Des perspectives suisses en 10 langues

Joseph Deiss veut faire jouer à la Suisse un rôle au Proche-Orient

En visite à Bangkok, Joseph Deiss, ici avec le Premier ministre thaïlandais, a durci le ton face à Israël. Keystone

En condamnant les pratiques de l´armée israélienne, Joseph Deiss a pris clairement position lundi à Bangkok. La situation sur le terrain pourrait inciter Berne à reporter la conférence diplomatique sur l´emblème de la Croix-Rouge prévue fin octobre.

Le ministre suisse des Affaires étrangères a déclaré que l’usage de la force par l’armée israélienne était disproportionné. Il s’agit de la première prise de position officielle suisse par rapport aux violences qui déchirent Israéliens et Palestiniens depuis le 28 septembre.

Cette prise de position tranchée peut a priori surprendre de la part d’un pays neutre. Mais elle s’inscrit dans le droit fil d’une neutralité active, prônée depuis quelques temps par la Suisse et qui met officiellement les Droits de l’homme en tête de ses préoccupations.

Reste que Joseph Deiss n’a guère pris de risques en condamnant les pratiques de l’armée israélienne, déjà stigmatisées par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière.

Répondant à une question d’un journaliste, Joseph Deiss a également déclaré que son pays était prêt à participer à une éventuelle commission d’enquête en Israël, une commission réclamée par les Palestiniens.

Mais, comme le précise Daniela Stoffel, porte-parole des Affaires étrangères, aucune demande des parties intéressées n’est parvenue à Berne. De son côté, la diplomatie suisse entretient des contacts à des échelons inférieurs sur cette question.

Selon Stéphane Dugarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, ce serait la Norvège qui pourrait jouer un rôle dans cette commission d’enquête, sur laquelle aucun accord n’était toutefois trouvé mercredi. La Suisse sera impliquée au titre d’observateur dans la session spéciale de la Commission des droits de l’homme de l’ONU sur la situation dans les territoires occupés qui se tiendra à Genève dès le 18 octobre.

Yasser Arafat pourrait participer à cette session qui, selon le voeu de la Ligue arabe, devrait déterminer les modalités d’une commission d’enquête sur les événements récents.

Mais, comme le précise le représentant de la Ligue arabe à l’ONU, l’Algérien Mohamed Salah Dembri, ces deux éventuelles commissions d’enquête seraient complémentaires. En effet, la session spéciale de la commission des Droits de l’homme s’occupera spécifiquement du droit humanitaire qui découle de la 4ème convention de Genève, alors que la commission d’enquête réclamée par les Palestiniens engage des Etats et des magistrats spécifiques.

Stéphane Dugarric précise de son côté qu’une commission d’enquête implique la collaboration de toutes les parties intéressées. Or le porte-parole de Kofi Annan doute personnellement que les Israéliens acceptent de collaborer avec une commission d’enquête imposée par la Commission des Droits de l’homme.

Quoi qu’il en soit, Stéphane Dugarric salue la disponibilité helvétique à participer à une enquête. Mais il tient à préciser que l’urgence absolue de Kofi Annan est de faire baisser la tension au Proche-Orient. Mohamed Salah Dembri se félicite également que la Suisse puisse éventuellement jouer un rôle dans cette crise.

L’ambassadeur algérien tient aussi à dissocier ce rôle de celui lié à l’engagement de la Suisse dans le règlement du contentieux autour de l’emblème de la Croix-Rouge. Autrement dit, la Suisse n’aurait pas à souffrir d’une fronde arabe, si d’aventure elle était engagée dans le règlement de la crise au Proche-Orient.

Mohamed Salah Dembri fait état au passage «d’informations qui circulent» sur le report de la conférence internationale convoquée par la Suisse pour les 25 et 26 octobre prochains et qui doit se prononcer su l’adoption d’un nouvel emblème Croix-Rouge. Côté suisse, on se borne à rappeler les consultations diplomatiques en cours pour cette conférence qui devrait permettre la reconnaissance de la société de secours israélienne par le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.

Frédéric Burnand

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision