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L’UDC tire ses premières salves contre l’ONU

Le bâtiment de l'ONU à Genève. Keystone Archive

Le Conseil national a approuvé jeudi le rapport sur la politique extérieure du gouvernement. A l'occasion du débat précédant le vote, l'UDC a critiqué l'objectif du Conseil fédéral d'adhérer à l'ONU, lançant ainsi la campagne sur cette question qui sera tranchée par le peuple l'année prochaine.

Le Conseil national n’a pas fait preuve de la même timidité que le Conseil des Etats. Qui s’était contenté, en mars dernier, de prendre acte du rapport sur la politique extérieure.

Par 98 voix pour et 40 contre, la chambre haute du parlement a donc résolument suivi la ligne gouvernementale et ses deux principaux objectifs de politique étrangère. A savoir, l’adhésion à court terme aux Nations Unies et l’entrée à moyen terme dans l’Union européenne (UE).

«La politique d’abstention doit faire place à une politique de participation», a lancé, lors des débats, le libéral vaudois Claude Ruey.

Mais ce signe d’ouverture n’a pas empêché le parti de Christoph Blocher de tirer quelques salves contre ces choix stratégiques. Les députés blochériens ont ainsi donné un avant-goût de la campagne que l’UDC compte mener contre l’adhésion de la Suisse à l’ONU.

L’UDC zurichois Ulrich Schlüer a fustigé l’impuissance des Nations Unies au Proche-Orient, dans les Balkans ou en Tchétchénie. Selon le parlementaire du Parti du Peuple Suisse (l’appellation alémanique de l’UDC), l’ONU est, ni plus ni moins, à la solde des Etats-Unis.

Son collègue Christoph Mörgeli, lui, a affirmé que la Suisse était trop petite pour pouvoir défendre ses intérêts au sein d’organisations telles que l’ONU, l’OTAN ou encore l’UE.

C’est donc, une fois de plus, la neutralité qui constituera la pierre angulaire de la future campagne de l’UDC et de ses troupes de choc réunies au sein de l’ASIN.

«Si la Suisse neutre n’existait pas, il faudrait l’inventer», lance Hans Fehr, directeur de l’ASIN. Et de préciser que c’est l’ONU politique et son Conseil de sécurité que lui et son mouvement entendent combattre.

«La voie helvétique, qui a eu beaucoup de succès par le passé, est ce que nous avons de meilleur à offrir au monde», poursuit le député UDC. Et de préciser qu’une neutralité stricte est indispensable pour fournir une aide humanitaire efficace et mener une politique crédible de bons offices.

Un argument qui se trouve à l’excat opposé de celui défendu par le Conseil fédéral. Pour le gouvernement, le ministre Joseph Deiss l’a rappelé lors des débats, l’adhésion à l’ONU est en effet justement l’un des instruments qui permettrait à la Suisse de mener sa politique en faveur de la paix.

Hans Fehr estime au contraire que le Conseil fédéral a déjà fait fausse route en appliquant, par exemple, les sanctions intrenationales contre le régime de l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic.

Mais le député zurichois craint également l’évolution future des Nations unie, en particulier les recommandations contenues dans le rapport Brahimi présenté en septembre dernier devant l’assemblée générale de l’ONU.

Rédigé notamment par l’ancien président du CICR Cornelio Sommaruga, ce rapport analyse 10 ans d’intervention des casques bleus. Il plaide, en l’occurrence, pour l’envoi de troupes mieux équipées et plus nombreuses dans le cadre d’opérations de maintien ou d’imposition de la paix.

Une perspective qui, on s’en doute, effraye Hans Fehr.

Le directeur de l’ASIN apprécie, en revanche, nettement plus la partie critique du rapport. Elle fournit en effet à ses troupes une série d’arguments qui ne manqueront pas d’être resservi durant la campagne.

Sans entrer dans les détails de cette campagne, Hans Fehr précise tout de même que son souhait est de constituer un comité qui dépasse les cercles de l’UDC et de l’ASIN. Il espère ainsi convaincre une partie de la droite de rejoindre son camp.

Frédéric Burnand

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