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L’économie suisse est au plus mal

La consommation stagne désespérément. Keystone Archive

L’économie suisse connaîtra une récession sur l'ensemble de l'année, indique vendredi le Secrétariat d'Etat à l'économie.

La Suisse souffre de la dégradation sensible de la consommation privée et de la chute des exportations de biens et services.

En mai dernier, le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), prévoyait une stagnation de l’économie. Trois mois plus tard, c’est pourtant bien de repli qu’il faut parler.

Car selon ses nouvelles prévisions, le produit intérieur brut (PIB) se contractera de 0,3%. Si la chose se révèle exacte, la Suisse affichera sur l’ensemble de l’année son plus mauvais résultat depuis neuf ans.

Morosité persistante

Pourtant, l’annonce des services du ministre de l’Economie Joseph Deiss n’a pas surpris les experts.

En effet, les chiffres du PIB pour le quatrième trimestre 2002 (- 0,7%) tout comme ceux du 1er trimestre 2003 (- 1%) laissaient déjà présager une situation difficile.

C’est la morosité persistante de l’économie mondiale qui freine la conjoncture en Suisse. Et jusqu’à très récemment, la marche des affaires et l’état des carnets de commandes étaient «mauvais dans presque toutes les branches», relève le seco.

Dernièrement, seuls l’industrie chimique, l’administration publique, l’enseignement et la formation, la santé et le social créaient encore des emplois.

Exportations à la peine

Ce constat a poussé le groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles à revoir tous les indices économiques suisses à la baisse. Ainsi, la consommation privée ne devrait progresser que de 0,3%, contre 0,7% anticipé en mai.

«Un niveau très faible», commente Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet & Cie.

La faiblesse durable de l’économie commence aussi à peser sur la consommation privée, confirme Aymo Brunetti, chef économiste du seco. Un secteur, en principe, pourvoyeur de croissance.

Et Bernard Lambert de constater que toutes les composantes de la demande se portent mal.

Les investissements dans la construction devraient reculer de 0,5% par rapport à 2002. Ceux qui concernent les biens d’équipement devraient fondre comme neige au soleil, en contraction de 4%.

Marasme général

Il ne faudra rien attendre non plus du côté des exportations. Elles connaîtront un reflux de 0,3%, et les importations de 0,7%.

Par contre, l’inflation restera sous contrôle avec un taux prévu de 0,6% sur l’entier de l’année. Quant au chômage, il ne connaîtra pas d’embellie puisque son taux devrait atteindre 3,9%.

La Suisse ne peut donc échapper au marasme qui touche l’Europe. L’économie de la zone euro, grevée notamment par le cours de la monnaie unique, s’est affichée de plus en plus à la traîne des Etats-Unis. L’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas étant même en récession.

Le 4 septembre, le seco doit publier les chiffres du PIB pour le 2e trimestre 2003. Il apparaît désormais certain, au vu des nouvelles prévisions, qu’ils s’inscriront dans le rouge.

Ce qui veut dire que le deuxième semestre devra connaître une croissance «soutenue» pour arriver à la moyenne de – 0,3% sur l’année, selon l’expert de la banque Pictet.

Pas d’amélioration en 2004

Pour l’an prochain, le seco a aussi abaissé ses prévisions. La croissance se fixerait ainsi à 1,5%, contre une estimation préalable de 1,6%.

Pour leur part, les taux de renchérissement et de chômage s’inscriront respectivement à 0,6% et à 4%.

Le seco table sur une reprise de l’économie américaine pour soutenir la croissance mondiale, à laquelle la Suisse participera.

Un avis partagé par Bernard Lambert, qui voit dans la première économie mondiale le seul salut possible pour l’Europe et la Suisse.

swissinfo et les agences

– Le seco prévoit une contraction du PIB de 0,3%.

– La consommation privée ne devrait progresser que de 0,3%, contre 0,7% anticipé en mai.

– Les investissements dans la construction devraient reculer de 0,5% par rapport à 2002.

– Les exportations connaîtront un reflux de 0,3%, et les importations de 0,7%.

– Le chômage devrait atteindre 3,9%.

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