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L’économie appuie la montée en puissance de l’UDC

Christoph Blocher est un industriel avisé; reste à savoir si cela suffit à faire un bon ministre. Keystone

Les milieux économiques suisses sont clairement en faveur d’un deuxième siège au gouvernement pour l’Union démocratique du centre (UDC).

Et c’est numériquement le Parti démocrate-chrétien (PDC) qui devrait y perdre des plumes lors de l’élection du 10 décembre.

L’économie ne mise pas tout sur un même cheval. Christoph Blocher, leader populiste de l’UDC, n’est pas spécifiquement mentionné comme le candidat préféré des milieux qui la représentent.

Christoph Blocher a beaucoup de qualités

«Le monde économique n’a pas de candidat officiel», assure à swissinfo le directeur d’economiesuisse (fédération des entreprises suisses).

«Bien sûr, Christoph Blocher a beaucoup de qualités, poursuit Rudolf Ramsauer. C’est un homme d’affaires au succès certain, très respecté dans les milieux économiques. Il est la force qui propulse son parti depuis des décennies.»

L’Union patronale suisse ne se montre pas moins prudente. Mais son président est plein d’éloges pour Christoph Blocher.

«Il a des idées claires et n’a jamais eu peur de les communiquer», constate Rudolf Stämpfli.

«Au regard du succès de son entreprise, on peut estimer que Blocher est très efficace. Un peu de l’esprit d’entrepreneur au gouvernement ferait le plus grand bien à notre pays».

Demeure la question de savoir si Christoph Blocher obtiendrait les mêmes succès comme ministre que comme businessman.

«Il mène son entreprise avec beaucoup de réussite, estime Rudolph Ramsauer. Evidemment, un ministère n’est pas une entreprise. Mais Christoph Blocher dispose de nombreux talents».

Le même Rudolph Ramsauer s’attend à ce que, s’il est élu, le tribun zurichois respecte la règle non-écrite de la collégialité au sein du gouvernement. Il parlera d’une seule voix avec ses collègues une fois les décisions prises.

«A mon avis, Christoph Blocher en est parfaitement capable et en a la volonté, poursuit le directeur d’economiesuisse. Il en fait la preuve dans les nombreuses institutions privées ou publiques auxquelles il participe».

La «formule magique» doit survivre

Reste à voir qui abandonnera un siège au profit de l’UDC. Pour economiesuisse comme pour l’Union patronale, en tous les cas pas le Parti radical (PRD), proche de leurs milieux.

«Le Parti radical est le troisième parti du pays et vient de former un groupe aux Chambres avec les libéraux, explique Rudolph Ramsauer. Il est donc fondé à conserver ses deux sièges au gouvernement».

Aux yeux de Rudolph Ramsauer, le pire scénario serait celui qui verrait l’une des deux forces politiques majeures – l’UDC ou le parti socialiste (PS) – quitter le gouvernement.

«Et le pire du pire serait un gouvernement de centre-gauche. Cela signifierait que les forces politiques qui nous sont proches se retrouveraient dans l’opposition».

Rudolph Ramsauer va plus loin. «Ce serait contre-productif, en particulier au vu des problèmes sérieux qu’il faudra régler ces prochaines années».

Economiesuisse met plusieurs actions urgentes à l’agenda. Parmi elles, la libéralisation de certains marchés et la maîtrise de «l’explosion» des dépenses de l’Etat.

L’UE reste une priorité

Les relations futures de la Suisse avec l’Union européenne et la poursuite du dialogue avec Bruxelles (Bilatérales II) sont une autre priorité de la fédération.

«Il n’y a pas d’autre voie, estime Rudolph Ramsauer. Il est clair qu’une adhésion à l’UE n’est pas envisageable dans un futur proche. Nous devons donc aborder nos problèmes mutuels au travers de négociations séparées».

Opposant affirmé à l’adhésion, Christoph Blocher a déjà averti des risques que faisait planer pour la Suisse l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux adhérants à l’Union.

Pour lui, ouvrir les frontières helvétiques mettra le système de sécurité sociale sous pression et accroîtra le chômage.

Rudolph Ramsauer concède que l’UDC se montre très «sceptique» sur la question européenne. Mais le parti n’a pas combattu l’entrée en vigueur du premier paquet des bilatérales, rappelle-t-il.

«L’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux membres est évidemment un gros débat. Beaucoup de peurs y sont associées».

«Mais ce n’est pas seulement un phénomène suisse, précise Rudolph Ramsauer. On retrouve les mêmes craintes en Autriche ou en Allemagne».

«Mon sentiment est que de la part de l’UDC, il y a là une part de mise en scène. Et que le dernier mot n’a pas été dit. Je l’espère du moins».

swissinfo, Robert Brookes
(traduction: Pierre-François Besson)

Economiesuisse est la principale fédération économique suisse
Elle regroupe 30’000 entreprises de toutes tailles
L’Union patronale suisse travaille en étroite collaboration avec economiesuisse et occupe le même bâtiment à Zurich

– Les milieux économiques suisses soutiennent l’octroi d’un deuxième siège à l’Union démocratique du centre au sein du gouvernement (7 membres).

– Ni economiesuisse ni l’Union patronale suisse n’articulent le nom d’un candidat pour occuper ce siège.

– Les deux organisations louent cependant la réussite entrepreneuriale du populiste Christoph Blocher .

– Et toutes deux s’opposent à un gouvernement où les principaux partis ne seraient pas représentés de manière juste et adéquate (l’actuelle «formule magique»).

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