Des perspectives suisses en 10 langues

La lauréate du prix Latsis n’est pas prophète dans son pays

Lorenza Mondada enseigne la linguistique française à l'Université de Bâle et de Lyon. Fonds national de la recherche scientifique

Lorenza Mondada a dû quitter la Suisse afin de poursuivre ses travaux de recherches sur la linguistique et la formation du savoir.

Chaque année, sur mandat de la Fondation Latsis à Genève, le Conseil de la recherche du Fonds national suisse récompense un scientifique de haut vol.

Une fois n’est pas coutume, jeudi à Berne, c’est la linguiste Tessinoise, Lorenza Mondata, qui s’est vue attribué le prestigieux Prix Latsis.

Doté de 100’000 francs, ce prix récompense les recherches interdisciplinaires menées par cette linguiste polyglotte sur le rôle du langage dans la formation du savoir.

Reconnaissance internationale

Il faut dire que la reconnaissance internationale, cette scientifique de 37 ans l’a obtenue grâce à des études inédites.

En effet, alors que la linguistique étudie généralement la grammaire et la structure du langage, Lorenza Mondada, elle, se penche plus particulièrement sur les interactions entre les individus, l’objet de leur communication et le langage utilisé.

Ses recherches l’ont notamment conduite à tenter de décrypter l’organisation de la communication au sein de groupes de scientifiques multilingues (allemand, anglais, français).

Au travers de ces études, Lorenza Mondada a notamment cherché à savoir dans quelle mesure le fonctionnement et le mode de communication des équipes de scientifique influençaient leurs découvertes.

Soutien précaire en Suisse

Toutefois, malgré le caractère novateur de ses travaux sur la linguistique interactionnelle, Lorenza Mondada n’a pas trouvé en Suisse le soutien nécessaire à la poursuite de ses recherches.

Depuis septembre 2001, elle exerce donc en qualité de professeur à l’Université de Lyon. Jusque-là, elle avait dû se contenter d’un poste d’assistante à l’université de Bâle.

«Pour un linguiste spécialisé dans la recherche, la situation est assez précaire en Suisse, affirme Lorenza Mondada. Les jobs universitaires sont rares et nous dépendons la plupart du temps de bourses qu’il faut renouveler au fil des années».

Et la linguiste d’ajouter: «Nous sommes moins bien lotis que dans d’autres disciplines». Une affirmation contestée par Heidi Diggelmann.

«Il n’est pas juste de dire que les sciences humaines et sociales sont les parents pauvres de la recherche en Suisse», déclare la présidente du Conseil de la recherche du Fonds national suisse.

«Nous consacrons 20% de nos budgets à ces domaines, poursuit Heidi Diggelmann. Un pourcentage qui supporte la comparaison internationale et qui est même supérieur à l’investissement de certains d’autres pays européens».

L’an dernier, la Suisse a lancé son programme de pôles de recherches nationaux. Cette initiative de la Confédération vise à renforcer la place scientifique suisse. Elle permet notamment de financer des projets de recherche sur le long terme.

Pour l’heure, sur les 14 projets scientifiques subventionnés, un seul concerne les sciences humaines et sociales.

Vincent Landon – Vanda Janka

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