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L’extradition de Pavel Borodine arrange bien les Etats-Unis

L'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis avait tenté de défendre Pavel Borodine devant le juge de Brooklyn. Keystone

Pour l'ancien intendant du Kremlin accusé de blanchiment d'argent et d'appartenance à une organisation criminelle, c'est donc la fin d'un chapitre américain humiliant. Un chapitre qui se termine au grand soulagement de la nouvelle administration Bush.

Tout du long, l’épisode américain de la saga Borodine aura été marqué par une certaine cocasserie. Après tout, le 17 janvier dernier, l’ex-intendant du Kremlin débarquait à New York pour assister à l’investiture de George Bush.

Au lieu d’aller aux bals organisés en l’honneur du nouveau président des Etats-Unis, l’ami de Boris Eltsine est allé en prison, frappé d’un mandat d’arrêt délivré par la justice suisse.

Apparemment sous le choc, Pavel Borodine sera même admis à l’hôpital de Brooklyn, où, selon la Pravda, il aurait été constamment menotté à son lit.

Comparaissant devant un juge new-yorkais peu disposé à s’émouvoir, Pavel Borodine a été défendu par l’ambassadeur de Russie en personne, qui a attribué à l’accusé un “rôle vital dans les affaires de l’Etat russe”.

Pour tenter de persuader de cette importance, l’ancien intendant du Kremlin a d’ailleurs été nommé, en son absence, secrétaire de la nébuleuse Union Russie-Bélarus. Mais devant l’échec d’une intervention du président Vladimir Poutine auprès de George Bush, M. Borodine a renoncé à contester la demande d’extradition de la Suisse.

L’administration Bush est soulagée. Un long procès d’extradition aurait aggravé les tensions déjà nombreuses entre les Etats-Unis et la Russie. Des affaires d’espionnage aux expulsions de diplomates, en passant par le projet américain de bouclier anti-missiles et les ventes d’armes russes à l’Iran ou la Chine.

Par ailleurs, le ton de George Bush envers la Russie a changé, face à ce qu’il est convenu d’appeler la raison d’Etat. Pendant sa campagne électorale, George Bush avait en effet dénoncé le détournement de fonds publics par certains membres de l’élite au pouvoir à Moscou.

Lors d’un débat télévisé, le candidat Bush avait même accusé nommément Victor Tchernomyrdin, ce qui lui avait valu des menaces de procès de la part de cet ancien Premier ministre russe.

Mais devenu président, M. Bush s’est rangé à l’attitude adoptée par toutes les administrations américaines depuis la chute du mur de Berlin, une attitude consistant à ne pas braquer les projecteurs sur la corruption mafieuse qui accompagne l’essor du capitalisme dans l’ancienne Union soviétique.

Marie-Christine Bonzom, Washington

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