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L’Italie veut la tête de l’ex-brigadiste tessinois Baragiola

Alvaro Baragiola Schweiz Tourismus

L'ancien membre des Brigades rouges italiennes, le tessinois Alvaro Baragiola, va au devant d'ennuis judiciaires. Libéré début octobre, après quatre mois de détention en Corse, Baragiola multiplie depuis Paris des révélations provocatrices.

Au lieu de se faire oublier, Alvaro Baragiola provoque le monde politique italien avec les déclarations, faites il y a quelques jours, au journal Corriere Della Sera. De Paris où il se trouve, l’ex-militant que l’Italie traque depuis une vingtaine d’années a raconté qu’en 1980, le parti communiste (PCI) – aujourd’hui dissous – l’avait aidé à se réfugier en Algérie.

Baragiola, qui s’appelait alors Lojacono du nom de son père et était encore italien, avait été condamné à 16 ans de réclusion pour sa participation à l’assassinat d’un étudiant grec d’extrême droite.

Les propos du Tessinois – en 1986, il est devenu Suisse par sa mère dont il a adopté le nom – ont eu l’effet d’une bombe parmi les partis italiens engagés dans une âpre bataille préélectorale.

La droite crie au scandale et demande à la gauche – notamment à D’Alema, Veltroni et Cossuta, anciens membre du PCI – de rendre des comptes. La gauche rétorque qu’elle n’a rien à se reprocher.

Entre-temps, la commission chargée des enquêtes liées au terrorisme a décidé de se rendre en France pour y interroger l’ancien membre des BR. Le Ministère de la justice va soumettre une nouvelle demande d’extradition à la France et, mercredi soir, le premier ministre Giuliano Amato a annoncé qu’un mandat d’arrêt a été émis contre le Tessinois.

L’affaire est d’autant plus mal partie pour Alvaro Baragiola que le Parquet de Bastia a recouru contre le tribunal de cette ville, qui l’a remis en liberté, le 11 octobre dernier, après avoir refusé de le livrer à l’Italie.

Autre tuile: le procureur général tessinois, Luca Marcellini, n’exclut pas, dans une interview à la Télévision Suisse italienne, d’ouvrir une nouvelle procédure pénale contre Baragiola. Ceci pour son implication dans l’enlèvement, le 16 mars 1978, d’Aldo Moro, chef de la démocratie-chrétienne. L’Italie l’accuse d’avoir fait partie du commando qui a abattu les gardes du corps du politicien.

Le Tessinois a déjà passé 11 ans en prison. Il avait été condamné en 1989 à Lugano à 17 ans de réclusion pour sa participation à un assassinat commis par les Brigades Rouges.

Gemma d’Urso, Lugano

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