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La famille suisse a un urgent besoin de soutien

Dix ans après l'Année internationale de la famille, le bilan est mitigé. swissinfo C Helmle

Aujourd’hui en Suisse, faire des enfants, c’est prendre le risque de la pauvreté. Surtout dans les villes.

La Commission fédérale pour les questions familiales évoque les carences qui doivent être comblées d’urgence en matière de congé maternité et d’allocations, entre autres.

Dix ans après la première Année internationale de la famille, le constat est pour le moins mitigé.

Ce chiffre d’abord: pas moins de 120’000 enfants grandissent au sein d’un foyer vivant sur la base d’un salaire inférieur au minimum vital, observe la Commission fédérale de coordination pour les questions familiales (COFF).

Dans les villes, un enfant sur dix dépend de l’aide sociale. Ce qui fait dire à la COFF que le système de compensation des charges familiales présente des lacunes qui doivent être comblées d’urgence.

Six revendications lancées

Mais revenons à 1994. A ce moment-là, une commission nationale ad hoc avait formulé six revendications. On y trouvait les thèmes de l’assurance maternité, l’uniformisation des allocations familiales, la conciliation entre famille et travail, la reconnaissance des prestations familiales.

Il était aussi question de la ratification de la Convention de l’ONU. Et la représentation des familles aux niveaux fédéral, cantonal et communal, qui a débouché sur la création de ladite COFF en 95.

Dix ans plus tard donc, la commission publie – par l’intermédiaire de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) – une brochure en forme de bilan.

Parmi les réussites, il faut citer la loi sur les aides financières à l’accueil extra-familial, l’introduction de bonifications pour tâches éducatives ou d’assistance dans la 10e révision de l’AVS, ou encore la suppression de certaines réserves à la Convention de l’ONU.

Quatre jalons posés

Mais le chemin est encore long. Pro Familia (organe faîtier des organisations familiales du pays) estime que le monde politique n’a pas encore répondu efficacement aux besoins des familles.

Pour sa part, la COFF pose quatre jalons. Et de plaider en premier lieu pour le projet de congé maternité soumis en votation fédérale le 26 septembre prochain (congé de 14 semaines financé par les allocations perte de gains).

Côté allocations familiales, elle se range derrière le contre-projet (200 voire 250 francs pour chaque enfant) que peaufine actuellement la commission compétente de la Chambre basse, en réponse à l’initiative populaire de Travail.Suisse (syndicats chrétiens).

Ce n’est pas tout. La COFF appuie également l’introduction à l’échelle fédérale de prestations complémentaires pour les familles en fonction du revenu.

Trois variantes élaborées par la commission de la sécurité sociale du Conseil national sont actuellement en consultation.

Harmoniser la vie familiale

Sans surprises, la COFF pointe aussi le doigt vers la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, dont elle revendique sans réserve la ratification par la Suisse.

Fin août, le conseiller fédéral Pascal Couchepin proposait une série de mesures en faveur des familles plutôt bien accueillies par le monde politique et les milieux concernés.

La COFF leur fait écho. La commission plaide pour que tout soit mis en œuvre pour permettre aux parents d’harmoniser vie familiale et professionnelle.

Les employeurs se montrent dorénavant plus réceptifs à cette préoccupation, estime la COFF. Il n’empêche: certaines conditions de base ne sont pas encore remplies.

Les exemples sont multiples: hommes et femmes ne reçoivent pas le même salaire pour un même travail, l’horaire de travail flexible n’est de loin pas garanti à tous les employés, les «périodes blocs» au niveau scolaire sont encore loin de devenir une évidence…

Dans sa brochure, la commission explore cinq pistes sur le chemin d’une politique familiale plus efficace. Entre autre recommandation, elle propose la récolte de données centrées sur la nature des liens intergénérationnels et le rôle des familles.

La COFF suggère aussi l’adoption de concepts «family friendly» ou la prise en compte des prestations des familles dans le calcul des cotisations pour la retraite.

swissinfo et les agences

En Suisse, quelque 120’000 enfants grandissent dans un foyer disposant d’un salaire inférieur au minimum vital.
En ville, un enfant sur dix dépend de l’aide sociale.
Un enfant “coûte” environ 1400 francs par mois.

– En Suisse, la politique familiale officielle est structurée sur les principes du fédéralisme et de la subsidiarité.

– La répartition des tâches entre la Confédération, les cantons, les communes et les organisations privées conduit à une forte dispersion des mesures individuelles.

– La Confédération n’a que peu de compétences en la matière (allocations familiales, protection de la maternité).

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