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Jacky Delapierre, l’art de séduire les meilleurs

Jacky Delapierre lors d'Athletissima 2002. Keystone Archive

Pour la 28e édition d'Athletissima, le patron du meeting lausannois a réussi à attirer les meilleurs athlètes du monde. Dont le roi du 100m Maurice Greene.

Jacky Delapierre livre sa recette à Mathias Froidevaux.

Malgré un budget beaucoup plus réduit que ses collègues des prestigieux meetings de la Golden League, le patron et initiateur d’Athletissima réussit toujours à faire venir les meilleurs athlètes du moment à Lausanne.

Confirmation cette année encore avec la participation de 13 Champions olympiques de Sydney 2000, 13 Champions du monde d’Edmonton 2001 et cinq Champions d’Europe de Munich 2002.

Toutefois, le duel tant attendu entre les deux Américains Tim Montgomery (recordman du monde) et Maurice Greene (champion olympique et du monde) sur 100m n’aura pas lieu.

Montgomerry est, en effet, retourné aux Etats-Unis rejoindre sa campagne Marion Jones après la naissance de leur fils samedi.

Beau joueur, Jacky Delapierre a envoyé ses félicitations à sprinter et à son épouse dont il espère fermement la présence en 2004.

Malgré cette défection de dernière minute, Athletissima offrira au public lausannois un plateau de premier choix. A commencer par le… 100 m avec l’affrontement entre Greene et le Champion des Etats-Unis, Bernard Williams.

swissinfo: Jacky Delapierre, comment faites-vous pour réussir, année après année, à attirer les meilleurs à Lausanne?

Jacky Delapierre: Une chose est sûre. Les athlètes adorent venir à Lausanne. Ils savent que lorsqu’ils arrivent ici, ils sont pris en charge dès leur descente d’avion.

Ils ne doivent pas multiplier les heures de déplacement, nous tenons toujours nos engagements et la piste cendrée du stade de la Pontaise est reconnue comme étant très rapide. Enfin, les athlètes savent qu’un bon résultat ici leur sert de référence ailleurs.

swissinfo: Malgré son succès populaire et sportif, Athletissima ne fait pas partie des six grands meetings de la Golden League soutenu par par l’IAAF (la fédération internationale), des regrets?

J.D.: Non, il a été décidé qu’il n’y aurait qu’un seul meeting Golden League (prize monney de 670 000 dollars) par pays donc nous savons que tant qu’il y aura celui de Zurich, ce ne sera pas nous. Et Zurich va rester encore longtemps.

D’autre part, le fait d’appartenir à la catégorie Super Grand Prix (prize monney de 450 000 dollars) nous permet d’avoir plus de liberté au niveau de l’organisation. Et cela plaît aux athlètes.

Pour la Golden league c’est l’IAAF qui gère les droits TV et qui décide des disciplines dans lesquelles des concours doivent avoir lieu. Ce sont des exemples, et il y en a d’autres.

swissinfo: Donc pas de jalousie par rapport au meeting suisse-alémanique qui a un budget de près de six millions?

J.D.: Non surtout pas! C’est vrai qu’ils font quelque chose de plus grand que nous car ils disposent aussi d’un bassin économique plus important.

Mais il faut bien voir que si Lausanne a pu arriver au niveau qui est le sien aujourd’hui, c’est aussi grâce à Zurich.

Car les partenaires commerciaux – suisses en grande majorité – s’engagent sur les deux événements car ils peuvent ainsi véhiculer leur message dans les deux parties linguistiques majoritaires du pays avec un haut niveau de compétence.

swissinfo: Comment vivez-vous les derniers jours avant le grand événement de mardi?

J.D.: Nous sommes «à fond» jusqu’au début de la première épreuve du meeting. Mais les pôles d’importances sont différents.

Les derniers jours nous devons nous assurer que tout ce que nous avons organisé en une année est bien coordonné: nous contrôlons une dernière fois que les contacts établis tant avec la technique qu’avec les sponsors fonctionnent.

Et puis bien sûr les derniers contacts avec les agents des athlètes pour vérifier les arrivées et les forfaits de dernière minute afin d’effectuer les ultimes ajustements. Avec les années et l’expérience il est plus aisé de gérer ce stress final.

swissinfo: Lorsque vous avez organisé le premier meeting Athletissima au stade Pierre de Coubertin à Vidy en 1977, pensiez-vous que votre «bébé» allait devenir ce qu’il est aujourd’hui?

J.D.: Peut-être que si je l’avais su, j’aurais hésité à m’engager. En fait, à la base, l’idée n’était pas de faire un meeting qui perdure mais bien une manifestation d’inauguration du stade.

J’ai accepté cette mission et grâce à certaines de mes relations, j’ai réussi à faire venir les meilleurs athlètes du moment qui se sont engagés par écrit.

Nous avons publié dans la presse la confirmation de leurs venues, ce qui a attiré un nombreux public. Et ce qui nous a encouragés à poursuivre sur notre lancée.

Un des grands tournants a été l’arrivée de la catégorie Grand Prix en 1984 et notre passage de Vidy à la Pontaise. En quelques années, l’athlétisme a énormément évolué et nous avons suivi cette évolution.

Aujourd’hui encore l’athlétisme se trouve à un carrefour, un changement de génération avec l’arrivée de nouveaux athlètes. C’est ce que l’on pourra déjà voir mardi à la Pontaise.

swissinfo: On sait que le Weltklasse de Zürich vit désormais sans son grand «gourou» Res Brügger. Athletissima sans Jacky Delapierre, est-ce possible?

J.D.: C’est vraiment bizarre car c’est la première année – contrairement à avant – où tout le monde me pose cette question. Je viens de passer la cinquantaine et j’ai donc encore quelques années devant moi.

Mais il est vrai que je commence à penser à me décharger un peu et à mettre en place une nouvelle structure.

Dans huit à dix ans, la mue devrait être faite. Une chose est donc sûre, je n’attendrai pas comme Monsieur Brügger à Zurich d’avoir septante ans pour passer la main.

swissinfo, Mathias Froidevaux

2,5 millions de francs de budget
Prize monney de 450 000 francs
La prime pour un éventuel record du monde sera de 25 000 dollars et un lingot d’or.
Un seul record du monde a été battu à Lausanne avec les 9”85 de l’Américain LeRoy Burrell sur 100 m il y a neuf ans déjà.

– La 28e édition d’Athletissima a une nouvelle fois réuni un plateau d’exception. Soit 13 Champions olympiques de Sydney 2000, 13 Champions du monde d’Edmonton 2001 et cinq Champions d’Europe de Munich 2002

– Le grand moment de la soirée sera le duel sur 100 m qui opposera les deux Américains Maurice Greene et Bernard Williams.

– Le meeting lausannois d’Athletissima portera pour la première fois cette année le label de Super Grand Prix.

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