Des perspectives suisses en 10 langues

L’est de l’Ouzbékistan, une région à éviter

Les soldats ouzbeks ont tiré sur la foule. Zone à haute tension. Keystone

La zone étant en proie à la violence, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) déconseille aux voyageurs de se rendre dans la vallée de Fergana.

Cette région largement soutenue par l’aide au développement suisse est le théâtre d’une révolte contre le régime du président Islam Karimov.

Le DFAE estime que «l’évolution de la situation est incertaine» dans l’est de l’Ouzbékistan, là où vendredi, des affrontements ont commencé entre l’armée ouzbèke et des insurgés.

«Il est déconseillé jusqu’à nouvel avis d’entreprendre dans la vallée de Fergana des voyages touristiques ou autres qui ne présentent pas un caractère d’urgence», indique le département. Qui ajoute: «Il est recommandé de faire preuve d’une vigilance accrue et de la plus grande prudence dans le reste du pays».

Le DFAE demande aussi d’éviter les zones frontalières du sud-ouest du Kirghizistan, limitrophes de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, où un climat d’insécurité persiste après les violences de mars dernier.

La Suisse exprime sa grande préoccupation face aux violences actuelles. Par la voix du DFAE, elle a déploré samedi «les nombreuses pertes humaines dues à une répression violente exercée par les forces ouzbèkes à l’encontre des foules civiles».

La Suisse condamne tout recours à la force et appelle les parties à renoncer à la violence. Elle entend également «réexaminer» son aide au développement à ce pays.

Toujours selon le DFAE, l’ambassade suisse à Tachkent suit avec attention l’évolution de la situation. Elle est en contact avec la quarantaine de Suisses immatriculés auprès de ses services et présents dans la région.

Grave crise

L’Ouzbékistan connaît l’une de ses plus graves crises internes depuis l’accession au pouvoir en 1991 de son président, qui dirige ce petit pays d’Asie centrale d’une poigne de fer.

Vendredi, le soldats avaient tiré à plusieurs reprises sur une foule de plusieurs milliers de personnes rassemblées devant le siège de l’administration régionale d’Andijan, quatrième ville du pays (quelque 3000’000 habitants sur les 26 millions que compte le pays).

Décidée à reprendre le contrôle du bâtiment administratif aux mains des insurgés depuis la nuit de jeudi à vendredi, l’armée a apparemment tué plusieurs dizaines de manifestants. Dix soldats ont également fait les frais de cette opération, a indiqué le président lui-même.

Cette période de trouble a commencé avec le procès de 23 personnes que le pouvoir accuse de propager des idées islamistes radicales. Le travail de la presse est rendu très difficile sur place, les journalistes travaillant pour les médias internationaux ayant été priés de plier bagages samedi.

L’eau comme priorité

L’Ouzbékistan – et la vallée de Fergana surtout (huit millions d’habitants) – est largement soutenu par l’aide au développement helvétique. Cette année, 11,5 millions de francs sont consacrés à des projets sur place. C’est légèrement moins que pour les Kirghizistan et Tadjikistan voisins.

Ce montant – 9 millions pour le développement économique et 2,5 pour la coopération technique – permet de répondre à une première priorité: l’amélioration des infrastructures de base. Et tout particulièrement l’assainissement de l’eau, indique l’ambassadeur du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) Jörg Reding.

Sur place, la Suisse oeuvre également pour l’application du principe de bonne gouvernance. Le seco appuie le développement de l’entreprise privée (PME surtout) et la DDC encourage des programmes de formation professionnelle, de promotion de la santé et de la culture.

Soutien accru

Petit retour en arrière. Entre 1993 et la fin 2001, l’Ouzbékistan avait reçu quelque dix millions de francs de la Suisse à titre de soutien technique, financier et humanitaire.

Mais après les voyages des ministres Kaspar Villiger (2000) et Joseph Deiss (2002), un développement substantiel de la coopération a été décidé. Il se monte au total à 35 millions entre 2002 et 2006.

Ce soutien a au moins une explication. L’Ouzbékistan fait partie du groupe de vote que la Suisse représente au sein du FMI et de la Banque mondiale. Cet «Helvétistan» comprend aussi la Pologne, l’Azerbaïdjan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et la Serbie-Monténégro.

Pour rappel, les deux institutions de Bretton Woods avaient créé deux sièges supplémentaires dans leur Conseil d’administration après l’éclatement de l’Union soviétique. La Russie en a obtenu un. L’autre étant revenu en 1992 à l’Helvétistan.

swissinfo et les agences

Ouzbékistan:
Surface: 447’000 km2
Population: 26 millions d’habitants
Indépendance déclarée le 1er septembre 1991
Le seco et la DDC s’y engagent depuis 1995
Cette année, la Suissse versera 11,5 millions de francs d’aide au développement

– Le DFAE conseille d’éviter l’est de l’Ouzbékistan à moins de raisons urgentes. Sur place, les soldats ont tiré sur la population manifestant contre le régime.

– Le sud du Kirghizistan doit aussi être évité. Des manifestations avaient eu lieu en mars, aboutissant au renversement du président Akaiev.

– La vallée de Fergana située entre les deux pays d’Asie centrale est systématiquement soumise à de fortes tensions.

– L’aide au développement suisse est active sur place. La Suisse représente les deux pays au FMI et la Banque mondiale.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision