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La 5e Suisse très remontée contre les banques

Pour les Suisses de l'étranger, il n'est pas toujours sûr que la machine continuera à cracher des billets. Keystone

Les problèmes fiscaux entre la Suisse et certains pays commencent à sérieusement poser problème aux Suisses de l’étranger qui se sentent «discriminés» par les banques. Réunis samedi à Berne, leurs représentants ont adopté une résolution pour protester.

Les problèmes rencontrés par les expatriés avec les banques suisses représentent le sujet qui les préoccupe le plus, comme le montre le grand nombre de réactions sur SwissCommunity, la plateforme d’échange de la Cinquième Suisse.

Et les réactions de colère et d’indignation n’ont pas manqué non plus samedi à l’Hôtel de Ville de Berne où était rassemblé le Conseil des Suisses de l’étranger, le «parlement» de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

«On nous présente souvent comme des ambassadeurs de la Suisse à l’étranger, mais dès qu’un problème concret se présente, on nous discrimine», a estimé un représentant. «Il ne faut plus parler de banquiers, mais de ‘bangsters’, ce qui est une contraction de banquiers et de gangsters», s’est emporté un autre.

Le nœud du problème, c’est que les expatriés de certains pays avec lesquels la Suisse est en délicatesse fiscale – en premier lieu les Etats-Unis – se voient désormais appliquer une politique restrictive de la part des banques suisses. Cela peut aller du refus d’une carte de crédit à l’interdiction d’utiliser les services bancaires en ligne, en passant par la fermeture pure et simple d’un compte.

Autre problème: les frais de gestions qui sont appliqués. «Ils sont particulièrement élevés, jusqu’à 50 ou 60 francs par mois pour un simple compte épargne», a dénoncé un représentant.

Résolution

L’OSE a déjà réagi à ces pratiques. Mais sans grand effet pour le moment. Concernant les frais, l’organisation s’est adressée à la Surveillance des prix. Mais la réponse se fait encore attendre.

Le gouvernement se borne pour sa part à indiquer qu’il ne peut rien faire. En effet, les banques sont des entreprises privées et il n’existe pas de bases légales régissant leurs relations avec leur clientèle.

Pour faire bouger les choses, le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution. «Celle-ci doit exercer une pression sur les banques et, par ricochet, sur les autorités. Il est monstrueux de la part du gouvernement de dire qu’il manque d’instruments», a expliqué le vice-président de l’OSE Remo Gysin.

«Le Conseil des Suisses de l’étranger en appelle aux banques et aux autorités afin qu’elles proposent des solutions permettant à nos concitoyens de l’étranger qui sont en règle avec les autorités fiscales de maintenir des relations bancaires en Suisse à des conditions raisonnables», exige notamment le texte.

Pomme de discorde

La réunion de samedi a montré une nouvelle fois que la restructuration du réseau consulaire restait une pomme de discorde entre les expatriés et les autorités.

Certes, les mots sont feutrés et prononcés entre gens de bonne compagnie, mais une petite anecdote donne le ton. Invitant l’ambassadeur Gerhard Brügger, chef de la Direction consulaire du ministère des Affaires étrangères, à s’exprimer sur les progrès de la restructuration, le président de l’OSE Jacques-Simon Eggly a déclaré: «Nous ne vous écoutons pas avec une confiance particulière, mais avec estime».

Devant l’assemblée, l’ambassadeur a défendu les avantages de la restructuration. «La helpline que nous avons mise en place reçoit 2500 appels par mois et 95% des cas sont résolus du premier coup. Par ailleurs, le consulat mobile a été testé avec succès la semaine dernière en Hongrie.»

Dans la salle, plusieurs délégués ont affiché leur mécontentement face à la réorganisation. «Le problème est que beaucoup de nos concitoyens sont âgés et n’ont même pas les moyens de se rendre à Vienne», a protesté le représentant de Hongrie. Les Suisses du Paraguay ont par ailleurs récemment lancé une pétition contre le recentrage des activités consulaires à Buenos Aires.

«Nous ne ferons pas marche arrière», a indiqué l’ambassadeur pendant son allocution. «Il faudra un retour en arrière», a rétorqué le directeur de l’OSE Rudolf Wyder quelques minutes plus tard, sous les applaudissements.

Bref, le dossier est loin d’être clos… L’ambassadeur a toutefois pu mettre un peu de baume sur le cœur des expatriés en leur annonçant que la Revue Suisse, dont le nombre de numéros avait été ramené à quatre pour des raisons d’économies, sera à nouveau tirée à six éditions annuelles.

Pétition sur le vote électronique

Il ne saurait y avoir de réunion de l’OSE sans un mot sur l’état d’avancement du vote électronique, un dossier qui tient particulièrement à cœur de la 5e Suisse. Et la réunion de Berne n’a pas fait exception.

L’OSE entend faire avancer le dossier au moyen d’une pétition dont les signatures sont en cours de récolte. «Ce n’est pas l’objectif qui est nouveau, mais le moyen. L’impulsion a été donnée par le succès dans l’application de la procédure de vote électronique lors des élections fédérales. Le Comité en a tiré la conclusion qu’une nouvelle impulsion plus forte était désormais nécessaire pour accélérer l’introduction du vote électronique», a expliqué Jacques-Simon Eggly.

Et de préciser: «Il ne s’agit pas de demander un privilège pour les Suisses de l’étranger. Ceux-ci sont tout simplement le groupe pionnier. Ce sont tous les citoyens qui profiteront de ce canal supplémentaire pour voter.»

Le Conseil des Suisses de l’étranger a élu un nouveau membre du Comité de l’organisation.

Il s’agit du St-Gallois Roland Rino Büchel, député de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) sous au Parlement fédéral.

Il a précédemment beaucoup œuvré au niveau international, notamment pour avoir travaillé dans plusieurs ambassades et consulats et pour avoir été responsable de projets dans plusieurs pays.

Elu lors des élections fédérales d’octobre dernier, Roland Rino Büchel est membre de l’Intergroupe parlementaire Suisses de l’étranger.

Le gouvernement prépare une révision de la Loi fédérale sur l’instruction des jeunes Suisses de l’étranger. Elle est la base sur laquelle se fonde le soutien aux écoles suisses à l’étranger reconnues et d’autres projets de formation à l’étranger.

Une procédure de consultation sera ouverte prochainement.

Concernée au premier chef, l’OSE participera bien entendu à cette procédure pour donner son avis sur ce projet de révision. Elle plaidera en faveur d’un engagement fort de la Confédération dans ce domaine.

En accord avec ses objectifs de législature, l’OSE se prononcera aussi en faveur d’un développement du réseau des écoles suisses dans les pays émergents qui n’en comptent pas encore (Chine, Inde, Vietnam, Indonésie).

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