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L’environnement paye le prix fort

Avec une coupure de 42 millions de francs, c'est la protection des forêts qui est la plus touchée. Keystone

L'Office fédéral de l'environnement, des forêts et des paysages (OFEFP) devra biffer d'ici 2006 une vingtaine de postes, se restructurer et abandonner plusieurs activités.

Avec une coupe budgétaire de 17 %, il est frappé plus durement que le reste de l’administration fédérale.

Selon le programme d’allégements décidé à la session d’automne du Parlement fédéral, la cure d’amaigrissement sera presque trois plus drastique à l’OFEFP que dans les autres offices (6% en moyenne).

Concrètement, cela représente 104 millions de francs en moins dans les caisses de l’OFEFP. A noter que les élus sont même allés plus loin que le gouvernement qui demandait une réduction de 90 millions de francs.

Suppressions de postes



En 2006, le budget de l’office sera donc réduit à 610 millions, dont 130 millions – des taxes d’incitation notamment – ne peuvent être utilisés, mais doivent être redistribués.

Cette diminution du budget aura logiquement des effets sur l’emploi. Vingt postes sur les quelque 270 que compte l’office disparaîtront d’ici fin 2005, ce qui représente une réduction de 7%. Ces licenciements devraient permettre d’économiser 2,3 millions de francs.

L’OFEFP sera en outre réorganisé. Le nombre de ses divisions passera de quatorze à treize et la structure sera simplifiée.

Cet aménagement doit répondre à la nouvelle philosophie d’une meilleure intégration des acteurs humains (par exemple les chasseurs à la protection de la nature) d’après le directeur de l’office, Philippe Roch.

Forêts en ligne de mire



Concernant les économies sur les activités, certaines ont déjà été fixées par le Parlement. La gestion des forêts sera ainsi privée de quelque 42 millions de francs. Principale cible: les forêts exploitables qui ne recevront que 27 millions au lieu de 57 millions.

Fin janvier, l’OFEFP avait déjà annoncé, en présentant son nouveau programme forestier, sa volonté de se concentrer sur les forêts protectrices et d’accorder davantage d’autonomie à l’économie. Selon les calculs de l’office, la suppression des mannes fédérales et cantonales dans ce domaine menace 700 à 800 emplois.

Toute une batterie de mesures



Parmi les domaines où le Parlement a prévu des coupes figurent également les stations d’épuration et les installations de traitement des déchets (- 39 millions), l’assainissement des débits résiduels (- 7 millions) et les subventions pour la nature et le paysage (- 4,5 millions).

Pour le reste, l’office a dû abandonner certaines tâches. D’où des modifications législatives sur lesquelles le gouvernement se penchera d’ici l’été. L’OFEFP va ainsi supprimer toute activité de surveillance dans le domaine des réservoirs, déléguant notamment cette responsabilité aux privés. Economie: un million.

La coupe sera du même ordre dans le programme concernant les grands prédateurs. L’OFEFP va se concentrer sur la protection des troupeaux, aux dépens du suivi des loups et des lynx.

En réduisant ses activités dans l’observation du bruit et du rayonnement ionisant, dans la recherche, dans les conseils et les relations publiques, il économisera plus de 7 millions.

L’office n’apportera plus de soutien direct aux écoles pour l’éducation à l’environnement. Un million de francs seront coupés dans les affaires internationales avec notamment une réduction des travaux des secrétariats des conventions environnementales à Genève.

La protection des géotopes sera abandonnée. Enfin, l’homologation des brûleurs et chaudières ne se fera plus sur la base d’une expertise fédérale, mais d’exigences européennes.

Inquiétudes pour l’avenir

Avec des moyens limités, l’office devra se concentrer sur ses priorités, a expliqué, mercredi devant la presse, son directeur Philippe Roch. Il n’est reste pas moins que cette diminution du budget est un coup dur.

Le directeur de l’office regrette en particulier de devoir renoncer à apporter un soutien direct aux projets scolaires d’éducation à l’environnement, ainsi que de réduire le soutien à la coopération internationale.

«Je me fais du souci pour la qualité de la protection de l’environnement», a encore déclaré Philippe Roch. En effet, en cas de crise ou de nouveaux problèmes, la situation pourrait devenir difficile.

Une situation d’autant plus pénible qu’elle pourrait encore empirer. Le gouvernement prévoit en effet un nouveau plan d’assainissement de 2,5 milliards de francs.

Mais Philippe Roch s’est refusé à tout commentaire à propos de ce nouveau plan d’assainissement, avant que le gouvernement n’en discute en juin. Il a toutefois estimé que les critiques du Parlement n’étaient plus aussi fortes contre son office.

swissinfo et les agences

Le budget de l’OFEFP diminuera de 104 millions en 2004.
Cela représente une diminution de 17%.
20 postes sur 270 seront supprimés d’ici fin 2005.

– Le programme d’allègements a été accepté par le Parlement en décembre 2003.

– Les économies seront de 1,006 milliard de francs en 2004, de 2,079 milliards en 2005 et de 3,034 milliards par an dès 2006.

– La dette de la Confédération frise les 122 milliards. Et la situation ne va pas en s’améliorant: le budget 2004, accepté de justesse par les Chambres, prévoit un déficit de 3,5 milliards.

– Les coupes budgétaires peinent à enrayer l’endettement. Le ministère des Finances prévoit que le déficit annuel sera encore de 2,5 milliards de francs par an en 2007.

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