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La 5ème Suisse montre sa force politique

Les travées de la Chambre basse du Parlement étaient tout indiquées pour parler politique... Keystone

Le Conseil des Suisses de l'étranger a tenu sa séance de printemps samedi à Berne. L'occasion de montrer que les expatriés sont une force politique qui compte.

Avec plus de 100’000 inscrits sur les registres électoraux, la Cinquième Suisse vise désormais à mieux se faire entendre sur la scène politique.

La séance a eu lieu à la Chambre basse du Parlement. L’endroit idéal pour aborder le thème de la journée: «Participation politique des Suisses de l’étranger».

Depuis 1992, le nombre d’expatriés inscrits sur les registres électoraux n’a cessé d’augmenter, jusqu’à dépasser les 100’000 l’an dernier. Dans le système politique suisse, ce chiffre est symbolique, car c’est le nombre de citoyens nécessaire pour lancer une initiative populaire.

Cela représente aussi un nombre appréciable de citoyens. «100’000, c’est 25’000 de plus que le corps électoral de mon canton de Schaffhouse», reconnaît le président du Parti socialiste Hans-Jörg Fehr.

Trois caractéristiques

Les expatriés ne forment pas un bloc homogène. «Il n’existe pas un parti politique qui correspondrait à tous les Suisses de l’étranger», remarque le politologue Claude Longchamp, directeur de l’Institut gfs.bern.

Et preuve que ces plus de 100’000 voix peuvent profiter à tous, des représentants des quatre partis gouvernementaux ont assisté à la séance pour présenter leur programme et pour écouter les expatriés.

«Ce qui m’a impressionné, c’est le message très fort et très clair des responsables des partis. Ils veulent connaître l’avis des Suisses de l’étranger, les voir participer, entendre leurs arguments et prendre en compte leurs expériences particulières», se réjouit le directeur de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) Rudolf Wyder.

Mais s’ils veulent attirer les Suisses de l’étranger, les partis devront veiller aux préoccupations propres aux expatriés.

«Les Suisses de l’étranger se distinguent par trois caractéristiques, souligne Claude Longchamp. Ils sont plus ouverts à l’Union européenne, ont moins peur des réformes visant une économie plus compétitive et se montrent plus solidaires.»

Vivement le vote électronique

Le poids politique de plus de 100’000 expatriés ne doit cependant pas être surestimé. «A de rares exceptions, leur vote ne fait pas pencher la balance dans un scrutin. Le vote des femmes en Suisse s’avère plus déterminant que celui des Suisses de l’étranger», tempère Claude Longchamp.

Pour l’OSE, il faut donc renforcer encore le poids politique des expatriés en augmentant le nombre d’inscrits sur les registres électoraux. Le moyen d’y parvenir passe par l’introduction de l’e-voting au niveau fédéral.

«Le vote électronique est notre prochain argument choc pour mobiliser les Suisses de l’étranger, déclare Rudolf Wyder. Les expatriés auront ainsi vraiment le moyen technique de participer aux discussions et aux décisions.»

Parmi les moyens électroniques destinés à faire participer les expatriés au débat politique, on trouve swissinfo, la plate-forme d’informations multimédia destinée aux Suisses de l’étranger. swissinfo contribue à l’information politique et au débat au travers notamment de ses dossiers consacrés aux votations fédérales et de son futur forum politique en ligne.

Plusieurs membres du Conseil des Suisses de l’étranger ont d’ailleurs rappelé samedi l’importance de ce média actuellement menacé par les coupes budgétaires au sein de SRG SSR idée suisse.

Difficile d’être élu

Au vu de la participation de plus en plus active des expatriés à la vie politique, le prochain pas logique serait l’accession d’un ou de plusieurs d’entre eux au Parlement. Mais c’est encore mission quasi impossible.

Présidente de l’intergroupe parlementaire des Suisses de l’étranger, Thérèse Meyer-Kaelin rappele qu’il est très difficile pour un expatrié de se faire élire. Bien qu’habitant à l’étranger, il doit en effet se porter candidat sur une liste en Suisse. Peu connu, il n’a guère de chance d’être élu.

L’élection d’expatriés passe presque obligatoirement par l’instauration d’une circonscription spéciale pour les Suisses de l’étranger. Mais il s’agit encore de musique d’avenir.

«L’essentiel, ce n’est pas d’avoir un siège qui serait relativement isolé, mais d’avoir des amis au Parlement, conclut Rudolf Wyder. Dans ce domaine, nous avons fait des progrès notables avec notamment la création d’un intergroupe parlementaire qui réunit un tiers d’élus qui s’intéressent aux problèmes spécifiques des Suisses de l’étranger. C’est un bel exploit!»

swissinfo, Olivier Pauchard

– Le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) est l’organe suprême de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

– Sa principale mission est de défendre les intérêts de tous les Suisses expatriés par rapport aux autorités et à l’opinion publique en Suisse.

– Le CSE se réunit deux fois par an (dont un fois en même temps que le Congrès annuel des Suisses de l’étranger), afin d’examiner des questions politiques qui touchent la Cinquième Suisse.

– Cet organe est actuellement composé de 148 délégués dont une partie résident en Suisse.

A fin 2005, on dénombrait 634’216 Suisses établis à l’étranger, soit 11’159 de plus que l’année précédente
395’397 Suisses vivent en Europe
18’017 en Afrique
163’122 en Amérique
30’451 en Asie
27’229 en Océanie

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