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La bataille pour la succession est lancée

Une grande partie de la classe politique salue le travail fourni par Ruth Dreifuss. Sa collégialité et sa maîtrise des dossiers sont lsaluées.

La question de la succession se pose clairement. L’UDC se déclare prête, mais ses chances sont nulles.

Une majorité des politiciens rencontrés dans la Salle des pas perdus du Conseil national tenait lundi à saluer le travail de la ministre démissionnaire. Le Parti démocrate chrétien (PDC) parle ainsi d’une ministre «engagée et tenace».

Pour Thérèse Meyer (PDC/FR), Ruth Dreifuss s’était montrée incisive à ses débuts, mais s’est rapidement faite à la collégialité. «Elle connaissait excessivement bien ses dossiers», ajoute la conseillère nationale.

Même concert de louanges du côté du Parti radical (PRD). C’est ainsi que le conseiller national Claude Frey parle même de la stature d’«homme d’Etat» de Ruth Dreifuss.

Voix discordantes

Ruth Dreifuss ne sera toutefois pas regrettée par tout le monde. Ainsi, du côté de la droite et de la gauche dures, son bilan n’est pas considéré comme très positif.

«Représentante sans réserve de la gauche politique, elle a poussé l’étatisation de la santé publique et l’extension incontrôlée des œuvres sociales. Sa démission donne l’occasion de mettre fin à cette politique ruineuse», note ainsi l’Union démocratique du centre (UDC).

Plus surprenant, les critiques viennent aussi de la gauche. «On avait mis beaucoup d’espoirs en Ruth Dreifuss lors de son élection, mais j’ai été très déçu de sa prestation au Conseil fédéral», déclare Jean Spielmann. Pour le conseiller national popiste, la ministre n’a pas vraiment mené une politique de gauche.

Cette critique est repoussée par les socialistes. «Elle a mené la politique la plus à gauche possible dans les conditions où elle se mouvait», relève le conseiller national Didier Berberat (PS/NE).

L’UDC sur les rangs

Mais Ruth Dreifuss appartient déjà presque au passé. La question qui est désormais importante est de savoir qui va lui succéder.

L’UDC s’est déclarée prête à «assumer la succession». Son nombre d’élus sous la Coupole autorise le parti à revendiquer un second siège au gouvernement. «C’est notre rôle et notre devoir de le revendiquer», note le conseiller national André Bugnon (UDC/VD).

Mais l’UDC ne se trompe-t-elle pas de cible? Il semblerait en effet plus logique prendre un siège à un PDC qui représente moins d’électeurs que le Parti socialiste.

André Bugnon ne le croit pas. «C’est de la logique politique de ne pas attaquer le reste du centre-droit. Notre adversaire, c’est la gauche», explique-t-il.

Un coup médiatique

Quoi qu’il en soit, la candidature de l’UDC semble d’ores et déjà condamnée. Tant les radicaux que les démocrates-chrétiens n’ont pas l’intension de lâcher les socialistes.

«La candidature de l’UDC n’entre pas en ligne de compte, déclare Thérèse Meyer. Les socialistes ont droit à un second siège.» Même discours du côté de la conseillère nationale Madeleine Bernasconi (PRD/GE) pour qui «les deux socialistes ont leur place au gouvernement.»

L’éviction d’un socialiste du Conseil fédéral au profit d’un démocrate du centre remettrait totalement en cause le système collégial suisse. «Or, il s’agit d’un bouleversement qui est impensable à un an seulement des prochaines élections fédérales», note pour sa part Claude Frey (PRD/NE).

Vu ces réactions, l’UDC fait-elle preuve de naïveté en réclamant un second siège? Les membres des autres partis gouvernementaux ne le croient pas. «L’UDC fait une démonstration pour l’avenir», estime Claude Frey.

Une analyse qui est partagée par Didier Berberat. «Cette candidature n’est que de la poudre aux yeux. L’UDC ne sera pas suivie par le reste de la droite. Il s’agit donc d’une candidature de combat qui permettra à ce parti de se poser en martyre lors des élections de 2003», conclut le socialiste neuchâtelois.

swissinfo/Olivier Pauchard au Palais fédéral

Les politiciens, tous partis confondus, n’ont pas encore défini le profil du candidat idéal à la succession. Il est encore trop tôt pour le dire. La plupart des personnes interrogées sont favorables à une candidature féminine. Mais ce critère ne semble pas encore déterminant.

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