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L’ancien président argentin Menem accusé de trafics d’armes

L'ancien président argentin, Carlos Menem. Keystone

A Genève, l'ancien président argentin Carlos Menem doit répondre d'une plainte pour "enrichissement illicite".

Président de l’Argentine de 1989 à 1999, et récemment marié à l’ancienne Miss Chili, Carlos Menem caresse l’ambition de revenir au pouvoir, dès l’année prochaine, dans un pays ravagé par la crise économique. Mais les investigations à Genève du juge Paul Perraudin risquent de lui être fatales.

Depuis quatre ans, le magistrat suisse était très occupé par le tentaculaire dossier Elf. Il vient tout juste de le boucler. Paul Perraudin s’est aussitôt plongé dans une affaire fort différente, mais sans doute presque aussi complexe.

En Croatie et en Equateur

Carlos Menem est, en effet, accusé d’avoir dirigé en 1991 et 1995, avec quatre de ses ministres, un trafic d’armes vers la Croatie et l’Equateur. Alors qu’il est déjà soupçonné d’être “le chef d’une association illicite”.

En 1991, la Croatie était soumise par l’ONU à un strict blocus de ventes d’armes. En 1995, l’Equateur se battait contre le Pérou pour un problème frontalier, et l’Argentine était garante de l’accord frontalier entre les deux pays!

Les armes auraient dû rapporter 100 millions de dollars à l’Argentine, mais le pays n’en a encaissé que quarante.

Moins de 10 millions de dollars

Deux cent personnalités sont soupçonnées d’avoir bénéficié de ces trafics d’armes. En octobre dernier, la justice genevoise bloquait deux comptes liés à des proches de l’ancien président argentin.

A savoir: un compte à l’UBS appartenant à Zulema Yoma, l’ancienne épouse de Carlos Menem, et à sa fille, Zulemita. Mais “aussi au nom de Carlos Saul Menem”, selon une note du Palais de justice.

L’autre compte est celui d’une société, appartenant à Ramon Hernandez, le propre secrétaire particulier de Carlos Menem. En tout, “un montant inférieur à 10 millions de dollars”.

Autres comptes suspects

Mais les ennuis de l’ancien président ne s’arrêtent pas là. Conséquence de la nouvelle loi sur le blanchiment: des banques auraient signalé d’autres comptes suspects.

Dans un pays en faillite, une telle somme ne peut qu’éveiller la curiosité des magistrats. “Il y a une plainte pour enrichissement illicite” contre l’ancien chef d’Etat péroniste, précise Eduardo Amadeo, le porte-parole du nouveau président argentin, Eduardo Duhalde, dirigeant du Parti péroniste, tout comme Menem.

La justice argentine vient d’ailleurs d’adresser deux nouvelles demandes d’entraides judiciaires. Elles concernent, cette fois, Alberto Kohan, ancien secrétaire général de la présidence du temps de Carlos Menem.

Alberto Kohan est également soupçonné “d’enrichissement illicite”. Selon le magazine L’Hebdo, Alberto Kohan possèderait une société minière basée aux Iles Caïmans, Argmine Investments. Cette dernière serait liée à une entreprise suisse, Cap Con, basée à Zoug.

Ian Hamel

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