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L’avenir du rallye Dakar est désormais incertain

Le désert mauritanien, un lieu de toute beauté où il est difficile d'assurer la sécurité. Keystone

Le célèbre rallye à travers le Sahara pourrait ne plus jamais avoir lieu sur le continent africain. Le Dakar a en effet été annulé vendredi en raison de menaces terroristes.

Philippe Cottet, l’un des deux motocyclistes helvétiques qui devaient partir de Lisbonne samedi pour prendre part à la course, déplore cette annulation.

Pour la première fois depuis sa création en 1979, le Dakar a été annulé vendredi. Des craintes d’attentats contre la caravane lors de son passage en Mauritanie ont eu raison de cette course qui voit s’affronter quelque 550 équipages motos, camions et automobiles.

Dans un communiqué, la société organisatrice du rallye explique sa décision en invoquant les tensions internationales, l’assassinat récent de quatre touristes français en Mauritanie et des «menaces directes venant de mouvances terroristes».

«Après différents échanges avec le gouvernement français (…) et compte tenu de ses fermes recommandations, les organisateurs du Dakar ont pris la décision d’annuler l’édition 2008 du rallye», écrit Amaury Sport Organisation. «Aucune autre décision que l’annulation de cet événement sportif ne pouvait être prise».

Deux Suisses étaient en lice

«C’est une très grande déception, sportive et personnelle, confie Philippe Cottet. Pouvoir se présenter sur la ligne de départ représente une importante somme de travail… et ce matin, on m’a dit que je pouvais rentrer à la maison.»

Pour le motocycliste de Collombey-Muraz, en Valais – l’un des deux Suisses inscrits à ce raid de 9000 kilomètres à travers le Sahara -, cette décision «n’est pas vraiment bonne car elle signifie que les terroriste ont gagné». La surprise a été de taille, d’autant plus à la veille de la course.

«Personne n’aurait pu imaginer que cela puisse se produire», ajoute Philippe Cottet, dont cela aurait été le quatrième Dakar. Agé de 36 ans, il ambitionnait de finir dans les vingt premiers.

Sur conseil de la France

C’est la France, pays dans lequel la société organisatrice a son siège, qui a déconseillé tout passage par la Mauritanie après le drame d’Aleg, où quatre de ses ressortissants membres de la même famille ont perdu la vie le 24 décembre dernier. L’assassinat a été attribué à une cellule terroriste liée à une branche d’Al-Qaïda localisée en Algérie, laquelle semble utiliser le désert mauritanien comme cachette.

Quelques jours plus tard, trois soldats mauritaniens en permanence à un point de contrôle ont également été tués. Là aussi, le soupçon porte sur des activistes liés à des groupes armés islamistes et à Al-Qaïda.

Pour sa part, Philippe Cottet regrette que les organisateurs n’aient pas donné plus de précisions sur les «menaces terroriste directes» pesant sur la course. «En tant que participant, on aurait souhaité recevoir davantage d’informations pour légitimer la décision d’annulation».

Le Dakar aurait dû commencer samedi et se terminer au Sénégal le 20 janvier. Huit étapes du rallye étaient prévues en Mauritanie. Attrait principal du raid, la traversée des savanes et du désert africains constitue en même temps le talon d’Achille de la course du point de vue de la sécurité.

En Amérique latine ?

Dans un premier temps, les autorités mauritaniennes avaient assuré qu’elles mobiliseraient 3000 militaires, policiers et agents privés pour assurer la sécurité du rallye. Le maintien de l’épreuve avait été annoncé.

Mais le gouvernement français a ensuite fait pression pour obtenir que la société organisatrice revienne sur sa décision. Vendredi, le ministre mauritanien des Affaires étrangères s’est quant à lui plaint que l’annulation n’était pas justifiée.

De son côté, la presse française estime samedi que l’avenir du rallye est fortement compromis, du moins sur le continent africain. Bien que les organisateurs aient déclaré qu’ils reviendront en 2009, les risques liés à la sécurité pourraient en effet avoir raison de leurs promesses. L’Amérique latine a notamment été évoquée pour l’an prochain.

«A l’évidence, pour ce premier événement sportif de portée internationale directement annulé pour cause de terrorisme, la montée du péril au nord du continent ne pousse pas à l’optimisme», écrit par exemple le quotidien sportif l’Equipe.

swissinfo, Simon Bradley
(Traduction et adaptation de l’anglais: Carole Wälti)

Le Dakar, anciennement connu sous le nom de Paris-Dakar, est aujourd’hui devenu le rallye Lisbonne-Dakar.

Il s’agit d’un raid d’endurance organisé chaque année par l’Amaury Sport Organisation, qui a son siège en France. Il est ouvert aux amateurs (80% des participants) et aux professionnels.

Le premier rallye a eu lieu en 1979. A l’origine, le départ était donné à Paris et l’arrivée était Dakar, au Sénégal. Pour des raisons de type politique notamment, les lieux de départ et d’arrivée ont néanmoins varié au cours des années.

Le rallye a eu lieu chaque année depuis 1979, bien qu’il ait été menacé régulièrement d’annulation pour des motifs liés à la sécurité, aussi bien des coureurs que des populations locales. Au total, 32 pilotes ont perdu la vie lors de la course et 9 enfants sont morts après avoir été heurtés par des véhicules.

Le Dakar a en outre été vivement critiqué à plusieurs reprises pour son impact sur l’environnement.

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