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L’Euro selon Ludovic Magnin

Ludovic Magnin (à droite) lors d'un match de «Bundesliga» avec son club, le VfB Stuttgart, ici contre Karlsruhe SC, le 23 février 2008. Keystone

Si Ludovic Magnin n'est pas reconnu comme un artiste du ballon rond au sens mythique du terme, ses qualités en font un joueur dont la valeur de transfert atteint 3,5 millions d'euros! Sa volonté et son inépuisable énergie lui donnent une force qui semble inébranlable.

Ludovic Magnin est de ces joueurs qui peuvent retourner une situation au dernier moment. Son énergie et sa passion ne sont pas seulement connues des adversaires, mais aussi des arbitres.

swissinfo: Vous êtes régulièrement averti par les arbitres pour vos explosions de colère sur le terrain. Vous ne parvenez toujours pas à maîtriser vos nerfs?

Ludovic Magnin: Il est vrai que je reçois davantage de cartons jaunes pour ce que je dis que pour mes fautes de jeu. Sur le terrain, je suis très extraverti et je ne peux pas m’empêcher de «l’ouvrir». Si je ne pouvais pas le faire, mon jeu ne serait pas le même.

swissinfo: L’avertissement est presque toujours jaune, quasiment jamais rouge. C’est parce que vous savez reconnaître les limites de tolérance des arbitres?

L. M. : Lorsque je râle et que j’ai un échange vif avec l’arbitre pour exprimer ma colère, je dis des mots que l’on n’ose pas utiliser. Je n’ai jamais reçu de carton jaune en Allemagne. En Suisse, en revanche, j’ai dû quitter le terrain deux fois à cause d’une faute «de dernier recours», comme on dit.

swissinfo: On vous entend aussi beaucoup à l’entraînement. Vous aimez rire et raconter des plaisanteries. Vous avez manifestement du plaisir dans l’exercice de votre métier!

L. M. : Quand j’étais blessé et que je devais faire, pendant des heures, des exercices bien précis, quand je ne pouvais faire que du vélo et pas de football, je peux vous dire que je n’avais aucun plaisir! Et ce matin, lors du test de condition physique, je vous assure que personne ne rigolait. J’ai du plaisir quand je joue et que je gagne. Sans plaisir, on n’arrive à rien en football.

swissinfo: Quand votre équipe perd, vous ne baissez pas la tête. Au contraire, vous vous démenez encore plus. D’où vous vient cette motivation?

L. M. : Avoir la chance de jouer à ce niveau et pouvoir représenter son pays devant tant de spectateurs représente une grande motivation. Je suis fier que les gens disent que je suis capable de tirer toute une équipe.

Je le dois à mon talent, mais aussi à ma volonté. En football, beaucoup de choses passent par la tête. Si on n’est pas bien dans sa tête, on n’est pas bien non plus dans ses chaussures.

swissinfo: D’où vient le fait que vous gardez la tête froide malgré vos succès? En tant que joueur professionnel, vous suivez aussi un entraînement mental?

L. M. : Je ne suis pas très fan de psychologie du sport et de ce genre de choses. Je n’ai pas eu du succès tout de suite, j’ai dû me battre très durement, pas à pas. L’art du football consiste aussi à pouvoir se déconnecter après les succès pour se motiver vers un nouvel objectif.

swissinfo: Motiver des joueurs habitués au succès à s’enthousiasmer pour de nouveaux objectifs, c’est aussi l’art de l’entraîneur. Est-ce une force de l’entraîneur de l’équipe nationale suisse?

L. M. : Mesuré à ses succès, Köbi Kuhn est le meilleur entraîneur que l’équipe nationale suisse ait jamais eu. Il a énormément de qualités. Quand je suis arrivé dans le cadre A en 2000, il y a avait une toute autre ambiance.

Köbi Kuhn a réussi à instaurer une super-ambiance. Et dans les mauvaises périodes, par exemple quand nous avons perdu quelques matchs amicaux, il est resté calme et a continué à nous faire confiance. Ça aussi, c’est un art.

swissinfo: Et quels sont les aspects qu’il maîtrise moins bien?

L. M. : Il y a quelques années, j’aurais répondu «parler en français». Mais entretemps, il l’a appris.

swissinfo: Vous avez déjà réalisé plusieurs de vos rêves. Le dernier, pas encore réalisé, est un titre de champion européen. Vous en rêvez seulement ou vous y croyez vraiment?

L. M. : Bien sûr que j’y crois! Ces derniers temps, dans des situations décisives, nous n’avons perdu contre aucune grande nation du football. Nous avons des joueurs extraordinaires et je ne vois aucune raison de penser que nous n’aurons pas de succès. Si le peuple est avec nous, nous avons un joueur de plus et il sera difficile de nous battre.

Interview swissinfo: Peter Siegenthaler, Stuttgart
(Traduction Ariane Gigon)

Né en 1979, 1m85, 76 kilos.

Enfance à Echallens, Vaud, dans une «famille où tout le monde est fou de football». Le papa a joué en première ligue et la maman dans l’équipe féminine du village.

Formation et diplôme d’instituteur.

Marié à Chantale, deux fils, Nicos (2002) et Thierry (2006).

Vit avec sa famille depuis plus de deux ans à la périphérie de Stuttgart.

1998-2000: FC Yverdon Sport.

2000-2001: FC Lugano.

2002-2006: Werder Bremen. 2004: champion allemand et vainqueur de la Coupe.

Depuis 2006 au VfB Stuttgart. 2007: champion allemand. Valeur de transfert: 3,5 millions d’euros.

Depuis 2000, membre du cadre A de l’équipe nationale suisse. Lors du championnat du monde de 2006, il a marqué le but égalisateur avec la France (1:1).

Surnom: «Magnator».

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