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La bataille contre le cancer du sein continue

LSC/Peter Schneider

Pour la quatrième année consécutive, la Ligue suisse contre le cancer lance sa campagne nationale intitulée: «Mois du cancer du sein».

Avec près de 1500 décès par an, c’est la cause de mortalité par cancer la plus fréquente chez les femmes en Suisse.

En Suisse, une femme sur dix est touchée chaque année par le cancer du sein. Et dans le monde, on dénombre annuellement un million de femmes.

Ces chiffres alarmants sont à l’origine des campagnes de sensibilisation menées par la Ligue suisse contre le cancer (LSC). Cet engagement s’appuie également sur des actions entreprises (mammographies) dans les pays européens dans les années 80 déjà.

Au départ, explique Claire Tiberghien, ces campagnes avaient pour objectif de créer une solidarité avec les femmes touchées et faire tomber les tabous.

Cette année, indique la chargée d’information de la LSC, il s’agit de continuer à informer la population en matière de prévention et de dépistage ainsi que sur les conséquences psychosociales de la maladie.

Il s’agit aussi de poursuivre la coordination entre les différents partenaires – médecins, malades, familles etc.. Une collaboration qui fonctionne particulièrement bien dans le canton de Genève dont le slogan 2003 est «Agir ensemble».

Parmi les actions de la nouvelle campagne, un bus de couleur rose se rendra dans 19 villes de Suisse.

Près de 4000 nouveaux cas

Chaque année, quelque 4000 nouveaux cas sont enregistrés en Suisse. Et 1500 personnes environ en meurent.

Ces chiffres ne sont que des estimations. Car le cancer n’est pas une maladie soumise à déclaration. Il existe toutefois neuf registres de tumeurs (BS/BL, GE, GR/GL, NE, SG/AR/AI, TI, VS, VD et ZH). Ils recouvrent environ la moitié de la population helvétique.

La Ligue suisse contre le cancer souhaite, d’ailleurs, que des registres soient instaurés dans tout le pays.

En fait, ces dernières années, on assiste à une augmentation des cas. Ceci est, en partie, une conséquence du développement du dépistage. Un point positif dans la bataille menée contre ce type de cancer.

Car un dépistage précoce accroît les chances de guérison. De fait, on constate un léger recul de la mortalité.

A Genève, par exemple, 450 nouveaux cancers du sein sont détectés chaque année. C’est l’un des taux les plus élevés de Suisse et d’Europe. Mais pour l’heure, ce phénomène n’a pas d’explication.

Des réticences en Suisse alémanique

Il y a eu, et il y aura encore sans doute, des polémiques sur l’efficacité de la mammographie comme moyen de dépistage de la maladie.

La LSC, elle, est persuadée que c’est la méthode adéquate. Et pour elle l’idéal serait un programme national. Or celui-ci n’arrive pas à être instauré, à cause de très fortes réticences en Suisse alémanique.

Celles-ci sont assez difficiles à expliquer, admet Claire Tiberghien. Elle pense que les raisons sont plutôt culturelles. Apparemment, le fait de recevoir une convocation pour un examen médical ne passerait pas.

De plus, les pays voisins que sont l’Allemagne et l’Autriche étaient contre la mammographie. Une tendance qui est d’ailleurs en train de s’inverser, ce qui devrait avoir une influence en Suisse alémanique, d’ici un à deux ans, espère-t-elle.

C’est pourquoi on trouve des programmes de dépistage dans les cantons de Vaud, de Genève et du Valais. Et ceux de Fribourg, Neuchâtel et du Jura sont en train d’en mettre en place.

Ces programmes reçoivent un écho favorable. C’est ainsi qu’en Valais, indique le Dr Claude Jemelin, au cours des deux premières années – 1999 et 2000 – il y a eu 48% de participantes sur une population concernée de 32’000 femmes. Et la progression se poursuit.

Dans le canton de Vaud, le programme a démarré un peu plus lentement. Mais actuellement, le taux s’élève à 45% pour une population concernée de 75’000 personnes.

Groupe cible

Il faut relever que la mammographie est efficace sur les femmes dès 50 ans.

Le monde scientifique n’est pas encore d’accord sur les raisons de l’inefficacité de cet examen sur les femmes moins âgées.

Selon le docteur Jean-Pierre De Landtsheer, l’explication la plus probable est que chez une femme pas encore ménopausée le sein est moins «transparent».

La glande mammaire est encore en effet bien développée ce qui rend la tâche du radiologue plus difficile, précise le responsable du programme vaudois.

C’est pourquoi les programmes existant s’adressent aux femmes entre 50 et 70 ans.

Garanties supplémentaires

Cet examen, lorsqu’il est pratiqué dans le cadre d’un programme, présente plus de garanties que lorsqu’il est fait lors d’une visite de routine chez son gynécologue.

Par exemple, chaque cliché est interprété par deux radiologues, voire trois en cas de divergence.

De plus, la mammographie, pratiquée tous les deux ans, est remboursée par l’assurance maladie à 90%. Cette prestation est limitée au 31 décembre 2007. Ce sont des évaluations qui décideront de la poursuite ou non du remboursement.

Le Dr De Landtsheer tient cependant à préciser «qu’un programme de dépistage n’a pas la prétention d’identifier tous les cancers du sein. Il ne peut pas, il n’est pas capable de faire cela. On n’est pas dans un monde parfait.»

«Finalement, le but, explique-t-il, est de trouver comment réduire au maximum l’ampleur de ce problème de santé publique.»

swissinfo, Chantal Nicolet

Selon des estimations:
Il y a 4000 nouveaux cas chaque année en Suisse.
1500 sont mortels.
Au cours des cinq dernières années, 15’000 à 18’000 femmes en Suisse ont eu un diagnostic de cancer du sein.
Dans le monde, un million de femmes, par an, sont concernées.

– C’est aux Etats-Unis que le mois d’octobre a été décrété «National breast cancer Awareness month».

– La campagne avait débuté en octobre 1985, durant une semaine.

– En Suisse, la première action nationale «Mois du sein» a été lancée en 2000.

– En octobre 1993, les districts vaudois d’Aigle, Morges et d’Aubonne introduisaient un programme pilote de dépistage systématique par mammographie. Le programme a pris fin en mars 1999.

– Cette même année, le programme régional vaudois passait au niveau cantonal. Et les cantons de Genève et du Valais en créaient chacun un.

– Les cantons de Fribourg, Neuchâtel et du Jura sont en train de mettre en place de tels programmes.

– Pour l’instant, il n’y a rien en Suisse alémanique.

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