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La recherche spatiale continuera malgré tout

Plusieurs mois pourraient s'écouler avant qu'une navette ne vole à nouveau. spaceflight.nasa.gov

Pour Roger-Maurice Bonnet, le drame de la navette Columbia va obliger les puissances spatiales à collaborer davantage.

Ce scientifique sait de quoi il parle. Il vient d’être nommé à la tête de l’Institut international des sciences spatiales (ISSI) à Berne.

Fondé en 1995 par la volonté commune des agences spatiales européenne, japonaise, russe et américaine, l’ISSI fonctionne comme un centre de compétence où travaillent des spécialistes de plusieurs pays.

Leur mission: analyser les résultats d’expériences scientifiques internationales réalisées dans l’espace, que ce soit sur des missions habitées ou des satellites automatiques.

Nouvellement élu à sa tête, Roger-Maurice Bonnet a naturellement vécu avec émotion la désintégration de la navette américaine Columbia, survenue la semaine dernière au moment de sa rentrée dans l’atmosphère.

«Cet accident nous rappelle que les vols spatiaux sont très dangereux, commente le scientifique français. Et les astronautes, eux, le savent mieux que quiconque.»

L’aventure continue

«Mais ce drame ne signifie pas la fin des vols habités, poursuit Roger-Maurice Bonnet. Au contraire, ils vont reprendre de plus belle, même si l’on ne sait pas encore quand. Cela avait déjà été le cas après l’accident de Challenger en 1986.»

En attendant, les trois navettes américaines restantes sont clouées au sol pour un temps indéterminé. Or, Atlantis aurait dû rendre visite le 1er mars aux deux astronautes américains et au cosmonaute russe qui vivent depuis novembre à bord de la station spatiale internationale (ISS).

Mardi, un cargo automatique russe de type Progress s’est arrimé à la station pour la ravitailler en carburant, vivres et eau. Des réserves suffisantes pour tenir jusqu’au mois de juin, date de la visite du prochain vaisseau Progress.

De plus, les habitants de l’ISS disposent d’une capsule Soyouz qui leur permet de rentrer sur terre en tous temps en cas de besoin.

Collaboration indispensable

Ainsi, le drame de Columbia met-il en évidence la nécessité pour les puissances spatiales de coopérer entre elles. «Aujourd’hui, les Russes sont les seuls capables d’amener des hommes à bord de l’ISS et de les rapatrier sur terre», souligne Roger-Maurice Bonnet.

Par ailleurs, le scientifique français ne pense pas que les restrictions budgétaires imposées au programme spatial américains soient la cause directe de la catastrophe qui vient de se dérouler.

«Les Américains dépensent 15 milliards de dollars pour la conquête spatiale, rappelle Roger-Maurice Bonnet. C’est le plus gros budget jamais alloué à ce secteur. Cela montre une volonté politique de faire de l’espace une priorité.»

«Une volonté dont d’autres pays pourraient s’inspirer», conclut le nouveau directeur de l’ISSI.

swissinfo, Marc-André Miserez

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