization» (ICRO). Cette semaine sur place a aussi été l’occasion de visiter certains lieux saints comme la mosquée d’Ispahan.
Au cours des discussions, la crise politique autour du nucléaire iranien et les caricatures de Mahomet ont été évoquées, indique Mario Galgano. Selon lui, les Iraniens se montrés très curieux de savoir ce que les Occidentaux pensent de leur pays.
«La situation politique est difficile et ils en sont tout à fait conscients. Ils connaissent la situation en Irak et dans les territoires palestiniens et ne veulent pas d’un troisième conflit dans la région. Ils souhaitent la paix», note le porte-parole.
«Beaucoup de journalistes iraniens ont voulu connaître notre réaction face aux caricatures de Mahomet. Nous leur avons expliqué notre point de vue: les caricatures autour de sujets religieux doivent respecter la sensibilité de croyance.»
«Mais, poursuit-il, nous leur avons aussi expliqué la réalité de la liberté d’expression, très importante non seulement pour la Suisse et l’Occident, mais pour tous les pays.»
Un premier pas
La Conférence des évêques suisses annonce qu’un livre en farsi et en anglais sera publié en Iran. L’ouvrage relatera les discussions tenues ce mois ainsi que celles menées en septembre dernier durant la visite de l’«Islamic Culture and Relations Organization» (ICRO) en Suisse.
Une fois ce livre publié, Mario Galgano s’attend à de nouvelles rencontres entre catholiques suisses et musulmans iraniens.
«Je pense qu’il est trop tôt pour dire que nous sommes plus proches d’une meilleure compréhension entre chrétiens et musulmans, nuance-t-il toutefois. Il s’est agi d’un premier pas. Nous devons poursuivre le dialogue vers ce but final qu’est la paix.»
swissinfo, Adam Beaumont
(traduction: Pierre-François Besson)
– En Suisse, le nombre de musulmans est en progression. Ils représentaient 2,2% de la population en 1990 et 4,3% en 2000.
– La plupart d’entre eux proviennent des pays balkaniques et de Turquie et sont sunnites.
– Certaines des revendications des musulmans posent régulièrement question à la société suisse: établissements de carrés confessionnels dans les cimetières, érections de minarets, mixité dans les piscines, etc.

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.