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L’économie suisse entre en récession

La baisse des investissements en biens d'équipement a pesé sur le PIB. Keystone

Selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco), l'économie suisse est en récession. Son produit intérieur brut (PIB) réel s'est contracté pour le second trimestre de suite.

Mais, les économistes n’excluent pas une reprise en fin d’année.

Fin 2001-début 2002, l’économie suisse s’était déjà fait très peur. Cette fois-ci, la récession est bel et bien là, selon les critères de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Celle-ci définit techniquement une récession comme un recul du PÌB durant deux trimestres consécutifs.

Au quatrième trimestre 2002, le revenu de la Suisse s’était contracté de 0,7%, après une révision substantielle des chiffres préalables (-0,7% contre 1,4% auparavant). Et pour le 1er trimestre 2003, la régression atteint 1% par rapport aux trois mois précédents. Ou 0,6% d’une année à l’autre.

Avant la Suisse, l’Allemagne et les Pays-Bas sont également entrés en récession durant ce premier trimestre. Et il s’en est fallu d’un cheveu pour l’Italie.

Forte chute des exportations

A l’échelle macro-économique, la Suisse a enregistré durant les premiers mois de 2003 une forte baisse – 9,1% – des exportations de biens et services.

Principales explications à cette régression du commerce extérieur: la vigueur du franc et la morosité conjoncturelle dans l’Union européenne (UE). Notamment en Allemagne, principal partenaire économique de la Suisse.

Cette baisse des exportations concerne d’abord les services (13,5%), largement influencés par le recul de la fréquentation des touristes étrangers. Les exportations de marchandises ont pour leur part reculé de 8%, indique jeudi le seco.

Les investissements en biens d’équipement – qui traduisent la confiance des entreprises – ont également pesé pour une baisse du PIB. Ils ont diminué de 4,4%, notamment pour les machines, les instruments de précision, les véhicules utilitaires et les avions.

Pour leur part, les ménages ont continué à soutenir le PIB. Mais cette contribution a perdu de sa dynamique. La consommation des Suisses a progressé de 1,2% par rapport au 4e trimestre 2002, surtout en lien avec le logement, la santé et l’alimentation.

Bientôt le creux de la vague

De leur côté, les collectivités publiques ont accru leurs dépenses de 1%, malgré une tendance à la poursuite des programmes d’économies à court terme.

Autre source de soutien à l’activité: les importations ont augmenté de 5,1%. Et cela surtout grâce aux produits pharmaceutiques.

Aux yeux du seco, l’économie suisse s’approche lentement mais sûrement du creux de la vague avant un probable re-décollage. S’il table sur une stagnation pour l’ensemble de l’année, le secrétariat escompte une croissance du PIB de 1,6% en 2004.

«Mais il ne faut pas attendre une rapide amélioration de la conjoncture ces prochains mois», avertit Aymo Brunneti, chef économiste au seco.

Des résultats attendus

Du coté des économistes, ces mauvais chiffres ne surprennent pas. Et cela même si les valeurs du seco sont inférieures aux attentes.

En clair, les économistes ne ressentent pas le besoin de réviser leurs prévisions.

Pour Frederic Methlow, économiste au Credit Suisse Group, si le marché intérieur a connu une évolution favorable, les exportations ont par contre fortement contribué à sa dégradation. La surprise provient donc du poids du commerce extérieur sur ce premier trimestre 2003.

Mais contrairement au seco, qui table sur une croissance nulle cette année, cet économiste attend une progression de 0,5% du PIB. Tout en indiquant qu’il faudra de toute manière attendre 2004 pour une véritable reprise.

De son côté, Reto Huenerwadel entrevoit «la lumière au bout du tunnel». Il constate un peu surpris que la consommation des ménages s’est reprise.

Par contre, si la baisse des investissements s’est nettement ralentis par rapport à fin 2002, l’évolution des exportations reste problématique aux yeux de cet économiste de l’UBS.

«A coup sûr, le début d’année ne peut pas être considéré comme réussi», indique pour sa part Michael Tschudin, de la banque privée Rüd Blass. Mais les chiffres du seco ne font que confirmer des difficultés attendues par plusieurs instituts conjoncturels.

swissinfo et les agences

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