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La peur des attentats touche encore les voyagistes

Des touristes sur le site de l'attentat de Bali en 2002. Keystone Archive

La branche touristique souffre encore de la peur née des attentats terroristes et de l’épidémie de pneumonie atypique.

Constat tiré par les professionnels réunis sur la Riviera vaudoise pour le TTW, la grande foire du voyage de Montreux.

En Allemagne, une étude récente a montré que 40% des gens tiennent aujourd’hui encore compte de la menace terroriste lorsqu’il s’agit de choisir une destination de voyage.

«Lorsque survient une nouvelle attaque terroriste, le public ne voit plus cela comme un événement singulier et exceptionnel», explique Guido Wiegand, directeur de Studiosus, un important tour opérateur germanique, qui a précisément conduit l’étude en question.

«Au contraire, pour les gens, tout nouvel attentat constitue la preuve que cela peut se reproduire n’importe quand et n’importe où dans le monde», poursuit Guido Wiegand.

Et le cas allemand n’est pas exceptionnel. Les Suisses ont eux aussi modifié leurs habitudes de voyage et tendent à partir moins loin de leur pays.

Une clientèle à rassurer

Le choc est rude pour l’industrie touristique, qui a dû apprendre à répondre aux craintes de la clientèle et à s’adapter à ses nouvelles demandes.

TUI Suisse, l’un des principaux tour opérateurs du pays, a ainsi vu ses ventes chuter de 25% en deux ans. En raison des nouvelles craintes, mais également de la morosité économique ambiante.

Comme l’explique Roland Schmid, cadre chez TUI, l’entreprise a développé une stratégie en trois points, avec laquelle elle compte retrouver les chiffres noirs dès l’année prochaine.

«Nous nous battons sur les prix, sur la qualité, mais également – et ceci est nouveau – sur l’information à la clientèle au sujet des questions de sécurité», précise Roland Schmid.

La sécurité, souci numéro un

En Suisse, la loi oblige de toute façon les agents de voyage à informer leurs clients sur l’état de la sécurité dans n’importe quel pays.

Mais comme l’explique Roland Schmid, TUI a franchi un pas supplémentaire en utilisant cette information comme un argument de vente. L’entreprise veut se positionner comme le tour opérateur à qui l’on peut faire confiance.

L’étude allemande déjà citée a montré en effet que la sécurité est désormais – depuis le 11 septembre 2001 – la préoccupation numéro un des voyageurs. Elle est même devenue plus importante que le rapport qualité-prix.

Comme le constate Norman Bandi, de Travel Inside, le Journal suisse du tourisme, les voyagistes ont réagi en recentrant leurs offres sur des destinations considérées comme sûres.

«Les grandes agences ont ainsi limité leurs offres au Proche-Orient à une ou deux destinations, comme Dubaï, où le risque est relativement minime», note Norman Bandi.

«Ils mettent également en avant de nouvelles destinations. Ainsi, on verra pour la première fois cet hiver des vols charters partant de Suisse pour le Brésil», ajoute Norman Bandi.

Une bonne manière de tenter de regagner la clientèle qui n’ose plus se rendre dans le monde arabe ou aux Etats-Unis.

La Turquie et l’Egypte ne font plus peur

En revanche, il est étonnant de constater que la Turquie et l’Egypte ont à nouveau la cote chez les vacanciers helvétiques.

Ainsi, la Turquie a grimpé l’année dernière du 14e au 9e rang des pays les plus visités par les Suisses.

«Ces deux pays ont réussi à faire passer le message qu’ils sont redevenus des destinations sûres, note Norman Bandi. Spécialement l’Egypte, après l’attaque terroriste de Louxor, qui avait coûté la vie à de nombreux touristes suisses.»

Norman Bandi constate en effet que le nombre de vols charter de la Suisse vers les stations balnéaires de la Mer Rouge sera en hausse cet hiver.

swissinfo, Dale Bechtel, Montreux

Le TTW, plus grande foire de son genre en Suisse, reçoit en deux jours plus de 6000 professionnels du voyage.
L’année dernière, 85% des Suisses ont passé au moins trois jours à l’étranger.
86% sont restés en Europe, tandis que 6% visitaient les Amériques, 4% l’Asie et le Pacifique et 3% les pays d’Afrique.

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