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L’Euro se joue sans les affaires espérées

Keystone

Le mauvais temps et l'élimination de l'équipe suisse durant la première moitié du tournoi ont douché les espoirs économiques des commerçants des quatre villes-hôtes de l'Euro 2008 en Suisse. Mais à six jours de la fin du tournoi, on veut encore y croire.

Une étude publiée en 2007 avait prédit 1,5 milliard de francs de recettes grâce à la tenue de l’Euro 2008 par la Suisse et l’Autriche. Jusqu’ici, la plupart de ceux qui avaient escompté remplir leurs caisses ont dû déchanter.

La «Fan Mile» de Zurich, ou boulevard des fans, est devenue sans le vouloir le «boulevard qui bâille» pour ses vendeurs de plats cuisinés et de boissons. Après avoir dû débourser 15’000 francs pour leur emplacement, ils se battent pour dégager du bénéfice sur leurs dépenses durant la deuxième moitié du tournoi.

Selon le bilan intermédiaire publié pour Zurich le 18 juin, la Fan Zone avait de son côté attiré quelque 450’000 personnes. Ces visiteurs ont dépensé plus de trois millions de francs pour se restaurer tout en regardant un match sur écran géant. Mais les pluies discontinues du début du tournoi en ont découragé plus d’un de se réjouir – ou de noyer leurs chagrins – dans les cafés et bars des quartiers alentours.

Les magasins fixes situés dans la zone du boulevard des fans se sont en outre bruyamment plaints des restrictions de trafic imposées les jours de match. La municipalité s’attend à des demandes de dédommagement.

Mais le maire de Zurich Elmar Ledergerber n’éprouve pas beaucoup de sympathie pour ceux qui se plaignent du mauvais temps. «Les commerçants doivent porter le risque de météo défavorable tout seuls.»

Menaces de procès à Genève

A Genève, certains vendeurs ont payé 36’000 francs pour un stand. Ils menacent de porter plainte contre les organisateurs. La Fan Zone de la ville du bout du lac a attiré 335’000 personnes jusqu’à mi-juin, mais un autre site destiné aux supporters, le Bout du monde, n’a séduit que 11’500 visiteurs.

Du côté des organisateurs genevois, on se félicite pourtant de la qualité de la prise en charge et on va jusqu’à évoquer la pertinence d’une candidature aux Jeux Olympiques. Une perspective qui n’enthousiasment pas forcément tous les hôtels et restaurants.

Attentes exagérées

«Comme toujours lors de manifestations sportives d’envergure, une majorité de cafés sont désertés pendant les matches du championnat d’Europe de football», constate Laurent Terlinchamp, secrétaire de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève.

Selon lui, seuls les hôtels qui ont déployé un marketing ciblé sur les supporters au moyen d’écrans géants dégagent du bénéfice durant cette période. Les autres ont bien hébergé des fans, mais cela n’a fait que compenser la perte des clients habituels dissuadés de venir à cause du tournoi, précise Laurent Terlinchamp.

Bâle à la peine aussi

A Bâle aussi, la météo pluvieuse a eu des conséquences, malgré la plus-value offerte par la présence de l’équipe suisse pendant la phase de jeu des groupes. La Fan Zone principale n’a enregistré que 250’000 visiteurs et des ventes très en-dessous des attentes.

Près de Liestal, capitale du demi-canton de Bâle-Campagne, un stade provisoire pouvant accueillir jusqu’à 65’000 spectateurs n’en a vu que 16’000. Le site est resté pratiquement vide pendant cette première moitié de tournoi.

«De nombreuses entreprises subissent une grosse désillusion parce qu’elles avaient beaucoup misé sur des recettes extraordinaires, comme cela a été le cas dans les zones de fans en Allemagne pendant la Coupe du monde de 2006», explique Simon Dürrenberger, porte-parole des organisateurs de l’Euro à Bâle.

Il se dit aussi déçu que de nombreux supporters suisses aient préféré rester à la maison plutôt que d’affronter les éléments pour soutenir leur équipe. «J’espère que les supporters hollandais et allemands ont pu montrer aux Suisses comme on fait la fête du football», dit-il.

Berne, ville orange

Ce sont bien sûr les Hollandais qui ont marqué les esprits jusqu’à leur élimination par la Russie samedi soir à Bâle. Lors des matches de groupe, ils ont transformé Berne en ville orange et ont considérablement dopé les ventes de bière, restées relativement stables dans d’autres villes.

«Le chiffre d’affaires a été bon, mais pas extraordinaire, relativise Bernhard Bögli, porte-parole de l’association des commerçants bernois. Les plus grands gagnants sont les restaurants et les stands de restauration. L’impact sera néanmoins sûrement sensible à long terme car de nombreux visiteurs ont eu une bonne impression de la ville de Berne et reviendront.»

Le temps affichant enfin des températures plus estivales, les villes-hôtes devraient logiquement annoncer de meilleurs résultats lors du bilan final de l’Euro 2008.

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction et adaptation Ariane Gigon)

Du 7 au 29 juin, la Suisse co-organise l’Euro 2008 de football avec l’Autriche.

Quatre villes suisses – Zurich, Bâle, Genève et Berne – ont accueilli des matches pendant la phase des groupes. La Suisse a été éliminée après avoir perdu ses deux premiers matches.

Bâle, dont le stade a les plus grandes capacités de spectateurs, a aussi accueilli deux quarts de finale (Portugal-Allemagne et Pays-Bas-Russie). La demi-finale Allemagne-Turquie s’y déroulera le mercredi 25.

La finale aura ensuite lieu à Vienne le 29 juin.

Au total, le tournoi devait attirer 5,4 millions de supporters en Suisse, dont 1,4 millions en provenance de l’étranger.

L’UEFA prévoit des bénéfices de 1,1 milliard de francs. Une étude suisse a tablé sur des retombées économiques de 1,5 milliard de francs grâce à l’Euro 2008.

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