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La Confédération veut sortir de Swisscom

Le gouvernement possède deux tiers du capital de Swisscom. Keystone

La Confédération projette de céder sa participation majoritaire dans Swisscom. Le plus gros opérateur de télécoms suisse pourrait être totalement privatisé.

La décision du gouvernement vise à donner davantage de souplesse au géant bleu pour qu’il puisse, entre autres, contracter plus facilement des alliances.

Le Conseil fédéral (gouvernement) a chargé le ministère des Finances (DFF) d’élaborer un projet de message visant à réviser la loi sur l’entreprise de télécommunications (LET).

Le gouvernement pense que «la Confédération n’est plus l’actionnaire adéquat pour Swisscom».

En effet, le contexte concurrentiel dans lequel évolue l’opérateur nécessite une capacité d’adaptation très rapide. Et surtout des prises de risque que la Confédération ne devrait pas assumer.

Selon le ministère des Finances et celui des Télécommunications, en privatisant l’opérateur Swisscom, le gouvernement suisse espère lui donner une plus grande marge de manœuvre pour se développer

Libéré de toute participation publique et par conséquent de la tutelle de l’Etat, le géant bleu pourrait, à moyen terme, contracter plus facilement des alliances.

Un long processus

Par ailleurs, en se désengageant de Swisscom, la Confédération ne cumulerait plus la double casquette d’actionnaire et de régulateur.

Un rôle ambigu puisque Swisscom fait l’objet d’enquêtes à répétition pour soupçon d’abus de position dominante de la part de la Commission de la concurrence (Comco).

Cela dit, pour devenir effective, la vente de la participation de la Confédération nécessite une modification de la législation. Le dossier devra donc passer devant le Parlement. Et la loi révisée sera soumise au référendum obligatoire.

D’après le chef du Département fédéral des finances, Hans-Rudolf Merz, un avant-projet de modification de la loi sur les télécommunications devrait être mis en consultation dès le début 2006.

17 milliards de francs

Pour mémoire, la Confédération possède encore une part de 66,1% dans le capital du leader helvétique des télécommunications. Quant à la valeur boursière de ses actions, elle représente actuellement plus de 17 milliards de francs.

Coté à la Bourse suisse depuis le 5 octobre 1998, Swisscom a connu des hauts et des bas au gré des fluctuations du marché.

Emis à 340 francs, le titre a grimpé jusqu’à 738,35 francs au printemps 2000, en pleine période d’euphorie dans le secteur des télécoms. Mais l’action a enregistré un plus bas de 340,30 francs un an plus tard durant la chute de la Bourse.

50% et une voix

Ces dernières semaines, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz a plaidé, à plusieurs reprises, en faveur de la vente de des actions détenues par la Confédération.

Dans un premier temps, un recul allant jusqu’à 50 % et une voix (possible dans le cadre législatif actuel) devrait rapporter quelque 4,5 milliards de francs à la Confédération.

Ce premier désengagement devrait débuter bientôt, en fonction des conditions du marché boursier.

Le grand argentier Hans-Rudolf Merz – qui a présenté jeudi matin la décision du gouvernement sans être accompagné du ministre en charge des télécommunications Moritz Leuenberger – prône une affectation de cette somme à la réduction de la dette fédérale.

Ces dernières semaines, le ministre des finances avait plaidé, à plusieurs reprises, en faveur de la vente des actions détenues par la Confédération.

Le leader du marché

Souvenez-vous, l’entreprise Swisscom a succédé en 1997 à Telecom PTT, qui s’était elle-même détachée en 1993 du secteur postal de la régie fédérale.

En vertu de la loi sur l’entreprise de télécommunications, Swisscom est alors devenue une société anonyme dont la Confédération détient la majorité des actions.

Dans ce cadre, l’opérateur doit donner à la population suisse la possibilité de satisfaire pleinement ses besoins de communication, à titre professionnel comme à titre privé.

Malgré l’arrivée de plusieurs opérateurs concurrents, Swisscom reste le leader du marché helvétique des télécommunications.

L’entreprise a annoncé un chiffre d’affaires de 7,2 milliards de francs pour les neuf premiers mois de 2005. Et le nombre de ses emplois à plein temps tourne autour de 15 300.

swissinfo et les agences

– Swisscom a perdu son monopole sur le marché suisse des télécoms il y a 8 ans.

– Depuis lors, le marché est partiellement ouvert avec plusieurs opérateurs pour la téléphonie fixe et mobile.

La Confédération possède 66,1 % du capital de Swisscom. Les autres actionnaires sont au nombre de 64’000. Douze d’entre eux détiennent plus de 100’000 actions.
En Allemagne, l’Etat détient 37% de Deutsche Telecom.
En France, la part étatique du capital de France Telecom est de 33%.
En Autriche, l’Etat détient 38% chez Telekom Austria.
En Italie, Telecom Italia est totalement privatisée depuis 2002.

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