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Joseph Deiss: «la force seule n’éradiquera pas le terrorisme»

Joseph Deiss est conscient de ses responsabilités mais ne prend pas les choses au tragique. Keystone

Le ministre suisse des Affaires étrangères, Joseph Deiss, préside comme prévu la réunion régionale occidentale préparatoire au Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002. Mais comment parler du développement durable quand l'actualité impose un vocabulaire de violence?

A l’ouverture de cette Conférence de deux jours, organisée à Genève pour affiner les positions européennes et nord-américaines en matière de développement, Joseph Deiss, élu président par acclamations, ne pouvait pas ne pas évoquer le contexte international créé par les attentats du 11 novembre aux États-Unis.

Dans son discours préliminaire, il dit à l’attention de ce pays la sympathie de la Suisse, sa solidarité inconditionnelle et son soutien «dans la recherche et le châtiment des auteurs de ces crimes odieux».

Une bataille contre le terrorisme et la pauvreté

Mais il ajoute aussitôt sa conviction que «les représailles et la force seules n’éradiqueront pas les racines du terrorisme (…). Il sera nécessaire d’élaborer des stratégies pour promouvoir le développement durable aussi bien que l’égalité et la justice entre les peuples en vue d’œuvrer effectivement contre la pauvreté, l’exclusion et le désespoir».

Il y a évidemment un fossé énorme entre le vocabulaire de riposte et de guerre distillé depuis deux semaines par une partie du monde et celui de lutte contre la pauvreté, de protection des ressources ou de processus démocratiques qui fait les têtes de chapitre des documents de la conférence sur le développement durable.

Dans l’interview qu’il nous a accordée, Joseph Deiss reconnaît que «ce que nous faisons ici n’a peut-être pas une portée aussi visible que les mesures qui doivent être prises en raison de l’urgence de la situation du terrorisme». Sa conviction est qu’à long terme «c’est par la racine qu’il faut traiter le mal, et non par ses effets».

Trois dossiers sensibles

La Conférence s’est donc attelée aux problèmes de fond du développement durable, tels que les perçoivent les membres de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe. Au vu de la multiplicité des situations et des intérêts de ces 55 pays répartis entre Alaska et Kamtchatka, on peut aisément comprendre que la déclaration finale attendue pour mardi après-midi ne soit pas facile à rédiger.

Lundi, les ministres présents à Genève tentaient de mettre les bouchées doubles pour venir à bout des trois derniers dossiers encore ouverts à la discussion, à savoir la mise en œuvre d’un «global deal»(un véritable partenariat impliquant tous les acteurs du développement), les modes de financement du développement durable et le fameux principe de précaution en matière d’environnement.

Joseph Deiss est bien conscient de ses responsabilités de président. Mais il ne prend pas les choses au tragique: «même si nous ne parvenions pas à éliminer toutes les divergences, nous dit-il, nous sommes encore à une année de Johannesburg et il n’est pas forcément nécessaire aujourd’hui déjà que les violons soient parfaitement accordés».

L’important, pour le ministre suisse des affaires étrangères, sera toutefois de donner un message clair et consistant: il ne faut pas, disait-il en substance lundi matin aux délégations réunies dans la grande salle des assemblées du Palais des Nations, donner aux autres continents l’impression que les pays industrialisés se préoccupent d’abord d’eux-mêmes.

Bernard Weissbrodt, Genève

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