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L’Espagne championne au bout d’un Flamenco de rêve!

Keystone

L'Espagne est championne d'Europe! Sur la pelouse du Stade Ernst-Happel, la Seleccion a mis un terme à quarante-quatre ans d'attente et de frustration en battant l'Allemagne (1-0). Viva España!

Vienne. Il est 22h52 en ce dimanche 29 juin. Dans les lumières des projecteurs et des flashes qui crépitent, le président de l’UEFA, Michel Platini, remet la toute nouvelle Coupe Henri Delauney (fondateur du tournoi) au capitaine espagnol Ilker Casillas ivre de bonheur.

Quelques heures plus tôt, ce dernier martelait encore que «la finale ne serait belle qu’en cas de victoire».

Rarement présente lors des grands rendez-vous. Titrée uniquement en 1964, la Roja attendait ce moment, cet instant béni, depuis longtemps. Très longtemps.

Elle avait bien cru le moment venu en 1984, avant qu’un coup franc assassin de… Michel Platini ne pousse le gardien Luis Arconada à la faute; et l’Espagne en enfer.

Quarante-quatre ans d’attente pour cette consécration. Invaincue de toute la compétition, l’Espagne exulte et savoure un sacre mérité.

Un seul but pour gagner

Un but, un petit but, de Fernando Torres a suffi à son bonheur. Suffi à battre une Mannschaft combattive, comme à son habitude, et dangereuse jusque dans les derniers instants de la rencontre.

Idéalement lancé par Xavi à la demi-heure de jeu, le blond attaquant de la Roja prenait le meilleur sur son défenseur (Lahm) avant de piquer subtilement le ballon et de devancer la sortie du gardien Lehmann.

Quelques secondes plus tôt, il n’avait trouvé que le poteau des buts allemands sur une magnifique tête piquée. Rageant. Mais cette action marquait, enfin, le réveil des joueurs espagnols – manifestement crispés par l’enjeu en début de rencontre.

Après trois minutes de jeu déjà, l’Allemand Klose ne se ménageait-il pas une première occasion dangereuse? Imité par son capitaine Michael Ballack – annoncé blessé mais bien présent – qui s’illustrait sur une reprise de volée de toute beauté.

A l’heure de jeu, c’est Ballack encore qui menait la révolte germanique et envoyait un missile peu à côté de la cage espagnole. Mais cette fois, la force mentale légendaire des Allemands ne suffira pas à renverser le cours du jeu.

Pire. Iniesta, deux fois, et surtout Senna à dix minutes de la fin du match, auraient pu aggraver la marque et permettre à leur équipe de vivre une fin de rencontre plus tranquille. Mais le suspense est tellement plus agréable… surtout si l’on finit par l’emporter. Toute l’Espagne se délecte.

«L’Espagne est un beau vainqueur qui n’a volé personne. C’est mérité car c’est le sacre du football offensif, de la vitesse et de la technicité. Cette victoire détruit un peu le mythe de l’Allemagne qui gagne et celui des joueurs de très grande taille. Cela donne au football une autre dimension», analyse l’ancien international et entraîneur Umberto «Bertine» Barberis.

Et le consultant de swissinfo durant cet Euro de conclure: «les Allemands ont mis de la pression dans les deux quarts d’heure du début de match et juste après la mi-temps, mais ils ont péché au niveau des balles arrêtées. Et Fernando Torres a tout simplement marqué un but qui est une pure merveille. Je dois encore souligner l’excellent coaching de l’entraîneur Aragonés qui a fait tout juste».

Un match d’oppositions

Allemagne – Espagne. Au-delà du match, de la victoire et de la défaite, cette affiche inédite a valu par l’opposition totale des deux équipes.

Opposition de style tout d’abord (même si le dispositif sur le terrain en 4-2-3-1 est identique) entre une Espagne conquérante et pratiquant un football porté vers l’offensive tout au long du tournoi et une Allemagne plus … calculatrice.

Un match d’entraîneurs, aussi, eux qui appartiennent à des générations différentes: le ‘vieux’ Luis Aragonés (70 ans) et le ‘jeune’ Joaquim Löw (48 ans).

Un match de palmarès, enfin, entre celui des Allemands – impressionnant – avec sept finale de Coupe du monde pour trois victoires (1954, 1974, 1990) et cinq finales d’Euro pour autant de victoires (1972, 1980 et 1996) et celui des Espagnols – plus pâlichon – avec deux finales d’Euro pour une victoire (1964) et une défaite (1984).

Avec désormais deux sacres, pour l’Espagne… tout va mieux.

swissinfo, Mathias Froidevaux

Stade Ernst Happel, Vienne. 51 428 spectateurs. Arbitre: Rosetti
(It). But: 33e Torres 0-1.

Allemagne: Lehmann; Friedrich, Mertesacker, Metzelder, Lahm (46e
Janssen); Frings, Hitzlsperger (58e Kuranyi); Schweinsteiger,
Ballack, Podolski; Klose (79e Gomez).

Espagne: Casillas; Sergio Ramos, Puyol, Marchena, Capdevila;
Senna; Iniesta, Xavi, Fabregas (63e Xabi Alonso), Silva (66e
Cazorla); Torres (78e Güiza).

La finale entre l’Espagne et l’Allemagne a mis un terme aux 13e Championnat d’Europe de football.

Le tournoi, fondé par le Français Henry, a été organisé pour la première fois en 1960 (victoire de l’URSS sur la Yougoslavie 2-1).

L’Allemagne est l’équipe la plus titrée avec trois victoires (1972, 1980 et 1996)

La France (1984 et 2000) et l’Espagne (1964 et 2008) ont remporté le trophée à deux reprises

Avec un sacre, l’Italie (1968), la Tchécoslovaquie (1976), la Hollande (1988), le Danemark (1992) et la Grèce (2002).

En 2012, l’Euro sera organisé par l’Ukraine et la Pologne.

Privés de la finale sur leur territoire, les Suisses l’ont suivie tout de même pleinement. Les fanzones des quatre villes hôtes étaient remplies de supporters.

Peu étaient neutres, la plupart arborant un maillot, une écharpe ou un drapeau allemand ou espagnol.

La fanzone de Genève, où s’étaient massés 40.000 à 45.000 personnes, était clairement à l’avantage des Espagnols. Ceux-ci l’emportaient légèrement à Berne, alors que les fanzones de Bâle et Zurich, proximité de la frontière oblige, vibraient plutôt aux couleurs germaniques!

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