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La natation suisse a la tête sous l’eau

A l'image de Flori Lang, la natation suisse boit la tasse à Madrid. Keystone

Aux championnats d’Europe de Madrid, qui ont eu lieu cette semaine, les nageurs helvétiques se sont contentés des seconds rôles.

Il y a 18 ans, dans le même bassin, le Genevois Dano Halsall avait décroché l’argent lors du rendez-vous mondial.

Ils étaient quatre, comme les mousquetaires. Dans leur élément, Marie-Thérèse Armentero et ses comparses Etienne Dagon, Dano Halsall, et Stéphane Volery avaient porté haut les couleurs de la natation suisse. C’était dans les années 80.

Une génération que Dano Halsall, vice-champion du monde en 1986 sur 50 m libre, n’hésite pas à qualifier d’exception. «Une excellente émulation animait le groupe», se souvient-il. «Elle nous avait incité à repousser nos limites.»

Douze ans après avoir complètement tourné le dos aux bassins, le Genevois (41 ans) suit du coin de l’œil les pérégrinations de ses benjamins. A Madrid toujours.

De belles piscines, pas d’idoles

«La natation est un sport très exigeant et guère ludique» lance d’entrée de jeu celui qui est toujours dépositaire du record de Suisse du 50 m libre grand bassin. «Pour être compétitif, il faut compter cinq heures d’entraînement par jour, et même six à sept pour le demi-fond.»

Et de regretter. «L’actuel système du sport-études suisse n’est pas concurrentiel par rapport à celui mis en place aux Etats-Unis ou en Australie. Là-bas, les nageurs universitaires ne passent pas plus de dix heures par semaine sur les bancs d’école.»

Le colosse de Nyon (1m90, 95 kg) n’est donc pas surpris du retard pris par notre nouvelle génération de nageurs.

«En Suisse, les instances politiques privilégient le sport de masse. Il y a ainsi à peine une centaine d’athlètes, toutes disciplines confondues, susceptibles de décrocher une médaille», déplore Dano Halsall.

«Dans ces conditions, difficile de soulever les foules… Il est inutile d’avoir de belles piscines si le jeune ne peut s’identifier à une idole. Il n’y a qu’à voir les cas Alinghi ou Roger Federer.»

Une école de vie sans reconnaissance

Amer, le Genevois l’est. Son point de vue, dont il avait fait part aux conseillers fédéraux Adolf Ogi et Ruth Dreifuss, est resté lettre morte. «Le sportif d’élite suisse est quasi livré à lui-même, pendant et après sa carrière. Hormis en football et en tennis, les structures ne sont pas professionnelles.»

«Chaque année, des scandales, plus ou moins grands, secouent la scène helvétique. La fédération de ski est la dernière en date à avoir tremblé. Il y a trop de maillons faibles. Pour réussir, tout doit être parfait. Ernesto Bertarelli l’a bien compris et ne laisse rien au hasard.»

Et Dano Halsall de poursuivre son raisonnement. «Les grandes entreprises helvétiques ne s’investissent pas assez dans le sport. Pourtant, elles pourraient en tirer une plus-value intéressante à l’heure de la reconversion des athlètes.»

«Le sport est une véritable école de vie, générant des traits de caractère exploitables au lendemain d’une carrière sportive.»

La victoire est peut-être à ce prix.

swissinfo, Raphael Donzel

– A moins d’une centaine de jours des Jeux olympiques, la délégation suisse n’a toujours pas remporté la moindre médaille aux championnats d’Europe à Madrid.

– En l’absence de la Tessinoise Flavia Rigamonti, qui a déclaré forfait pour se concentrer sur les joutes quadriennales, les deux meilleures performances sont à mettre au crédit du Saint-Gallois Remo Lütolf, quatrième sur 50 m brasse (à 12 centièmes du podium) et du Vaudois Karel Novy, cinquième sur 100 m libre.

– Il y 18 ans, dans le centre M-86 à ciel ouvert de Madrid, Dano Halsall (2e) et Marie-Thérèse Armentero (3e) avaient offert les deux premières médailles à la Suisse. Dans l’intervalle, six autres sont encore tombées dans l’escarcelle, dont celle en or de Flavia Rigamonti à Helsinki en 2000.

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